Le numérique ne cesse de gagner en puissance, porté notamment par l’essor de l’intelligence artificielle. Après une période de stabilité de sa consommation énergétique où son développement était contrebalancé par des gains technologiques, cette transformation s’accompagne aujourd’hui d’une augmentation des besoins énergétiques. Au carrefour de ces enjeux, le groupe EDF se mobilise pour anticiper les besoins des data centers et accompagner leur développement de façon durable et responsable. Ces infrastructures critiques, invisibles mais omniprésentes, sont devenues l’épine dorsale de notre quotidien. À EDF, les chercheurs de la R&D sont en première ligne pour apporter des réponses concrètes, à la croisée de la technologie, de l’énergie et de l’aménagement du territoire.

Entretien avec Stéphane Tanguy, Directeur des Systèmes et Technologies de l’Information de la R&D d’EDF et pilote d’un programme de recherche sur les technologies de l'information

Entretien

Mieux comprendre les data centers pour mieux innover

« Un data center, c’est un bâtiment conçu pour concentrer une très grande capacité de calcul », explique Stéphane Tanguy. « Des serveurs, des processeurs, du stockage, des réseaux… le tout dans des environnements ultra-sécurisés. »

Ces infrastructures stratégiques doivent fonctionner 24h/24, 7j/7, sans interruption, pour héberger des applications critiques – industrielles, commerciales ou liées aux services publics.

Leur bon fonctionnement repose sur deux piliers essentiels : une alimentation électrique continue, et des systèmes de refroidissement capables d’évacuer la chaleur produite par les équipements. Historiquement refroidis à l’air, les infrastructures les plus récentes utilisent désormais de l’eau circulante, capable de capter plus efficacement la chaleur dégagée par des processeurs de plus en plus denses. 
 

Des défis énergétiques majeurs, au cœur des priorités de la R&D

À mesure que le numérique monte en puissance, l’impact énergétique des data centers devient un sujet central. Les équipes de la R&D s’appuient notamment sur l’indicateur PUE (Power Usage Effectiveness) pour mesurer l’efficacité globale des centres de données.

« Il y a 10 ans, on visait un PUE entre 1,5 et 2. Aujourd’hui, les installations les plus performantes atteignent un ratio proche de 1 », souligne Stéphane Tanguy. Une amélioration qui repose sur des équipements plus efficients, mais aussi sur une optimisation fine des systèmes de refroidissement. EDF ajoute à cela un levier différenciant : un mix énergétique bas carbone, et la disponibilité de sites industriels déjà raccordés, permettant d’accélérer les délais l’implantation tout en limitant l’impact environnemental.

Vers des data centers plus gros, plus efficaces… et plus nombreux ?

L’essor des IA génératives accélère encore la demande. « Une requête ChatGPT peut consommer jusqu’à dix fois plus d’énergie qu’une recherche Google. Avec 100 millions d’utilisateurs en quelques mois, cela change tout », constate Stéphane Tanguy.

Pour répondre à ces nouveaux usages, les opérateurs misent sur des infrastructures de plus en plus puissantes. Une concentration des capacités s’opère, portée par les grands acteurs du cloud, les hyperscalers, qui déploient des clusters massifs et standardisés.

Cloud, souveraineté, proximité : la R&D éclaire les choix d’hébergement

Mais tous les modèles ne convergent pas vers l’hyperscale. De nombreuses entreprises privilégient des hébergements plus localisés, motivés par la proximité, la sécurité ou la souveraineté des données. Pour Stéphane Tanguy, tout dépend des besoins et des stratégies des entreprises : « Certaines visent la souplesse du cloud, d’autres la proximité, la souveraineté, ou encore des logiques économiques spécifiques. »

La R&D d’EDF analyse ces évolutions en profondeur, en intégrant des dimensions aussi variées que le temps de raccordement, l’efficacité énergétique, ou encore la protection des données sensibles. Un rôle de vigie technologique, mais aussi d’aide à la décision.

EDF, un acteur clé pour répondre aux besoins du numérique

Grâce à sa capacité de production, qui a permis d'exporter 90 TWh en 2024, à son mix énergétique bas carbone et à ses sites industriels déjà raccordés, EDF propose une réponse concrète aux besoins pressants des opérateurs du numérique.

La R&D et les autres directions exécutives du groupe EDF jouent un rôle déterminant dans cette dynamique en aidant à l’identification des sites stratégiques, des besoins en raccordement et les leviers d’efficacité énergétique, comme la récupération de chaleur.

« Le temps de raccordement est souvent le point bloquant pour les investisseurs. EDF propose un vrai gain de temps, avec ses sites « clés en main » adaptés aux data centers de forte puissance », souligne Stéphane Tanguy.

« Nos propres supercalculateurs, hébergés sur nos sites, nous donnent une expertise de terrain. Et nos chercheurs sont pleinement investis sur tous les sujets qui permettront d’imaginer les data centers de demain, durable et performant », conclut Stéphane Tanguy.

Imaginer… et accueillir les data centers de demain

Fort de cette expertise, EDF est passé à l’action et notamment par l’action du pôle Commerce Service et Territoires. Le 3 mars 2025, la direction de l’installation des grands sites de consommation, du Groupe a lancé deux appels à manifestation d’intérêt (AMI) pour l’accueil de centres de données de forte puissance, sur les sites de Montereau (Seine-et-Marne) et les sites de la Maxe et de Richemont (Moselle).

D’ici 2026, six sites au total seront proposés, pour accueillir une nouvelle génération de data centers.