Portrait de chercheur : Solène Le Bourdiec

Quel est votre parcours ?

De formation, je suis docteur en mathématiques appliquées. Durant ma thèse, j'ai modélisé les instabilités de la magnétosphère terrestre⁽¹⁾ un sujet important pour la protection des satellites. Puis je suis arrivée à la R&D d'EDF, en 2008, où j'ai travaillé sur les couplages de codes informatiques pour des problèmes multi-physiques complexes, puis, entre 2010 et 2013, sur l'acoustique des sites de production pour en mesurer l'impact sur les riverains et la faune environnante. Nous avons, pour ce faire, développé une nouvelle méthode de calcul dans le logiciel R&D Code_Tympan que j'ai eu l'opportunité de passer en open source. Il est ainsi encore utilisé aujourd'hui, y compris par d'autres utilisateurs qu'EDF. Alors que j'avais une vision très technique au départ, ce projet m'a permis de prendre du recul. J'ai découvert que j'aimais travailler sur une vision stratégique des problématiques et c'est ce que j'ai eu la chance de faire par la suite dans le département Technologies et Recherche pour l'Efficacité Energétique de la R&D où j'ai pris la direction de projets.

⁽¹⁾ Zone au dessus de 1 000 km d'altitude dans laquelle le champ magnétique terrestre est confiné et influencé par le vent solaire

Quels projets avez-vous menés ?

J'ai commencé par concevoir, avec une équipe, une plateforme pour héberger différents outils internes liés à l'efficacité énergétique. L'idée était de concevoir un portail centralisé et convivial. Cette plateforme, ExpertEEse, est toujours utilisée par les commerciaux d'EDF aujourd'hui.

Puis, pour la filiale Dalkia, j'ai piloté le développement de la plateforme DEMix, permettant de concevoir et de piloter de façon optimale les réseaux de chaleur urbains. Ça a été un succès pour la plateforme et un nouveau cap pour moi : je travaillais avec des prestataires et des clients, et cela donnait une autre dimension à mon travail, une dimension très concrète où se mêlaient les exigences du client et ma liberté de proposer des solutions.

Que vous apporte le projet EcoCirT sur lequel vous travaillez depuis début 2020 ?

Pour moi, EcoCirT, qui vise à innover pour développer l'Economie Circulaire sur les Territoires, est une très belle opportunité associer mes compétences à mes valeurs. EcoCirT est à la fois une continuité du projet sur les réseaux de chaleur car il permet de mettre en place des réseaux de valorisation de flux à une échelle territoriale avec une approche systémique, et une innovation dans la mise en œuvre. Concevoir des processus d'économie circulaire valorise de nombreux outils existants chez EDF, notamment les travaux de 3 thèses successives que j'ai encadrées. Il faut apporter un regard neuf, une envie d'utiliser toutes les ressources possibles pour aller vers moins de carbone et réduire notre impact sur les ressources des territoires.

Au sein d'EcoCirT, en plus de contribuer à acculturer le Groupe EDF à l'économie circulaire via des formations et la transmission d'outils, j'ai contribué à la mise en place d'un démonstrateur innovant de nos travaux. Il s'agissait de piloter un projet avec les Mines ParisTech pour l'ADEME : pendant 3 ans, de 2018 à 2021, j'ai coordonné la mise en place d'un fonctionnement en économie circulaire de 20 industriels sur le port de Dunkerque. Nous en avons fait une réussite, un site vitrine de l'innovation EPIFLEX, lauréate des Trophées de la R&D. Et cela a aussi été une confirmation pour moi : j'aime le terrain, que mes idées soient confrontées au réel, aux contraintes des territoires et des partenaires. J'aime confronter la théorie à la réalité et aux besoins des clients. Et quand un projet aboutit, quelle satisfaction personnelle et collective !