La COP26 s’est achevée samedi 13 novembre à Glasgow. Après 15 jours de négociations, les 192 pays représentés ont adopté un accord commun, le Pacte de Glasgow, pour accélérer la lutte contre le réchauffement climatique. En point d’orgue de cet accord, la mention explicite des mots charbon et énergies fossiles... Mais dans rue, le mot d'ordre était "tell lies and do nothing".

 

Green Zone in Glasgow © DR

L'émotion du président de la COP26, Alok Sharma, au moment du discours de clôture n’aura malheureusement pas été aussi positive que celle qui avait marqué l’Accord de Paris en 2015. Dans la dernière ligne droite, de nombreux compromis ont rendu le .texte final beaucoup moins engageant, et l’objectif de « 1,5°C » est encore en vie mais son pouls est très faible. Néanmoins, pour la première fois, les mots « charbon » et « combustibles fossiles » font enfin leur apparition ! Mais comme l’a justement dit le spécialiste de la gouvernance du climat François Gemenne, dans une interview aux Echos, les COP sont condamnées à ne jamais se terminer, car leur rôle est celui d’un processus de révision à la hausse des engagements et de contrôles mutuels de chacun des pays. Si le Pacte de Glasgow n’a pas réussi à « consigner le charbon dans les livres d’histoire » comme l’aurait voulu la présidence anglaise, il reste marqué par quelques avancées importantes, bien que techniques, en particulier sur les règles qui régissent les marchés carbone, un point d’achoppement de toutes les COP depuis Paris.

Il faut aussi noter l’importante série d’accords parallèles : le méthane (90 pays s’engagent collectivement à réduire les émissions de 30 % d’ici 2030), le charbon (23 pays se sont engagés à mettre fin à la production d’électricité à partir de charbon dans la décennie 2030 pour les économies avancées et dans la décennie 2040 au niveau mondial) , les véhicules électriques et la déforestation (130 pays - dont le Brésil, représentant 90 % des forêts mondiales - ont conclu un accord pour limiter la déforestation). Selon l’Agence internationale de l’énergie, toutes ces annonces, si elles étaient implémentées, nous amèneraient sur une trajectoire 1,8°C contre les 2,7°C annoncés en amont de la COP. La question étant : pour tous ces États, quel cadre de redevabilité pour assurer la transparence, la crédibilité et la mise en œuvre des plans d’actions à l’appui des engagements pris ?

Le point important de cette COP c’est qu’il met les pays dans une dynamique de l’action climatique puisqu’ils sont invités à re-soumettre dès l’année prochaine des engagements renforcés pour donner un point de passage crédible à 2030 et se rapprocher encore davantage des objectifs de l’Accord de Paris. Rendez-vous en Egypte en novembre 2022 pour la COP27 !

 

Quel impact pour EDF ?

Il était plus facile d’être une personne de la jeune génération qu’une entreprise à Glasgow pour obtenir un pass en « zone bleue », espace dédié aux négociations formelles et réservé aux membres accrédités des délégations nationales, des organismes onusiens et des ONG observatrices. Une volonté clairement assumée de l’ONU de privilégier la présence de la société civile, et en particulier de la jeunesse, qui a d’ailleurs défilé en nombre dans la rue. Mais EDF était bien présente avec près de 10 interventions. Comme l’a dit Rosatom, dans l’une de nos conférences, cette COP marque clairement la renaissance du nucléaire, visible par l’approbation des plus jeunes. Ces interventions sont pour EDF une reconnaissance de sa démarche rigoureuse de neutralité carbone avant tout orientée sur la réduction de ses émissions, à l’heure où la chasse au greenwashing des entreprises devient féroce. A tel point que le PDG d’IKEA s’est exprimé sur les risques d’accusation de greenwashing qui pourraient inciter des entreprises à garder le silence face au changement climatique - ce qui serait encore plus dangereux ! L’électrification du transport et de l’industrie nous ont aussi permis d’être visibles sur de nombreux aspects de notre stratégie de décarbonation des usages, et c’est sûrement dans cette meilleure compréhension de la chaine de valeur que le secteur privé doit encore plus s’engager. Lors du Sustainable Innovation Forum, il était impossible de ne pas croiser une start-up spécialisée dans la « donnée carbone » pour permettre aux entreprises de prendre les bonnes décisions pour décarboner leur chaine de valeur. EDF a d’ailleurs pu témoigner de son investissement récent dans la start-up américaine Persefoni, qui a fait la plus grande levée de fonds dans ce domaine avec près de 101 millions de dollars.

 

Paroles, paroles, toujours des mots ?

L’enjeu de cette COP reste bien de s’assurer que les pays gardent en ligne de mire une hausse des températures limitée à 1,5°C, avec un mécanisme de redevabilité robuste puisque, en amont de Glasgow, les émissions de CO2 étaient attendues en hausse de 16 % à 2030 au lieu des - 45 % nécessaires.

La question du rôle de la finance est très importante : d’abord, les 100 milliards de dollars par an qui ont été promis pour 2020 mais pas encore délivrés aux pays en développement ; mais également tous les autres financements nécessaires, notamment pour l’adaptation au changement climatique ou la compensation des « pertes et dommages ». Côté financements du secteur privé, l’annonce de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) a marqué avec 130 000 milliards de dollars de capitaux engagés par plus de 450 établissements financiers dans la transformation des économies vers la neutralité carbone. Il faudra que cet argent soit investi avec intégrité, en cohérence avec ce que dit la science, et de façon solidaire.

Pour EDF, il s’agit de continuer à déployer nos engagements de réduction d'émissions de CO2, et je me réjouis que notre intensité carbone – soit la quantité de CO2 émise par rapport à notre production d’électricité - soit encore descendue d’un cran à fin septembre avec 47g/KWh contre 51g/KWh en 2020. Je vous invite à regarder le graphique d’ENERDATA(1) publié dans les annexes de nos résultats financiers qui montrent qu’EDF est le plus grand producteur d’électricité au monde sans émissions directes de CO2, avec 452 TWh en 2020 - loin devant le premier autre opérateur européen, ENEL, avec 131 TWh. Enfin, forts de nos engagements dans la transition énergétique juste et solidaire, dont les principes ont été dévoilés en amont de la COP26, il nous incombe à tous de continuer à faire vivre notre raison d’être.

(1) Book de présentation des résultats financiers du groupe EDF pour le 3e trimestre 2021 : Voir le graphique (version anglaise - PDF, 3,4 Mo)

 

Carine de Boissezon

Directrice du Développement Durable Groupe