Les solutions bas carbone dans l’industrie

Face à l'urgence climatique, la décarbonation de l’industrie est un enjeu clé pour l’atteinte de la neutralité carbone en France à long terme, car le secteur représente aujourd’hui 20 % des émissions CO2 eq. du pays. Pour réduire cette empreinte industrielle la R&D d'EDF se mobilise autour de cinq axes de recherche majeurs : la sobriété énergétique, l’efficacité énergétique, la substitution des énergies fossiles par des alternatives bas carbone, l’économie circulaire, et le captage, stockage et valorisation du CO2 résiduel. On vous en dit plus sur ces sujets de recherche en vidéo.

Capture écran de la vidéo ayant pour titre Les solutions R&D bas carbone pour les entreprises

Les solutions R&D bas carbone pour les entreprises
Durée : 1:31

Accompagner les industriels

« Les 3 facteurs clés de succès de l’accompagnement d’EDF auprès de ses clients pour décarboner l’industrie sont : l’expertise (et nous l’avons !), le financement (et nous avons des solutions !), l’innovation (et nous l’avons avec notre R&D et nos filiales !) »

Nelly Recrosio, Directrice Grand Comptes d’EDF

Environ 80 millions de tonnes d’équivalent CO2 sont émises par les industriels français chaque année*. Pour réduire leurs émissions, ils disposent de leviers techniques et financiers. Entretien avec Nelly Recrosio, directrice Grands Comptes chez EDF, qui accompagne les grands industriels dans cette démarche et Didier Roustan, directeur de Programme à la Recherche & Développement d’EDF, qui conçoit avec ses équipes de nouveaux outils pour concrétiser ces évolutions.

* Chimie (25 %), minéraux non métalliques, matériaux de construction (23 %), métallurgie des métaux ferreux (20 %) et agro-alimentaire (12 %). 

Nelly RecrosioDidier Roustan

Quand et comment est apparue la notion de décarbonation de l’industrie ?

NR. La prise de conscience et les actions liées à une baisse de consommation énergétique est ancienne : cela fait plusieurs dizaines d’années qu’EDF aide les industriels à diminuer leur consommation d’énergie. Mais la notion de décarbonation, c’est-à-dire de diminution des émissions de CO2 ne date que de quelques années, lorsque le sujet de la transition énergétique est devenu un thème politique et de société. La nécessité de décarboner l’industrie est devenue prégnante en France pour trois raisons. D’abord parce que la société, donc les clients des industriels, demandent des produits plus neutres en carbone tout en réclamant une production sur le territoire français. Les industriels doivent donc produire mieux, à carbone émis réduit, tout en restant compétitifs. Deuxième raison : la pression réglementaire, à la fois globale, via les engagements européens et nationaux de réduction d’émissions carbone dont la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) française, ou spécifique à l’activité industrielle, via des contraintes sectorielles. Enfin, les émissions de CO2 par les industriels seront de plus en plus pénalisées financièrement et pèseront donc de plus en plus s’ils ne veillent pas à décarboner leurs activités.

DR. Nous développons des solutions d’électrification des usages dans l’industrie depuis plusieurs dizaines d’années. Il s’agissait au départ de promouvoir une indépendance vis-à-vis des énergies fossiles, importées et aux coûts fluctuants. Désormais, cela rejoint l’intérêt qu’a l’électricité d’être peu émettrice de carbone, particulièrement lorsque comme en France, sa production repose essentiellement sur le nucléaire et les renouvelables. EDF a donc une longue expérience de l’accompagnement des industriels vers l’électrification et son corollaire indispensable qu’est l’amélioration de l’efficacité des procédés pour maintenir la compétitivité.

Quels sont les leviers à disposition des industriels ?

NR. Il y en a trois. Le premier consiste à réduire leurs émissions directes, c’est-à-dire concevoir des procédés ou des manières de produire plus efficaces énergétiquement, pour réduire la consommation d’énergies, notamment celles qui sont fortement émissives. Cela passe, par exemple, par des outils de pilotage de l’énergie, par l’amélioration de l’éclairage qui peut diminuer de 80 % sa consommation (remplacement des éclairages traditionnels néon ou halogène par des éclairages LED pilotées), par l’amélioration des parcs moteurs. Le second levier est de remplacer les sources d’énergie pour substituer les énergies fossiles, via le remplacement de fours à gaz par des fours électriques par exemple ou l’utilisation de procédés comme la compression mécanique de vapeur, qui permet de concentrer des liquides sans utiliser de combustibles fossiles, ou encore le déploiement de pompes à chaleur industrielles. Enfin, le troisième levier est la récupération : il est souvent possible de récupérer une partie de la chaleur générée dans un process industriel pour l’utiliser à proximité (chauffage, séchage, réseau de chaleur…), ce qui ne réduit pas les émissions en soi mais évite le recours à une source de chaleur qui, elle, serait émettrice car fossile.

DR. Au niveau de la R&D, nous avons mis au point plusieurs outils, adossés à notre connaissance des procédés industriels et l’optimisation des performances. Nous pouvons ainsi fournir des éléments chiffrés précis aux entreprises qui veulent modifier leurs choix énergétiques. Nous disposons d’outils d’analyse qui entrent dans une optimisation globale des performances industrielles comme l’offre Motorboard pour la consommation énergétique des moteurs, un poste qui représente 70 %(1) de la consommation énergétique d’une industrie de production. Quant à la récupération de chaleur, nous développons également plusieurs outils à destination des industriels car, là aussi, il y a des économies à faire à la fois financièrement et en termes d’émission de CO2. Je pense notamment aux modèles de pompes à chaleur adaptés aux gammes de température des industries que nous développons et à la démarche EPIFLEX dans laquelle nous apportons notre expertise de l’économie circulaire à plusieurs entreprises installées sur un même territoire.

NR. Certaines industries dont le process repose sur des produits ou des réactions chimiques intrinsèquement carbonés, ne seront jamais exemptes d’émissions de CO2. Dans ce cas, ce sont des stratégies de captage et d’utilisation du CO2 émis que nous déployons. Ce sont encore des techniques nouvelles, que nous devons explorer avec nos clients.

DR. Néanmoins, peu à peu, de nouveaux procédés sont mis au point même pour les industries les plus émettrices de CO2. J’en veux pour exemple le projet européen Siderwin auquel la R&D d’EDF participe pour transformer les procédés de fabrication d’acier.

Comment le groupe EDF accompagne ses clients industriels ?

NR. Nous les aidons à définir leur stratégie de décarbonation, nous les conseillons et pouvons aussi mettre en œuvre les pistes identifiées via les différentes filiales du groupe. Le succès de nos interventions repose sur notre expertise, les innovations développées par la R&D et notre accompagnement pour trouver des solutions de financement.

DR. Le contexte est particulièrement favorable aux projets de décarbonation car les industries sont visées par des dispositifs incitatifs liés aux objectifs européens et français. Il y a des aides financières pour les inciter à franchir le pas de la décarbonation. Dans de nombreux domaines, il existe des technologies moins émettrices matures. EDF les connaît et peut contribuer à ce qu’elles dépassent les secteurs industriels où elles sont déjà implantées. Nous aidons nos clients à constituer des dossiers concrets, chiffrés en termes de gain de performance, pour que l’investissement soit facilité dans le cadre du plan de relance ou des certificats d’économie d’énergie (CEE).

Quels sont les verrous qui restent à lever ?

NR. Du point de vue des entreprises, il s’agit surtout de trouver « le bon moment ». Les incitations financières actuelles et l’évolution des réglementations dans le futur plaident pour une stratégie de décarbonation dans l’énorme majorité cas : toutes les entreprises ont des marges de manœuvre pour augmenter leurs performances énergétiques et réduire les émissions de CO2.

NR. Même si les dossiers sont parfois complexes, l’accompagnement par nos experts permet d’établir un diagnostic et une feuille de route financée dans laquelle l’industriel est gagnant à terme. Finalement, les trois facteurs clés de succès sont : l’expertise (et nous l’avons !), le financement (et nous avons des solutions !), l’innovation (et nous avons notre R&D et nos filiales !).

(1) Source : Observatoire de l’Industrie Électrique

 

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