Simon Pelissier, manager thermohydraulique des composants

Simon Pelissier, manager thermohydraulique des composants

Simon Pelissier est manager en charge de la thermohydraulique des composants nucléaires. Ses activités l’ont conduit à contribuer à la mise en œuvre d’outils d’aide au pilotage des cœurs de réacteurs puis à mener un projet sur leur modélisation thermohydraulique et multi-physique avant de rejoindre son poste actuel. Son équipe travaille sur la réalisation d’un jumeau numérique de générateur de vapeur qui permettra à l’exploitant de disposer d’un outil d’aide à la décision afin d’optimiser les programmes de maintenance.

Pourquoi êtes vous devenus chercheur ?

Je suis certainement devenu chercheur parce que je suis par nature curieux, j’aime les défis et l’interdisciplinarité.

Le monde de la recherche est vaste. De rationnels à intuitifs, les différents styles de recherche passent par des approches systématiques ou créatives. Il convient de ne pas les opposer mais de les faire coexister. Le chercheur doit être en mesure de s’extraire des problèmes, les objectiver, prendre du recul, se remettre en cause et faire preuve d’ouverture sur des champs très variés desquels il s’enrichira et tirera vraisemblablement de nouvelles idées voire des innovations !

Comprendre les mécanismes, pourquoi certaines choses évoluent dans un sens et dans un autre… est source de motivation. Par exemple, la maitrise du changement climatique passera à mon sens par une évolution des secteurs industriels et sociaux. Notre rôle en tant que chercheur est de proposer des solutions qui permettront notamment de renforcer le mix énergétique.

J’apprécie particulièrement le domaine de la recherche appliquée à l’industrie car cela permet d’influer sur l’environnement dans lequel nous évoluons.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Actuellement, nous travaillons tout particulièrement sur des jumeaux numériques de générateurs de vapeur qui constituent un réel outil d’aide à la décision afin d’ajuster ou d’optimiser les programmes de maintenance. Au cours de sa vie, ce type d’équipement va connaitre différents aléas, qui impliqueront des nettoyages voire des remplacements définitifs. Or, cet élément coûte quelques dizaines de millions d’euros. L’idée est donc de passer d’une maintenance préventive à une maintenance prédictive et d’industrialiser le processus. Les travaux ont commencé en 2017 et nous nous sommes donnés 3 ans pour aboutir à une première version.

Qu'est-ce qu'un jumeau numérique ?

Il se compose en trois parties : un objet physique, un objet virtuel et des données qui les relient. Le système fonctionne en boucle. Grâce à des capteurs placés sur l’objet physique, on récolte des données qui viennent actualiser l’objet virtuel. L’objectif est d’accéder à un maximum d’informations sur le comportement de l’objet physique et ce de façon numérique. Un moyen efficace d’évaluer les capacités actuelles et futures du matériel, d’en optimiser le fonctionnement et de prévoir d’éventuelles pannes. Avec l’essor du big data, nous sommes en capacité de traiter un grand nombre de données pour mettre à jour nos modèles de simulation. Cela permet, entre autres, de suivre l’historique du générateur de vapeur. Avec cette copie numérique calquée sur les données récoltées, nous pourront lancer des simulations, tester des scénarios et nous projeter dans le futur.

Quelle est la mission de la recherche selon vous ?

La recherche a plusieurs missions. Je retiendrais en particulier : comprendre les phénomènes qui nous entourent, solutionner des problématiques et contribuer à changer nos modes de vie. Elle a un rôle fondamental à jouer avec de nombreux enjeux passionnants. La digitalisation, l’intelligence artificielle, la maintenance prédictive, les énergies nouvelles, le nouveau nucléaire, la mobilité électrique, le stockage… représentent certains des grands défis pour les années à venir. Et EDF en sera un des grands acteurs.

La mobilité va connaitre des évolutions sans précèdent dans les prochaines années. Je parle bien évidemment de la voiture autonome et électrique. Cela semblait encore futuriste il y a quelques années et c’est pourtant une transformation bien engagée aujourd’hui. Il y a tout un écosystème à créer et des révolutions à venir qui vont être très surprenantes.

« L’objectif est d’accéder à un maximum d’informations sur le comportement de l’objet physique et ce de façon numérique »