Portrait de chercheur : Gilles Deleuze
Gilles Deleuze, la Blockchain appliquée aux métiers d'EDF
Passionné de science-fiction et de science tout court, Gilles Deleuze - qui n’a rien à voir avec le célèbre philosophe - est un ingénieur formé à l'ENSTA, en environnement marin et génie nucléaire et à Paris Dauphine, en gestion de la technologie et de l’innovation. Très intéressé par les questions environnementales et les nouvelles technologies, il travaille actuellement au sein du département Performance et prévention des risques industriels du parc par la simulation et les études (PERICLES), en tant que senior sûreté de fonctionnement et chef de projet blockchain.
Pourquoi êtes-vous devenu chercheur ?
Parce que j'aime la nouveauté, le changement, les relations avec des pairs et aussi parce que je suis fan de science-fiction ! Le cyberpunk, Philip K.Dick, Blade Runner, Issac Asimov, Black Mirror... C'est une façon d'imaginer des mondes différents, d’anticiper et de comprendre comment peuvent évoluer les sociétés et les cultures. Dans la recherche scientifique, on essaye aussi de changer le monde à son petit niveau et de le rendre parfois un peu meilleur. On est en contact avec des gens du monde entier et qu'importe que l'on soit jeune, vieux, français, chinois… si l’on créé ou découvre quelque chose d’intéressant, c'est universel. Le meilleur exemple, ce sont les maths, où un théorème peut être compris par tous les êtres humains de la même façon.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Je travaille sur la blockchain1 appliquée à l'énergie et aux activités d’EDF en général. Grâce à ce nouvel outil d’échanges sécurisé ainsi qu’aux microgrids2 et aux cryptomonnaies, comme par exemple, le bitcoin3, on peut tracer de manière plus sûre l'énergie que l’on consomme et développer de nouveaux services. Depuis l'an dernier, des habitants d'un même quartier peuvent échanger de l'énergie entre eux avec une comptabilité très fine des échanges grâce à la blockchain. Autre exemple, demain, les voitures ou les drones pourraient avoir leur propre compte en banque et payer leur énergie, leur recharge et leur maintenance par ce type de monnaie. On appelle ça la « Machine Economy ». Cela permettrait de monétiser et de rémunérer les données collectées par les machines que l'on utilise grâce à la blockchain et à ce système de micro-paiement sécurisé.
Pourquoi est-ce important pour EDF ?
La blockchain est un élément de l’un des avenirs possibles d’EDF, avec l’IA, l’internet des Objets.. Cette technologie pourrait également faciliter le financement des véhicules électriques et des bornes de recharges qui manquent aujourd’hui. Et comme elle trace et comptabilise l'énergie, elle serait également un support intéressant pour l'économie circulaire, le recyclage et l'économie verte. Autant de domaines où les questions de l’énergie et de l’environnement sont centrales.
Quelle est votre dernière fierté ?
En ce moment nous expérimentons une blockchain en laboratoire qui fonctionne bien. Nous avons un centre de recherche près de Fontainebleau constitué de petites maisons connectées par un mini-réseau électrique (microgrid) qui nous sert de zone de test. Des habitants virtuels de ce petit réseau échangent leur énergie et la tracent avec des jetons énergétiques. C’est la première fois qu'EDF fait tourner une blockchain et cela nous permet d’envisager d'aller plus loin sur de plus grosses communautés simulées d'utilisateurs virtuels, un peu comme dans le jeu vidéo Sim City.
Quelle est la mission de la recherche selon vous ?
D’abord, de mon point de vue la science enchante le monde. Je suis toujours émerveillé de voir les avions voler. Mais malheureusement, elle est souvent mal enseignée, de façon peu ludique et peu attractive. La recherche pourrait améliorer cela. Nous allons très vite épuiser nos ressources naturelles et aller vers des futurs assez sinistres, si l’humanité ne renforce pas ses capacités scientifiques et techniques. Il s’agit donc d’être utile en explorant et en trouvant des solutions modestes, à des problèmes importants.
1 La blockchain est une technologie qui permet de stocker et transmettre des informations de manière transparente, sécurisée et sans organe central de contrôle. Elle peut être utilisée pour du transfert et une meilleure traçabilité d'actifs.
2 Appelé aussi micro-réseaux intelligents, ce sont des réseaux électriques conçus pour fournir un approvisionnement électrique fiable et de meilleure qualité à un petit nombre de consommateurs
3 Le bitcoin est le cas d'usage le plus connu de la blockchain. Il désigne à la fois un protocole de paiement sécurisé et anonyme et une crypto-monnaie
"De mon point de vue, la science enchante le monde."
Depuis 2014
Chercheur Senior, Analyse des Risques des Systèmes pour les énergies renouvelables et les microgrids au sein du département Performance et prévention des risques industriels du parc par la simulation et les études (PERICLES)
2003-2004
Chef de projet spécialisé dans la filière expertise liée à la sureté nucléaire, notamment les systèmes informatiques au sein du département Management des risques industriels (MRI)
2001
Chef de projet sur le développement de méthodes d'analyse de risques au sein du département Etude de sûreté et fiabilité (ESF)