Avec l’augmentation continue des flux numériques et la généralisation des usages intensifs en données, les data centers occupent une place stratégique dans les infrastructures modernes. Leur développement soulève des défis complexes : choix de l’implantation, raccordement au réseau, performance environnementale, intégration territoriale, et acceptabilité locale... Pour répondre à ces enjeux, la R&D d’EDF déploie une expertise transversale, mobilisant compétences techniques, territoriales et prospectives.

Caroline Bono, ingénieure chercheuse à la R&D d’EDF, nous partage les axes majeurs de recherche engagés pour accompagner l’implantation de ces infrastructures critiques sur le territoire

Entretien

Identifier les bons sites : un enjeu clé pour des projets viables

L’implantation d’un data center ne s’improvise pas. « Ces infrastructures hyperscale – au-delà de 100 mégawatts – nécessitent une puissance électrique disponible rapidement », explique Caroline Bono. L’un des principaux freins ? Le temps de raccordement. « Le time to market est très court. Le site doit être bien positionné par rapport au réseau pour être en capacité de se développer rapidement. »

Pour anticiper ces contraintes, la R&D d’EDF a développé des capacités permettant l’identification des terrains les plus pertinents en analysant de façon croisée les disponibilités foncières, la proximité des postes HTB, les capacités de raccordement et les critères environnementaux. Cette approche permet de cibler rapidement des zones réellement compatibles avec les attentes des opérateurs.

La R&D intervient comme tiers technique pour évaluer la faisabilité, analyser les contraintes d’accès, de coexistence des usages ou encore la topographie.

Réduction de l’empreinte, intégration circulaire et acceptabilité dans les territoires : la R&D au service d’un numérique responsable

L'intégration d'un data center dans un territoire prend plusieurs facettes et la R&D peut mobiliser des compétences aussi bien techniques que sociologiques pour être un appui au projet, indique Caroline Bono.

Les équipes de la R&D travaillent ainsi sur plusieurs axes :

  • le refroidissement, qui peut représenter jusqu’à 40 % de la consommation énergétique,
  • la valorisation de la chaleur fatale. Un exemple emblématique est la récupération de chaleur pour chauffer la piscine olympique construite pour les Jeux Olympiques™ et Paralympiques™ de Paris 2024™ – une première en France pour un équipement de cette ampleur,
  • et la réduction de la consommation d’eau, sujet critique dans certains territoires.

Autant de leviers pour concilier puissance de calcul et performance environnementale.

L’ambition ? Passer d’un modèle linéaire à une logique circulaire dans laquelle le data center est intégré dans son territoire.

Veille, benchmark, souveraineté : éclairer les décisions du Groupe

La R&D joue également un rôle de vigie stratégique, en menant une veille technologique et internationale. « On voit que tous les grands pays cherchent à attirer ces gros centres, car les enjeux sont critiques pour la souveraineté numérique », observe Caroline Bono.

Cette veille permet d’anticiper les évolutions : technologies de refroidissement, indicateurs environnementaux comme le PUE ou le WUE, consommation d’eau, nouveaux usages liés à l’IA... « Notre rôle, c’est aussi d’identifier ce qui est pertinent pour le contexte français, et de faire monter en compétence le Groupe sur ces sujets. »

La R&D d’EDF et les entités du Groupe catalyseur de solutions concrètes

De l’analyse initiale à l’optimisation énergétique, la R&D d’EDF apporte une expertise qui s’adapte aux besoins du projet. « Ce qui compte, c’est d’avoir les bonnes compétences au bon moment. Qu’il s’agisse de foncier, de raccordement, d’acceptabilité sociale ou de valorisation énergétique, nous avons à la R&D une capacité à mobiliser une diversité de savoirs. »

Un travail collectif, en lien avec les autres entités du Groupe, pour faire émerger des projets robustes, durables et stratégiques pour la France.