Précurseur des partenariats académiques d’EDF
Le Laboratoire FiME, monté en 2006, est un projet de recherche commun entre l’Université Paris Dauphine-PSL et la R&D du groupe EDF, qui associe également le Centre de Recherche en Économie et en Statistique (CREST) et l’École Polytechnique. Son objectif ? Aider EDF, via l’approche quantitative et la modélisation mathématique, à prendre des décisions face aux marchés, étudier des mécanismes de régulation, en recherchant le juste équilibre entre efficacité des marchés, viabilité des producteurs, protection des consommateurs et atteinte des objectifs de décarbonation… le tout dans le respect des règles de l’UE.
Parmi les compétences importantes mais difficiles à trouver pour le groupe EDF, celle des mathématiques appliquées à la finance et l’économie figure en bonne position. « Nous sommes en compétition avec des banques dans ce domaine », précise Olivier Féron, chercheur senior à la R&D d’EDF et Directeur du laboratoire de Finance des Marchés de l'Énergie (FiME). « C’est l’une des belles réussites du laboratoire : sa création a permis de recruter un grand nombre de talents d’abord engagés comme stagiaires ou doctorants. »
La R&D d'EDF partenaire de l'Universite Paris Dauphine - PSL FiME
Durée : 5:43
« Depuis l'ouverture des marchés de l'électricité à la concurrence, les marchés de l’énergie font intervenir une multiplicité d'acteurs, un grand nombre de facteurs d'incertitudes, ainsi qu'une pluralité de mécanismes d'aides et de régulations », pointe René Aïd, Professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine-PSL. Le laboratoire est néanmoins parvenu à modéliser ces systèmes complexes et à développer des outils mathématiques et quantitatifs capables d’intégrer les contraintes opérationnelles des énergéticiens et fournisseurs d’électricité.
Ainsi, la collaboration entre les académiques et les industriels est un vrai succès. « Nous nous rencontrons tous les 15 jours, depuis 17 ans, à l’Institut Henri Poincaré à Paris. C’est l’un des plus anciens séminaires de mathématiques », se félicite Olivier Féron. Ici, pas d’appel à projets. C’est la rencontre entre les chercheurs de l’Université Paris Dauphine-PSL et les ingénieurs chercheurs d’EDF qui génère les sujets de recherche. « Nous arrivons avec nos problématiques et ils viennent avec leur expertise scientifique », détaille Olivier Féron.
La formation est l’une des modalités de collaboration. « Nous, ingénieurs chercheurs d’EDF, intervenons dans la formation des étudiants en master et l’encadrement de doctorants de l’université, souligne Olivier Féron. Les chercheurs académiques dispensent quant à eux des formations aux ingénieurs d’EDF. Cela constitue aussi des points de rencontres entre nos deux mondes. »
En 17 ans d’existence du laboratoire, des centaines de papiers ont été publiés, des brevets ont été déposés. « Nous avons réalisé beaucoup de progrès dans la gestion des risques, se félicite René Aïd, Professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine-PSL. Nous avons créé des méthodes et des outils de calcul nouveaux et utiles pour les métiers du groupe EDF. »
Le laboratoire compte à ce jour 45 personnes : 11 chercheurs enseignants, 11 ingénieurs de recherche EDF R&D et 23 doctorants et post-doctorants. « Au moment où le laboratoire s’est créé, il nous fallait inventer non seulement des modèles nouveaux de gestion des risques mais aussi des modes nouveaux de travail ensemble… s’amuse René Aïd. Nous avons réuni des gens qui avaient de l’appétence pour travailler ensemble et l’envie de développer des projets de recherche ensemble. Aujourd’hui, notre attractivité découle de l’intérêt renouvelé pour nos sujets, de notre capacité à innover… et de la persistance de problèmes à résoudre. »
En 2022, le laboratoire FiME et la chaire Finance et Développement Durable ont été renouvelés pour une nouvelle période de cinq ans.
Idée reçue : l’argent pourrait être mieux investi
L’investissement d’aujourd’hui dans la recherche génère les économies et les bénéfices de demain.
Les projets associent souvent de multiples partenaires, dans une logique de mutualisation globale. « Lorsque nous créons un laboratoire, par exemple avec Thalès, Safran ou le CNRS, nous cherchons des effets de leviers scientifiques mais aussi financiers, développe Ange Caruso. En clair, nous cherchons aussi à diviser les coûts. ». Les modalités de partenariats sont donc variées et adaptées à chaque besoin.
S’il est difficile de mesurer combien le partenariat « rapporte », certains chiffres sont tout de même parlants : les outils et méthodes développés dans le laboratoire FiME apparaissent dans une dizaine d’outils opérationnels utilisés chez les métiers d’EDF pour la gestion des risques sur les marchés, la gestion optimisée des stocks nucléaires, la gestion optimisée des stockages gaz, la valorisation financière d’actifs flexibles….
Autre indicateur de confiance : le recrutement. « Plus de 20% des doctorants et post doctorants passés par le laboratoire ont été recrutés par EDF », souligne Olivier Féron. Une vraie réussite quand on sait la concurrence qui sévit sur le marché du travail.
« Plus de 20 % des doctorants et post doctorants passés par le laboratoire ont été recrutés par EDF », Olivier Féron, chercheur senior en gestion des risques et prix de marché à la R&D d’EDF et Directeur du laboratoire de Finance des Marchés de l'Energie (FiME)
Plus de 20 % des doctorants et post doctorants passés par le laboratoire ont été recrutés par EDF
La pluridisciplinarité, autre richesse des partenariats
Dans le cadre du partenariat, la R&D d’EDF s’appuie sur les ressources exceptionnelles de son partenaire. « L’Université Paris Dauphine-PSL rassemble des disciplines fondamentales pour comprendre les marchés de l’énergie, précise René Aïd. Elle compte un laboratoire de finance, un laboratoire de mathématiques appliquées, mais aussi un laboratoire d'économie, qui peut nous aider à comprendre nos sujets. ».
« Une grande réussite du laboratoire, c’est son aspect pluridisciplinaire, confirme Olivier Féron. Aujourd’hui, il rassemble des économistes, des mathématiciens, des statisticiens… tout le monde arrive à se parler et se comprendre. L’objectif est, qu’un jour, nous puissions aussi échanger avec des climatologues, des politologues, des sociologues… ». À l’image de ce qui se fait déjà au sein de la communauté des chercheurs R&D d’EDF, laquelle réunit des chercheurs de tous ces domaines.
En fait, la pluridisciplinarité est indispensable pour traiter les sujets du laboratoire FIME. « Ce sont souvent des sujets « naturellement » pluridisciplinaires, comme la transition énergétique, rappelle Olivier Féron. Il est essentiel de prendre en compte tous es aspects pour apporter des réponses pertinentes. »
« Depuis l'ouverture des marchés de l'électricité à la concurrence, les marchés de l’énergie font intervenir une multiplicité d'acteurs, un grand nombre de facteurs d'incertitudes, ainsi qu'une pluralité de mécanismes d'aides et de régulations », pointe René Aïd, Professeur d’économie à l’Université Paris Dauphine-PSL. Le laboratoire est néanmoins parvenu à modéliser ces systèmes complexes et à développer des outils mathématiques et quantitatifs capables d’intégrer les contraintes opérationnelles des énergéticiens et fournisseurs d’électricité.