À la R&D d’EDF, les Sciences Humaines et Sociales (SHS) jouent un rôle stratégique dans l’accompagnement des transformations du Groupe. Les chercheurs en SHS apportent leur expertise pour comprendre les dynamiques sociales, les activités humaines individuelles et collectives en situation de travail et les dimensions socio-organisationnelles qui contribuent à la performance des projets et à la maîtrise des risques industriels. En plaçant l’humain au centre de l’innovation, la R&D d’EDF accompagne les métiers pour renforcer la pertinence, la sûreté et l’acceptabilité des solutions du Groupe, tout en anticipant les évolutions sociétales et organisationnelles.
Les champs disciplinaires sont variés : anthropologie, sciences politiques, sémiologie et linguistique, sociologie du monde du travail, psychologie du travail et ergonomie cognitive. Cette approche interdisciplinaire permet d’intégrer les dimensions humaines dans la conception des technologies, la conduite des projets industriels, la gestion des risques et des crises.
Les SHS pour décrypter les dynamiques sociales et éclairer les choix stratégiques
Au sein de la R&D d’EDF, les chercheurs en SHS jouent un rôle essentiel dans l’analyse des transformations sociétales et de leurs impacts sur les activités du Groupe. Leur approche multidisciplinaire permet d’apporter un éclairage précieux sur des enjeux variés, allant de l’analyse des risques sociétaux pour le groupe EDF à l’acceptabilité des projets industriels, en passant par l’analyse des pratiques de consommation, les enjeux de l’électrification et de la décarbonation, l’évolution des modes de travail et les enjeux de protection de la vie privée liés à la numérisation de la société et au développement de l’IA. En s’appuyant sur des méthodes qualitatives et quantitatives, ils contribuent à mieux comprendre les attentes des clients, les représentations sociales de l’énergie, les dynamiques territoriales, et en interne, les cultures métiers et les aspirations socio-professionnelles des salariés.
Les enjeux pour EDF sont multiples. Il s’agit d’abord d’anticiper les évolutions de la société pour identifier les opportunités mais aussi les risques liés à l’acceptabilité ou à la perception des technologies. Les chercheurs en SHS permettent également d’intégrer les dimensions sociétales dans les décisions stratégiques, de favoriser la concertation et faciliter l’appropriation de nouveaux dispositifs.
Concrètement, les chercheurs en SHS (sociologues, anthropologues, sémiologues, politologues, …) réalisent un suivi de l’opinion publique. L’analyse des discours médiatiques et des controverses permettent de nourrir une veille sociologique continue, indispensable pour détecter les ruptures sociétales. Ils réalisent des retours d’expérience sociotechniques sur des dispositifs expérimentaux, analysent l’évolution des métiers et des processus d’innovation, et étudient la diffusion de technologies émergentes. Ils ont, par exemple, travaillé sur l’acceptabilité sociale du déploiement du compteur Linky. Ils étudient aussi l’opinion publique sur le sujet du nucléaire, les controverses autour des usages de l’eau, s’intéressent autant que possible à l’acceptabilité des EnR et sont appelés à s’intéresser à celle des data centers. Enfin, la sociologie peut également participer à la conception d’outils de simulation : en effet, les enseignements issus des études qualitatives sur la connaissance client peuvent être traduits en comportements et décisions-types, puis attribués à une population virtuelle. Un jumeau numérique du comportement client permet alors d’appréhender et d’anticiper les réactions des agents face à différents scénarios de marché ou des évolutions réglementaires dans une perspective d’éclairage et d’aide à la décision.
Le GRETS (Groupe Recherche Énergie, Technologie et Société) organise régulièrement des séminaires autour de ses domaines d'étude, avec l'intervention de chercheurs externes.
Les SHS pour concevoir des systèmes performants, adaptés aux activités humaines et aux besoins des utilisateurs
À la R&D d’EDF, des chercheurs en SHS (ergonomes, psychologues du travail, sociologues, …) apportent également une expertise précieuse pour comprendre l’activité humaine en situation réelle et concevoir des systèmes qui tiennent compte des usages, des contraintes et des besoins des personnes. Loin de se limiter à l’analyse des gestes ou des postures, leur approche va jusqu’à la dimension cognitive, collective et même organisationnelle : comment les individus perçoivent, raisonnent, prennent des décisions en situation, interagissent avec leur environnement et avec les autres. L’objectif est d’identifier les freins à l’activité, explicites ou implicites, et de proposer des transformations concrètes, utiles et acceptables. Cette compréhension fine permet d’optimiser à la fois la performance globale des systèmes et le bien-être et les capacités d’action des personnes.
Faire appel à un ergonome dès les premières phases d’un projet permet d’éviter les erreurs de conception coûteuses, de mieux ancrer les solutions dans la réalité des utilisateurs, et de favoriser leur adoption. Cette approche systémique est particulièrement précieuse dans des domaines en mutation rapide, comme l’intégration de l’intelligence artificielle dans les métiers du Groupe. Les ergonomes interviennent alors comme médiateurs entre les data scientists et les opérationnels, pour garantir que les outils développés s’intègrent harmonieusement dans les activités humaines. Les chercheurs en SHS peuvent également intervenir pour faciliter l’acceptation et l’utilisation de services IoT (internet des objets) dans l’habitat pour les clients particuliers ou aborder les problématiques de protection de la vie privée au travail en lien avec le déploiement des technologies numériques. Ils peuvent également accompagner l’introduction de technologies de Réalité Virtuelle ou Augmentée, de nouveaux services de réseaux 4G/5G au sein des installations et de jumeaux numériques au service des métiers du Groupe.
Les SHS pour maitriser la sûreté et la performance des moyens de production et de transport d’électricité
La R&D d’EDF mobilise également les SHS pour analyser les réalités du travail et garantir la sûreté et la performance des moyens de production actuels et futurs, présentant des risques industriels pour EDF et pour les populations. Cette approche multidisciplinaire permet d’intégrer les dimensions humaines, organisationnelles et sociales pour les grands projets industriels de conception, modification et la déconstruction des systèmes sociotechniques à risques (historiquement pour la production nucléaire, mais également pour la production hydraulique et le réseau de transport d’électricité).
Concrètement, les chercheurs en SHS du groupe FOH (Facteurs Organisationnels et Humains) développent des méthodes, outils et repères pour accompagner les ingénieries et les exploitants dans la conduite de différents projets industriels (nouveau nucléaire, augmentation de la durée de vie du parc nucléaire actuel, déconstruction des réacteurs, stockage des déchets) tout en répondant aux exigences des autorités de contrôle. Par exemple, dans le domaine des moyens de conduite des réacteurs nucléaires, leur expertise repose sur plus de 45 ans d’expérience, notamment depuis l’accident de Three Mile Island, qui a marqué un tournant dans la prise en compte des facteurs humains et organisationnel.
Des chercheurs en SHS (sociologie et psychologie du monde du travail, sciences de gestion, ergonomie cognitive) contribuent également au management des risques industriels, à la performance d’exploitation des moyens de production et à la maitrise de la conduite des grands projets industriels. Ils analysent les dimensions sociales, organisationnelles et managériales qui contribuent à la sûreté des installations, aux enjeux de radioprotection et de sécurité des travailleurs, à la maîtrise de la complexité et de la qualité des interventions de maintenance et d’exploitation, à la gestion des crises (nucléaire, sanitaire, cybersécurité, …) ainsi qu’à la performance des projets industriels de conception (nouveau nucléaire) ou de transformation des organisations (appui au programme de transformation de l’exploitant nucléaire, évaluation de nouvelles formes d’organisations, …) en identifiant les facteurs sur lesquels le changement doit se fonder pour leur déploiement.
Enfin, les chercheurs en SHS s’investissent également dans la formation et le transfert d’expertise entre adultes. En s’appuyant sur l’ergonomie cognitive et les innovations technologiques, ils conçoivent des environnements d’apprentissage immersifs, expérientiels et adaptés aux métiers opérationnels. Simulateurs, serious games, réalité virtuelle, storytelling, communautés de pratiques sont autant de dispositifs analysés et développés pour favoriser la montée en compétence, la prise de décision en situation et la transmission des savoirs d’expérience.