Le groupe EDF est engagé en faveur de l’environnement et de la biodiversité depuis des années. Afin de répondre aux enjeux de neutralité carbone et de préservation des ressources de la planète, la R&D d’EDF joue un rôle essentiel auprès des métiers du groupe EDF. Dans le cadre de la Fête de la Nature 2025 qui se déroule du 21 au 25 mai, nous rencontrons Bruno Carlotti - Délégué Programme Environnement à la R&D d’EDF pour un éclairage sur les principaux axes de recherche de la R&D d'EDF en matière de préservation de l’environnement et de la biodiversité.

Bruno, peux-tu nous en dire plus sur l’engagement de la R&D d’EDF en matière de préservation de l’environnement et de la biodiversité ?

La nature est indispensable aux activités d’EDF, notamment pour la production d’électricité : par exemple, l’eau et l’air refroidissent les centrales nucléaires et entraînent les turbines des barrages et des éoliennes.

Les activités d’EDF sont donc en interaction permanente avec l’environnement et EDF a placé sa préservation au cœur de sa raison d’être ; les métiers d’EDF notamment de la production nucléaire, thermique, hydraulique et renouvelable sont mobilisés pour maîtriser les éventuels impacts de leur activité.

C’est dans ce contexte que la R&D d’EDF leur apporte un appui scientifique et technique pour comprendre les pressions exercées sur l’environnement et maîtriser leur impact. Les milieux atmosphériques, aquatiques et terrestres sont par “nature” complexes et leur compréhension nécessite des compétences très spécifiques en termes de métrologie, de modélisation et de connaissance des écosystèmes.

La R&D d’EDF est engagée sur ces sujets depuis pratiquement sa création et ce sont près de 200 chercheurs qui contribuent à un programme de recherche de plus de 30 M€ annuels.

Ce programme est organisé autour de 4 grands axes :

  1. la maîtrise des impacts,
  2. la préservation des écosystèmes,
  3. la connaissance des milieux et
  4. l'adaptation au changement climatique.
Les 4 axes du programme Environnement de la R&D d'EDF - 200 personnes, 40 publications par an

Peux-tu nous en dire plus sur ces grands axes stratégiques ?

Axe 1 : maîtrise des impacts

Le premier consiste à appuyer les métiers dans la connaissance et la maîtrise de leurs impacts (négatifs ou positifs) sur l’environnement.

Il s’agit en premier lieu d’évaluer l’empreinte environnementale globale des activités au travers d’analyses de cycles de vie (ACV).

Nous avons réalisé par exemple l’ACV du parc nucléaire français qui a démontré qu’il n’émettait que 4g d’équivalent CO2 par kwh produit, ce qui le place au niveau des meilleures filières de production décarbonée d’électricité. Cette étude a été revue par un comité d’expert indépendant, rendue publique et reprise dans les données de référence de l’ADEME.

Il s’agit également de toujours mieux connaître les caractéristiques de nos effluents, leur devenir dans les milieux et leurs éventuels effets sur les écosystèmes. C’est par exemple l’analyse des effets des rejets thermiques sur les écosystèmes aquatiques. Un programme de recherche ambitieux a été lancé depuis plusieurs années sur cette question avec de nombreux acteurs académiques de référence. Ce programme, qui a fait l’objet d’une restitution publique, a montré que les effets des rejets thermiques étaient minimes aux abords de nos centrales, si on les compare aux effets du changement climatique.


Axe 2 : préservation des écosystèmes

Le deuxième axe concerne la préservation de la biodiversité. Cela passe tout d’abord par la nécessité de connaître les écosystèmes autour de nos sites pour mieux les protéger.

Pour cela, nous testons par exemple l’ADN environnemental qui permet, à partir d’un simple prélèvement d’eau, d’identifier la présence d’espèces présentes sans interaction directe.

Il s’agit également de développer des solutions innovantes de préservation, par exemple en testant des systèmes de répulseurs sonores ou attracteurs lumineux pour orienter la biodiversité dans des zones de faible influence.


Axe 3 : connaissance des milieux

Le troisième axe concerne la connaissance des milieux et leur représentation numérique pour étudier la dispersion de nos pressions dans l’environnement et les impacts des phénomènes méteo-climatiques sur nos ouvrages.

C’est par exemple le développement et la mise en œuvre d’OpenTelemac qui permet de modéliser les fleuves et les océans. C’est aujourd’hui un outil "OpenSource" reconnu internationalement qui permet d’étudier les inondations, le dimensionnement des ouvrages hydrauliques et la dispersion des effluents dans les milieux aquatiques.


Axe 4 : adaptation au changement climatique.

Enfin, le quatrième axe consiste à accompagner les exploitants dans l’adaptation des ouvrages au changement climatique.

Il s’agit tout d’abord de transformer les scenarios globaux du GIEC en données locales, directement exploitable au niveau des sites pour évaluer l’impact sur le fonctionnement des ouvrages.

Nous travaillons ensuite à proposer des solutions innovantes d’adaptation aux évolutions les plus probables. L’un des phénomènes d’attention est l’évolution de la quantité et la qualité de la ressource en eau. Nous développons des jumeaux numériques de bassin versant qui permettront de projeter la ressource en eau disponible pour nos ouvrages à court moyen et long termes en prenant en compte les effets du changement climatique y compris sur les usages.

Comment collaborez vous avec d'autres institutions scientifiques pour avancer dans ses recherches sur la biodiversité ?

De façon générale, les activités de recherche s’appuient sur des partenariats académiques forts pour garantir que les résultats soient au meilleur niveau de l’état de l’art international. Cette nécessité de travailler avec des partenaires est renforcée pour l’écologie qui est une compétence rare dans les entreprises et très diverses car nous devons considérer l’ensemble des espèces aquatiques et terrestres qui sont potentiellement en interaction avec nos ouvrages.

Nous travaillons en particulier en étroite collaboration avec l’INRAE (Institut National de la Recherche l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement) et le MNHN (Museum National d’Histoire Naturelle) avec qui nous avons des accords de partenariat au long cours.

Nous apportons nos données historiques recueillies dans le cadre de suivis environnementaux de nos sites et les partenaires leurs connaissances académiques des écosystèmes pour mener des programmes de recherche communs.

Nous venons de renouveler par exemple notre accord de partenariat avec l’INRAE pour une période de 5 années et dans le même temps notre équipe de recherche commune (HYNES) sur les écosystèmes aquatiques.

Comment les résultats de la R&D sont-ils mis en œuvre et valorisés par EDF ?

Pour une entreprise, la valeur de ses résultats de recherche est créée par leur mise en œuvre par les métiers de l’exploitation et les ingénieries d’EDF. C’est fondamental. Afin de veiller à ce que les travaux de recherche soient pilotés par la performance des métiers, ils sont organisés par “projets” dont les objectifs et le pilotage sont réalisés par des représentants des entités utilisatrices. Les orientations et objectifs des projets sont revus tous les ans en fonction de l’évolution du contexte et des résultats obtenus.

Au-delà de la contribution directe des résultats à la performance des métiers, la reconnaissance à l’externe par ses pairs ou les institutions académiques des compétences scientifiques et savoir-faire de la R&D d’EDF contribue à renforcer les échanges de l’entreprise avec ses parties prenantes.

Merci Bruno pour ce décryptage.