Le pouvoir d'achat domine le classement des préoccupations à l'échelle mondiale. Malgré l'importance qu'ils accordent au changement climatique et aux évènements climatiques extrêmes, les citoyens sont moins enclins à s'impliquer et doutent davantage des origines humaines du phénomène.
En tant qu’acteur majeur du secteur énergétique au niveau mondial et engagé pour la neutralité carbone d’ici 2050, EDF présente les résultats d’une étude d’opinion d’ampleur inédite menée pour la 4ème année consécutive par Ipsos dans 30 pays* sur les cinq continents, comptant les deux tiers de la population mondiale et parmi lesquels figurent les plus importants émetteurs de CO₂. EDF réalise ainsi chaque année un état des lieux international des opinions, connaissances, attentes et niveaux d’engagement face au changement climatique pour nourrir la réflexion et participer à la recherche constructive de solutions pour l’avenir.
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La hausse du coût de la vie est le premier sujet de préoccupation au niveau mondial (62 %) et il progresse encore fortement cette année (+10 pts depuis 2021, +15 pts depuis 2020). La pauvreté et les inégalités restent aussi en haut du classement (46 %), suivies par les enjeux de santé (42 %).
Si l'inflation est l’inquiétude qui domine tous les continents, les priorités divergent ensuite : la santé mobilise l’Europe et l’Amérique du Nord, tandis que l’Amérique du Sud craint plus que partout ailleurs la criminalité et la délinquance ; l’Asie reste mobilisée par le Coronavirus (2e priorité) ; le chômage continue d’inquiéter l’Afrique et l’Amérique du Sud tandis qu’il a disparu des inquiétudes en Europe et en Amérique du Nord.
En 4ème position, l’environnement reste une préoccupation importante, à un niveau stable par rapport à 2021 (40 %, -1 pt). Elle figure parmi les cinq premières préoccupations des habitants sur presque tous les continents, à l’exception des pays d’Afrique et du Moyen-Orient.
L'environnement reste une priorité des CSP + : s’il figure en 2ème position (44 %) chez les ménages les plus aisés, juste après l’augmentation du coût de la vie, il n’apparaît qu’en 6ème position chez les plus modestes (36 %), devancé par la pauvreté et les inégalités (49 %), le chômage (44 %), le système de santé (41 %) mais aussi la corruption (39 %).
L'année 2022 a été marquée par des événements climatiques majeurs : très fortes chaleurs, sècheresse et incendies hors normes en Europe pendant l’été, inondations en Australie, fortes chaleurs en Inde et au Japon ou encore sècheresse au Chili plus tôt dans l’année… Pourtant à l’échelle mondiale, le sentiment d’être confronté « tout à fait » ou « plutôt » au changement climatique n’a pas progressé depuis 2019, même s’il est certes très élevé (77 %), notamment en Amérique du Sud (89 %), en Afrique / Moyen-Orient (80 %) et en Asie (82 %).
En revanche, dans les zones confrontées à ces évènements en 2022, dont une partie de l’Europe, les populations ont bien davantage qu’en 2021 le sentiment de voir les effets du changement : +9 pts en Chine, +8 en Allemagne, en Pologne et au Royaume -Uni, +5 en France et en Espagne, +11 pts en Inde.
La réaction des populations n’est pas la même partout. Les Australiens, à 55 % (+24 pts vs 2021), mentionnent les inondations qui ont frappé leur pays cette année. Pour autant, leur sentiment d’être confrontés au changement climatique reste plus faible qu’ailleurs et ne progresse pas.
Les évènements climatiques de cet été ont fortement marqué les Français : les fortes chaleurs (79 %, +9 points vs 2021), la sécheresse (62 %, +19 points vs 2021) et l’assèchement des cours d’eau (51 %, +16 points vs 2021).
Le changement climatique (46 %, +2 vs 2021) et les événements climatiques extrêmes (43 %, +2 vs 2021) deviennent bien cette année les premiers motifs de préoccupation environnementale au niveau mondial, même s’ils le doivent aussi à la décrue de la question des déchets et du plastique (41 %, -5 vs 2021) et de la pollution de l’air (37 %, -3 vs 2021). Tout de même, si on cumule la préoccupation pour le changement climatique et les évènements climatiques extrêmes, c’est 66 % de la population mondiale qui considère le climat comme l’enjeu prioritaire (60 % en 2019).
Toutefois, le changement climatique ne suscite pas plus d’inquiétude cette année et le climato-scepticisme(1) progresse :
- Le niveau d’inquiétude à l’égard du changement climatique reste élevé (69 %) mais tend à diminuer (-3 pts à l’échelle mondiale et -6 pts en France par rapport à l'année dernière).
- En France les 16-24 ans sont moins inquiets que l’ensemble de la population (45 % vs 64 % pour l'ensemble des Français). Toutefois ils sont soit plus indifférents (16 % vs 7 % pour l’ensemble), soit au contraire ils manifestent une plus grande démoralisation (38 % vs 27 % pour l’ensemble).
- De façon inattendue, le climato-scepticisme progresse de manière continue depuis 3 ans (37 %, +6 points en 3 ans), et de façon particulièrement marquée en France cette année (37 %, +8 points en un an) alors que la préoccupation environnementale y est particulièrement forte. Plus précisément, l’idée qui progresse le plus n’est pas la négation du changement, mais le fait qu’il est « principalement dû à un phénomène naturel comme la Terre en a toujours connu dans son histoire ». On trouve donc moins de personnes qu’avant estimant qu’il est dû à l’activité humaine : 63 % en 2022 contre 69 % en 2019. La France reste toutefois moins concernée par le climato-scepticisme que les pays producteurs d’énergie fossile (Arabie Saoudite : 60 %, Norvège : 48 %, Russie : 48 %, Emirats Arabes Unis : 46 %, Etats Unis 48 %).
- L'âge n’apparaît pas comme un critère clivant sur ce sujet : le taux de climato-scepticisme est très proche dans toutes les catégories d’âge. La sympathie politique est en revanche plus déterminante : dans les sept pays où cette question politique a été posée(2), 28 % des sympathisants de gauche se révèlent climato-sceptiques pour 50 % des sympathisants de droite.
Il semblerait donc que les populations enregistrent la survenue d’évènements climatiques extrêmes et les placent en tête des problèmes environnementaux actuels, mais que dans le même temps, cela ne les inquiète pas davantage ni ne les convainc des origines humaines du phénomène, comme si « la nature » semblait de plus en plus la cause de son propre dérèglement.
(1) Rappelons que les climato-sceptiques tel que nous les définissons dans l’enquête sont ceux qui refusent la réalité même du changement climatique (9 %) et ceux qui, sans nier cette réalité, considèrent qu’elle n’est pas d’origine humaine (25 %), soit 34 % de la population interrogée.
(2) France, Belgique, Royaume-Uni, Italie, Espagne, USA, Allemagne.
Des citoyens plus réticents à agir et à modifier leur mode de vie…
Les citoyens ont, davantage que par le passé, le sentiment que les responsables politiques et économiques se mobilisent contre le changement climatique. C’est le cas des gouvernements (54 %, +6 pts en 3 ans) mais surtout des autorités et collectivité locales (48 %, +12 en 3 ans). C’est aussi le cas des entreprises (45 %, +6 en 3 ans). La tendance est plus marquée en France (gouvernement : 33 %, +10 points en 3 ans, autorités locales : 39 %, +13 points en 3 ans– responsables politiques : 27 %, +9 points en 3 ans et entreprises : 34 %, +16 points en 3 ans).
Les populations font ce constat alors qu'ils sont moins enclins à agir à l'échelle individuelle : il y a un an, 45 % considéraient que c’était à eux d’agir, ils sont 42 % aujourd’hui. En France, la chute du devoir individuel est très forte en 2022 (de 61 % à 49 %) après avoir progressé régulièrement les trois années précédentes. Ce sont les ouvriers et les moins de 25 ans qui sont les moins enclins à attribuer un devoir d’agir au consommateur.
Pour résoudre l’équation climatique, faut-il modifier nos modes de vie ou faire confiance à la technologie ? Ou est-il de toute façon trop tard ? Seuls 11 % se montrent effectivement fatalistes. La majorité des répondants se distribue en deux camps inégaux : 50 % pensent qu’il faut changer de mode de vie tandis que 31 % s’en remettent à la technologie. Mais là encore, la réponse "mode de vie" décline plutôt en quatre ans (de 53 % à 50 %), et particulièrement en France, bien que toujours supérieure à la moyenne mondiale (de 64 % à 57 %).
…mais qui agissent malgré tout pour l’environnement
Les populations affirment que leurs comportements ont évolué. C’est sur l’utilisation des transports individuels que le phénomène est le plus marqué : ceux qui disent éviter de prendre leur voiture au moins de temps en temps sont passés de 49 % à 61 % entre 2019 et 2022 et ceux qui évitent l’avion de 41 % à 52 %. On retrouve une évolution importante sur l’utilisation des énergies renouvelables pour se chauffer : de 34 % à 44 %.
De façon moins forte, les consommateurs semblent plus attentifs à la provenance lointaine des produits : 57 % disent les éviter (+5 points vs 2019).
Les autres éco-gestes déjà pratiqués largement sont ceux qui n’ont pas l’impact le plus fort sur le réchauffement climatique (tri des déchets, évitement du suremballage, fruits de saison). En revanche, la consommation de viande qui est très impactante sur le climat, ne semble pas diminuer selon les interviewés. L’agriculture et le numérique sont d’ailleurs sous-estimés par rapport à leurs émissions de CO₂.
Les plus jeunes ne déclarent pas plus de pratiques vertueuses que l’ensemble de la population.
Des contraintes toujours difficiles à accepter
Le niveau d’acceptabilité des mesures contraignantes (incitations, interdictions ou taxes) varie peu, et reste plus faible en Europe et en Amérique du Nord. Seules 3 mesures convainquent au moins 6 répondants sur 10 dans le monde : l’interdiction des vols courts quand il est possible de prendre le train (64 %), la taxation de l’achat d’un véhicule polluant (61 %) et l’obligation pour les propriétaires de bien isoler leur logement (61 %).
Six mois après le début de la guerre en Ukraine et dans un contexte de tension sur l’approvisionnement énergétique, la flambée des prix est très durement ressentie, et ce partout dans le monde pour les différentes sources d’énergie. 48 % des foyers déclarent être impactés par une forte hausse des prix de l’électricité (37 % en France), 51 % par la hausse des prix de l’essence (53 % en France) et 40 % par la hausse des prix du gaz (seulement 22 % en France).
Et face à une menace de pénurie d’électricité, l’acceptabilité des énergies « non renouvelables » progresse assez nettement, surtout en Europe :
- La proportion de répondants favorables au nucléaire progresse au niveau mondial (+7 points vs 2021) et dans de nombreux pays européens (+10 pts en France, +15 pts en Allemagne, +13 pts en Espagne, +17 pts en Italie, +13 pts au Royaume-Uni).
- Mais l’acceptabilité des centrales au gaz (+4 points vs 2021) et des centrales au charbon (+6 points vs 2021) progresse également, particulièrement en Europe.