EDF Pulse Ventures, le corporate venture du groupe EDF, a investi dans la start-up française Ekoscan en 2022. Elle vient de céder ses parts à l’occasion du LBO1 de la société, auquel le fonds France Nucléaire 2 a souscrit. Michel Hunsicker, responsable investissement Senior chez EDF Pulse Ventures et ancien membre du board d’Ekoscan, revient sur la relation du groupe EDF avec la start-up.

EDF Pulse Ventures est entré au capital d’Ekoscan en 2022. Pouvez-vous nous rappeler les éléments qui ont motivé cet investissement ?
Ekoscan est un spécialiste du contrôle non-destructif pour les infrastructures industrielles. Son activité historique consiste à concevoir, fabriquer et commercialiser des systèmes de mesure. Cette activité est complétée par une offre de service pour la mise en œuvre de contrôles non-destructifs. Ces contrôles visent à détecter de potentielles dégradations (fissures) et défauts sur des pièces ou des infrastructures lors des étapes de fabrication et de maintenance.
Les équipes du nucléaire travaillaient déjà avec la start-up, notamment dans le cadre de la problématique de la corrosion sous contrainte. Ils souhaitaient resserrer les liens avec cette entreprise innovante, et co-développer un nouvel instrument de mesure correspondant aux besoins d’EDF. Convaincus par ce besoin métier, mais également par la qualité des produits et services de la start-up ainsi que par son équipe de management, EDF Pulse Ventures est entré au capital d’Ekoscan en 2022.
Quels ont été les bénéfices de cet investissement ?
En investissant dans Ekoscan, nous avons pu obtenir une place au board de l’entreprise et avons pu ainsi avoir un levier sur les orientations stratégiques de la start-up. Cet investissement stratégique a permis de renforcer les relations avec l’entreprise et de signer un accord de co-développement avec la Direction Ingénierie et Supply Chain (DISC) pour un nouvel instrument de mesure. Nous avons également pu développer de nouveaux cas d’usage correspondant aux besoins du Groupe.
En tant qu’actionnaire, EDF a pu faire bénéficier les équipes d’Ekoscan de son savoir-faire industriel et les aider à se développer. Avec le soutien des équipes du nucléaire et d’EDF Pulse Ventures, Ekoscan est ainsi devenu un partenaire et fournisseur de premier plan au sein du Groupe pour le contrôle non-destructif.
Puisque la relation était bonne, pourquoi avoir choisi de céder les parts d’EDF Pulse Ventures ?
En tant qu’entité de corporate venture, notre métier consiste à investir dans des sociétés jeunes avec un objectif de retour financier et de synergies avec les entités du Groupe. A ce titre, nous n’avons pas vocation à rester actionnaire de nos start-up ad vitam aeternam mais plutôt d’en sortir quand nous estimons que le moment est venu. Cela peut correspondre à une opportunité de sortie intéressante et/ou au fait d’arriver au bout de ce que les synergies pouvaient apporter au groupe EDF. S’agissant d’Ekoscan, nous sommes clairement dans le premier cas de figure.
En trois ans, Ekoscan a réalisé différentes acquisitions en Europe et en Amérique du Nord qui lui ont permis de se renforcer sur ses activités historiques mais aussi d’en ajouter de nouvelles avec notamment la fabrication de systèmes robotiques (AUT Solution) et de réparation à partir de matériaux composites (3X Engineering). En complément de cette croissance externe, Ekoscan s’est aussi développée organiquement et peut désormais être considérée comme une ETI. Ce nouveau statut nécessite un accompagnement différent de celui que propose un corporate venture, il était donc logique de passer le relais en cédant nos parts, tout en cherchant à pérenniser les synergies entre EDF et Ekoscan, via l’entrée du fonds France nucléaire 2 (dont EDF est partenaire) au capital d’Ekoscan.
Quel est l’impact de cette cession sur nos relations avec Ekoscan ?
Le groupe EDF va garder un lien actionnarial avec Eksocan via le Fonds France Nucléaire 2. Le fonds France Nucléaire est d’autant plus pertinent qu’il est porté à date par 4 entreprises majeures : EDF SA, Framatome, Orano et Technicatome. Il a pour mission d’investir dans des PME et ETI de l’écosystème du nucléaire pour les accompagner dans leur nouvelle phase de croissance.
De plus, le travail de long-terme engagé entre les équipes de l’activité nucléaire du Groupe et celles d’Ekoscan, ainsi que les échanges démarrés avec d’autres métiers du Groupe, vont se poursuivre sans changement. Une relation de confiance s’est construite avec les équipes d’Ekoscan et va continuer de se développer.
Si on ne devait retenir qu’une chose de notre histoire avec Ekoscan ?
C’est sans conteste une très belle histoire et la confirmation que le modèle d’EDF Pulse Ventures permet de répondre au double objectif de générer des synergies avec les métiers du groupe EDF et d’être rentable.
1 Le Leveraged buy-out (LBO) ou rachat avec effet de levier est un montage financier permettant le rachat d'une entreprise via une société holding, en ayant recours à l’endettement.