Face aux défis croissants du changement climatique, EDF s'engage à évaluer, comprendre et agir pour minimiser les impacts environnementaux de ses installations. Grâce à une surveillance rigoureuse, des programmes de recherche innovants et des actions concrètes, le groupe travaille à préserver les ressources en eau et la biodiversité. Rencontre avec Karine Perche, cheffe adjointe du département Etudes de la Division de l’Ingénierie du Parc et de l’Environnement (DIPDE) - Direction Ingénierie et Supply Chain d'EDF.
Comment l'environnement autour des centrales nucléaires est-il surveillé ?
Depuis leur construction dans les années 1980-1990, les centrales nucléaires font l'objet d'une surveillance environnementale approfondie. Chaque année, environ 20 000 mesures sont effectuées sur chaque site, couvrant des paramètres physiques, chimiques, radiologiques et biologiques.
Ces données montrent clairement les effets du changement climatique :
- Augmentation de la température de l'eau des rivières françaises de +0,8°C par décennie depuis 1980.
- Diminution des débits d'environ 5% par décennie.
- Fréquence accrue des périodes d'étiage prolongées.
L'impact de l'augmentation de la température de l'eau sur les écosystèmes aquatiques est étudié depuis les années 1970.
Quel est le programme de recherche pluriannuel ?
En 2023, un programme de recherche pluriannuel a été coconstruit avec une soixantaine de chercheurs, axé sur quatre thèmes principaux :
- Trajectoires d'évolution des écosystèmes aquatiques des grands fleuves.
- Milieu marin, rejets thermiques et changement climatique.
- Compartiment microbien des rivières sous le changement climatique.
- Restauration thermique des cours d'eau et atténuation des effets du changement climatique
On a interviewé Karine Perche, cheffe adjointe du département Etudes de la DIPDE d'EDF sur le sujet.
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Pour vous permettre d'accéder à l'information, nous vous proposons de consulter la vidéo Interview de Karine Perche dans un nouvel onglet.
[Dans ce témoignage, Karine Perche, cheffe adjointe du département Etudes de DIPDE et directrice Ingénierie et Supply Chain à EDF, explique comment la R&D accompagne l’adaptation du parc nucléaire au changement climatique. Grâce à des programmes de recherche sur la ripisylve et l’analyse de données environnementales sur plusieurs décennies, EDF affine sa compréhension des impacts thermiques et écologiques, pour préserver l’eau et la biodiversité autour de ses centrales.]
Le parc nucléaire s’adapte au changement climatique
Question : Pouvez-vous citer une action de la R&D d’EDF sur les ressources en eau/biodiversité ?
Karine Perche : La R&D nous aide à explorer des actions, des solutions qui sont en rupture à ce qu’on a l’habitude de faire dans le domaine. La R&D a élaboré un programme de travail qui combine à la fois des actions de recherche, l’élaboration de méthodes opérationnelles de séquestration carbone et des zones d’études qui se situent à l’amont de la centrale nucléaire de Golfrech. L’objectif global de ce programme de recherche, c’est d’être en capacité d’évaluer, de quantifier les gains environnementaux qui pourraient être associés au développement de ripisylve le long des fleuves qui entourent nos installations industrielles.
Question : La R&D d’EDF a-t-elle des résultats sur le lien entre la thermie et l’hydrobiologie ?
Karine Perche : Ce programme de travail est particulièrement important pour nous parce qu’il nous a permis d’acquérir des données qui sont assez essentielles et en particulier en analysant les chroniques des données de surveillance environnementale qui ont été acquises au droit de nos sites nucléaires depuis maintenant une quarantaines d’années.
La R&D a montré que les espèces piscicoles à affinité pour les eaux froides étaient progressivement remplacées par des espèces méridionales thermophiles qui n’étaient absolument pas présentes sur ces stations auparavant.
Et la compréhension de ces changements globaux à l’échelle des bassins versants est très importante pour nous parce que cela nous permet de mettre en perspective les résultats de la surveillance environnementale que nous réalisons localement auprès de chacune de nos centrales nucléaires.
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Ce programme vise à comprendre et à prédire les conséquences du changement climatique sur les écosystèmes.
Quelles actions sont entreprises pour réduire les prélèvements et préserver la biodiversité ?
Face à la raréfaction de la ressource en eau, les actions pour réduire ses prélèvements et sa consommation d'eau sont intensifiées avec le Plan Eau DPNT, qui s'articule autour de quatre axes :
- Mieux comptabiliser les prélèvements et consommations d'eau douce.
- Réduire les prélèvements et consommations d'eau douce.
- Préserver la qualité de l'eau et diminuer l'impact thermique des réacteurs.
- Développer des procédés innovants avec l'appui de la R&D d'EDF.
Par exemple, le projet EPR2 Penly a intégré dès sa conception la limitation des prélèvements en eau douce, utilisant des sources d'approvisionnement diversifiées et non valorisées jusqu'à présent.
Comment la biodiversité est-elle préservée autour des installations nucléaires ?
Des actions volontaires sont menées pour préserver la biodiversité autour des centrales nucléaires. Chaque site a élaboré un plan d'action biodiversité en partenariat avec les acteurs locaux. Un exemple notable est la restauration de la zone humide de Malessart près de la centrale de Saint-Alban, visant à améliorer la résilience des écosystèmes face au changement climatique.
La démarche d'adaptation et de résilience, on essaie de la mener pas uniquement sur nos installations industrielles mais aussi autour parce qu'on est convaincu qu'on ne peut pas travailler la résilience de nos installations sans travailler celle du territoire.
Quel est le rôle de la R&D d'EDF dans la gestion des enjeux environnementaux ?
La R&D d'EDF explore des solutions innovantes et développe des méthodes pour capter le carbone. Par exemple, un programme a été lancé près de la centrale de Golfech, combinant recherche et développement de ripisylves le long des fleuves. Ce programme vise à évaluer les bénéfices environnementaux, notamment en réduisant le réchauffement des rivières grâce à l'ombrage des arbres. Les données de surveillance sur 40 ans montrent que les poissons d'eau froide sont remplacés par des espèces aimant la chaleur, ce qui souligne l'importance de comprendre ces changements pour adapter les stratégies de gestion.
Le programme de R&D est particulièrement important pour nous parce qu’il nous a permis d’acquérir des données qui sont assez essentielles et en particulier en analysant les chroniques des données de surveillance environnementale qui ont été acquises au droit de nos sites nucléaires depuis maintenant une quarantaine d’années.
