Caroline Ramade : « Il faut proposer des actions extrêmement concrètes pour changer la donne. »
Pour leur 4ème édition, les Prix EDF Pulse bénéficient d’un nouveau partenaire : l’incubateur Paris Pionnières. Crée en 2005, cette structure est dédiée aux projets portés par les femmes.
Dans un milieu de l’innovation qui reste majoritairement masculin, l’ambition est de leur donner tous les atouts pour développer leur start-up - et surmonter auto-censure et préjugés. Rencontre avec Caroline Ramade, déléguée générale de Paris Pionnières.

Comment et pourquoi s'est lancé Paris Pionnières ?
Paris Pionnières est né il y a 12 ans parce qu’il y avait moins de 5 % de femmes à la tête des start-ups en France. Aujourd’hui on atteint les 8 %, ce qui reste très peu. En revanche, à Paris - où Paris Pionnières a accompagné plus de 200 start-up cofondées par des femmes - on atteint les 21 %, ce qui fait de Paris la capitale européenne des « start-upeuses ». Mais il reste encore beaucoup à faire.
Quelle(s) aide(s) apportez-vous à ces femmes entrepreneures ?
Nous partons du constat que la croissance repose sur un réservoir d’entreprises qui sont et seront créées par des femmes : les entrepreneures proposent de nouveaux usages, de nouvelles manières de voir le monde qui n’ont pas été encore explorés.
Concrètement, nous avons trois programmes à destination des start-up : « le Possible Camp » qui dure trois jours, pour révéler l’entrepreneure qui est en soi ; le « WoDi » (Women Disrupt) qui dure six mois, pour aller de l’idée jusqu’à la validation du concept et se lancer et enfin l’incubateur, qui permet pendant un an d’aller à la conquête du marché, de lever des fonds et de trouver le modèle pour passer à la vitesse supérieure. Nous accompagnons les start-up au plus tôt dans la création de projet, afin de favoriser l’émergence d’entreprises cofondées par des femmes : cela fait de nous l’incubateur le plus mixte de Paris, avec 50 % d’hommes. Enfin, nous avons aussi un programme corporate « 66miles » en partenariat avec Five by Five à destination des intrapreneurs dans différentes entreprises.

Que faites-vous pour faire rayonner ces femmes dans la sphère start-up ?
Certes, il est important de faire rayonner les femmes entrepreneures, mais Paris Pionnières ne fait pas que de la communication : notre objectif, c’est d’agir sur des choses très concrètes. Notre action, c’est donc d’aller dans les grands groupes pour former plus de femmes au numérique, d’aller voir des fonds d’investissement pour sensibiliser les investisseurs à ces enjeux, et dans les concours d’assurer la visibilité des femmes. L’inclusion doit irriguer tous ces domaines.
Qu'est-ce que le partenariat avec les Prix EDF Pulse représente pour vous ?
On a aimé le point de départ : EDF s’est dit, « ce n’est plus possible d’avoir si peu de femmes lauréates » et ils ont voulu changer les choses. Et les lignes bougent puisque pour cette édition, 60 % des candidatures reçues dans les premières semaines étaient mixtes.
Parce qu’il est renommé et représente une vraie opportunité financière pour les candidats, le concours EDF Pulse nous permet aussi de porter un message positif auprès de nos communautés, de les encourager à y aller. Enfin, deux catégories, « smart city » et « smart home », collent plus particulièrement avec les projets que nous soutenons.
Quels sont vos espoirs pour les entrepreneures de demain ?
J’espère que Paris va devenir la capitale mondiale des entrepreneures. On ne peut plus se contenter de discours inspirants, de dénoncer par un tweet l’absence des femmes : il faut proposer des actions extrêmement concrètes pour changer la donne.
Devenir femme entrepreneure, c’est l'exercice ultime de la libération. Ce qui est le plus difficile pour les femmes qui se lancent dans l’entrepreneuriat, c’est la liberté énorme qu’elles acquièrent. Il s’agit de les aider à apprivoiser cet « empowerment ». Elles sont en train de changer radicalement la société, parce qu’elles montrent le visage des femmes autrement, qu’elles gagnent en indépendance économique, qu’elles ont un impact social sur leurs équipes grâce aux nouvelles méthodes de leadership qu’elles mettent en place. Pour moi, ce sont les nouveaux leaders inclusifs de demain !