Obs'COP 22, quels enseignements tirer de cette enquête internationale sur le climat ?

Le pouvoir d'achat domine le classement des préoccupations à l'échelle mondiale. Malgré l'importance qu'ils accordent au changement climatique et aux évènements climatiques extrêmes, les citoyens sont moins enclins à s'impliquer et doutent davantage des origines humaines du phénomène.

En tant qu’acteur majeur du secteur énergétique au niveau mondial et engagé pour la neutralité carbone d’ici 2050, EDF présente les résultats d’une étude d’opinion d’ampleur inédite menée pour la 4ème année consécutive par Ipsos dans 30 pays* sur les cinq continents, comptant les deux tiers de la population mondiale et parmi lesquels figurent les plus importants émetteurs de CO₂. EDF réalise ainsi chaque année un état des lieux international des opinions, connaissances, attentes et niveaux d’engagement face au changement climatique pour nourrir la réflexion et participer à la recherche constructive de solutions pour l’avenir.

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Le premier résultat frappant en 2022 est l’universalité du problème de l’inflation : la hausse du coût de la vie est le premier sujet de préoccupation au niveau global (62 %, +10 points vs 2021). Cela dit en 4e position, l’environnement reste une préoccupation importante, à un niveau stable par rapport à 2021.

L’incompatibilité entre croissance et environnement est au cœur des convictions écologistes. Face à ce dilemme une majorité de répondants (48 %) choisit toujours l’environnement, contre 38 % privilégiant la croissance. Mais cette majorité se réduit petit à petit, peut-être en raison de l’importance croissante des enjeux liés aux difficultés économiques.

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L'année 2022 a été marquée par des évènements climatiques majeurs : très fortes chaleurs, sècheresse et incendies hors normes en Europe pendant l'été, inondations en Australie, fortes chaleurs en Inde et au Japon ou encore sècheresse au Chili plus tôt dans l'année…Pourtant, à l'échelle globale, le sentiment d'être confronté au changement climatique n'a pas progressé depuis 2019, même s'il reste très élevé (77 %).

Néanmoins dans les zones confrontées à ces évènements en 2022 dont une partie de l'Europe, les populations ont bien davantage qu'en 2021 le sentiment de voir les effets du changement climatique.

Les évènements climatiques de cet été ont d'ailleurs fortement marqué les Français : fortes chaleurs, sécheresse et assèchement des cours d'eau.

Infographie : Evolution de l'opinion depuis la vague de sécheresse de 2021 - Détails ci-dessous

Cette dynamique des catastrophes aurait dû à la fois affermir l’évidence du changement climatique et susciter l’appréhension. Or ce n’est pas ce qui s’est produit.

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Le changement climatique et les événements climatiques extrêmes deviennent cette année les premiers motifs de préoccupation environnementale au niveau mondial : au total, c’est 66 % de la population mondiale qui considère le climat comme l’enjeu prioritaire (60 % en 2019).

Le changement climatique s’impose donc quasiment partout comme un péril majeur. Pourtant, et c’est une vraie énigme, l’inquiétude ne semble pas progresser. Cette dernière reste élevée (69 %) mais elle tend à diminuer (-3 points à l’échelle globale et -6 points en France par rapport à l’année dernière).

De même la relativisation des conséquences persiste. Seuls 55 % des interviewés sont persuadés que le changement climatique aura, là où ils habitent, « principalement des conséquences négatives ». Les autres pensent souvent qu’il y aura du positif et du négatif (31 %).

Résultat inattendu et révélateur en 2022 : le climatoscepticisme continue de progresser (37 %, +6 points depuis 2019), dans quasiment tous les pays. L’idée qui progresse le plus n’est pas la négation du changement climatique, mais le fait qu’il est « principalement dû à un phénomène naturel comme la Terre en a toujours connu dans son histoire ».

Infographie : Progression du climatoscepticisme en 2022 - Détails ci-dessous
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Les citoyens ont, davantage que par le passé, le sentiment que les responsables politiques et économiques se mobilisent contre le changement climatique. C'est le cas des gouvernements, mais surtout des autorités et collectivité locales. C'est aussi le cas des entreprises.

Les citoyens font ce constat alors qu'ils sont moins enclins à agir à l'échelle individuelle : il y a un an, 45 % considéraient que c'était à eux d'agir, ils sont 42 % aujourd'hui. En France, la chute du devoir individuel est très forte en 2022 (-12 points) après avoir progressé régulièrement les trois années précédentes.

Infographie : Evolution de l'opinion sur qui doit agir ou agit pour l'environnement - Détails ci-dessous

Pour résoudre l'équation climatique, faut-il modifier nos modes de vie ou faire confiance à la technologie ? Ou est-il de toute façon trop tard ? Seuls 11 % se montrent effectivement fatalistes. La majorité des répondants se distribue en deux camps inégaux : 50 % pensent qu'il faut changer de mode de vie tandis que 31% s'en remettent à la technologie. Mais là encore, la réponse « mode de vie » décline plutôt en quatre ans, et particulièrement en France, bien que toujours supérieure à la moyenne mondiale (de 64 % à 57 %).

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Les populations affirment que leurs comportements ont évolué. C’est sur l’utilisation des transports individuels que le phénomène est le plus marqué : ceux qui disent éviter de prendre leur voiture au moins de temps en temps sont passés de 49 % à 61 % entre 2019 et 2022 et ceux qui évitent l’avion de 41 % à 52 %.

Infographie : Progression des pratiques depuis 2019 - Détails ci-dessous

Les autres éco-gestes déjà pratiqués largement sont ceux qui n’ont pas l’impact le plus fort sur le réchauffement climatique (tri des déchets, évitement du suremballage, fruits de saison). En revanche, la consommation de viande qui est très impactante sur le climat, ne semble pas diminuer selon les interviewés. L’agriculture et le numérique sont d’ailleurs sous-estimés par rapport à leurs émissions de CO₂.

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Le niveau d’acceptabilité des mesures envisageables reste faible quand leur impact sur les citoyens est très contraignant et financier. À l’échelle globale, les mesures ciblant les déplacements sont celles qui recueillent l’acceptabilité la plus faible. De la même façon, les mesures qui ont un impact financier sont mal acceptées : l’augmentation des taxes sur les déchets ménagers ou la taxe sur les billets d’avion ne sont acceptables qu’à hauteur de respectivement 53 % et 50 %.

Une exception toutefois : le malus écologique qui frappe les voitures polluantes est entré dans les mœurs et est accepté par 61 %.

C’est à l’échelle européenne et nord-américaine que les réticences apparaissent les plus vives, notamment en ce qui concerne l’interdiction des moteurs thermiques, les péages urbains et la limitation des centres villes aux voitures hybrides ou électriques.

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Six mois après le début de la guerre en Ukraine et dans un contexte de tension sur l'approvisionnement énergétique, la flambée des prix est très durement ressentie, et ce partout dans le monde pour les différentes sources d'énergie.

Et face à une menace de pénurie d'électricité, l'acceptabilité des énergies « non renouvelables » progresse assez nettement, surtout en Europe :la proportion de répondants favorables au nucléaire progresse au niveau mondial et dans de nombreux pays européens, mais l'acceptabilité des centrales au gaz et des centrales au charbon progresse également, particulièrement en Europe.