Face à la disparition des zones humides, les bassins de rétention ou bassins d'orage, y compris ceux présents sur les sites EDF sont des opportunités inattendues pour la reproduction des amphibiens, groupe d’espèces parmi les plus menacées au monde. C’est dans ce contexte que le groupe EDF missionnent sa R&D pour cartographier ces nouveaux habitats, améliorer le recensement et envisager des solutions conciliant préservation de ces espèces et exploitation technique des bassins.

Un enjeu de biodiversité majeur pour EDF

Avec 41 % des espèces mondiales menacées d'extinction, les amphibiens font partie des groupes d'animaux les plus vulnérables de la planète. Leur cycle de vie est biphasique, c’est-à-dire que lors de la période de reproduction, ils vivent en milieu aquatique et le reste du temps, dans un milieu terrestre. Cela les rend particulièrement sensibles aux modifications de leur environnement (agriculture intensive, urbanisation, pollution…). La destruction massive des zones humides, ces dernières décennies, les contraint à trouver des sites alternatifs pour se reproduire.

C'est dans ce contexte que la R&D d’EDF a lancé une étude pour comprendre comment les amphibiens colonisent les bassins d'orage et de rétention présents sur les sites industriels du Groupe.


Crapaud épineux © Antonin CONAN - R&D d'EDF


Grenouille verte © Antonin CONAN - R&D d'EDF

Quel est le rôle des bassins d'orage

Les bassins d’orage assurent une fonction de sûreté et ont été créés pour récupérer et stocker l'eau de ruissellement. Ils constituent une zone tampon et ont pour fonction de réguler les volumes excédentaires en cas de fortes précipitations et de protéger l'environnement d'éventuelles pollutions.


Bassin de rétention de Blénod © Nicolas Gillet - CPE Blénod


Bassin de rétention de Dirinon © Antonin CONAN - R&D d'EDF

Un recensement à l'échelle du patrimoine EDF

Dans un premier temps, en 2024, les chercheurs de la R&D ont réalisé un premier état des lieux sur 62 sites EDF (41 sites thermiques classiques et 21 sites nucléaires), identifiant 71 bassins de rétention sur 31 d'entre eux.

Chaque bassin est alors caractérisé selon des critères paysagers (surface de forêt environnante, présence d'autres plans d'eau à proximité) et des variables de conception (surface, pente des berges, type de substrat : bâches, béton ou végétalisé).

L'étude révèle que les bassins d'orage du foncier EDF sont largement colonisés par les amphibiens. Deux facteurs favorisent cette colonisation :

  • la proximité de zones forestières ;
  • la présence d'autres plans d'eau à proximité.

L’étude permet également d'identifier les bassins à fort potentiel écologique, colonisés par les amphibiens et ainsi d'anticiper la mise en place de mesures de protection lors de travaux de maintenance et de construction telles que les solutions de type « échappatoire ».

Ces solutions étudiées par la R&D doivent donc permettre la continuité d’exploitation de ces bassins tout en assurant la protection des populations d’amphibiens qui y trouvent refuge pour la reproduction.

La rampe échappatoire en géotextile : une solution innovante pour le sauvetage

Sur la centrale thermique de Dirinon dans le Finistère, un bassin à parois verticales de 5 mètres piégeait régulièrement des amphibiens. Ces derniers étaient sauvés par un système de seau percé relevé quotidiennement, une solution chronophage et dépendante de la présence humaine.

Les équipes de la R&D d'EDF ont donc été missionnées pour identifier une alternative innovante : une rampe en géotextile texturé installée sur la paroi du bassin.

Le dispositif installé en février 2025 a été équipé d’un piège photo jusqu’en juillet 2025 pour suivre l’utilisation de la rampe par les amphibiens piégés dans le bassin.


A) Échappatoire à amphibien installé dans un bassin d'orage de la centrale thermique de Dirinon ; (B) Grenouille verte (Pelophylax sp.) prise en photo au sommet de l’échappatoire à l’aide d’un piège photographique (Reconyx) © Antonin CONAN - R&D d'EDF

Quelles perspectives 2025-2026 ?

En 2025, l'étude a franchi une nouvelle étape avec la comparaison entre les inventaires traditionnels consistant à écouter les chants des amphibiens et à les compter visuellement et l’analyse de l'ADN environnemental (ADNe) via des prélèvements d’eau dans les bassins d'orage. Cette approche permet d'identifier la méthode la plus efficace pour réaliser des inventaires exhaustifs et robustes dans ces milieux parfois difficiles d’accès.

Les premiers résultats montrent que l’ADNe permet d’identifier plus d’espèces que les méthodes traditionnelles (11 vs 5) avec notamment le Triton palmé qui n’a été détecté quasiment que par ADNe. Des inventaires complémentaires du même type seront déployés en 2026 dans deux autres bassins pour affiner cet état des lieux et adapter au mieux la gestion environnementale des sites EDF actuels et celle des futurs projets.

Mieux identifier les espèces présentes dans les bassins permet de connaitre les périodes d’activité de ces dernières et ainsi, de mieux prévoir les dates optimales pour nettoyer, curer les bassins lorsque les amphibiens n’y sont plus.