Deux à deux
Notre pitch
Olivier Féron, Cherheur senior à la R&D d'EDF, Directeur du laboratoire FiME : Les objectifs de ce partenariat sont de comprendre le fonctionnement des marchés de l'énergie, de les modéliser, de prévoir et gérer les risques liés aux prix d'énergie. On y développe des outils mathématiques quantitatifs pour répondre à des problématiques que peuvent se poser un énergéticien ou un fournisseur d'électricité. Ces outils permettent de gérer les risques optimalement, mais aussi de créer des contrats innovants pour les usagers ou d'aider les producteurs dans leurs décisions d'investissement.
René Aïd, Professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine - PSL, membre du laboratoire FiME : Les problèmes des opérationnels des marchés de l'énergie sont des problèmes compliqués. Que vous soyez un producteur d'électricité, un trader ou un fournisseur d'électricité au marché de détail, vos problèmes font intervenir un grand nombre de facteurs d'incertitude, un grand nombre de variable de décision. Notre métier est de trouver des modèles de décision qui présentent le meilleur compromis possible entre simplicité et réalisme, pour offrir des résultats fiables aux opérateurs dans des temps compatibles avec leur métier et leur processus.
Notre bilan
R. A. : En 17 ans, nous avons publié plusieurs centaines d'articles, mais nous avons également déposé des brevets, des brevets d'invention à partir des méthode mathématique que nous avons développées pour le contrôle de la consommation électrique. Ces méthodes font maintenant partie de la panoplie des outils utilisés par les opérationnels pour gérer et pour appréhender les risques sur les marchés de l'énergie. Je suis très fier de ces résultats.
O. F. : En plus de ces outils, il y a, chez EDF, une compétence qu'on vise en recrutement et qui est très difficile à trouver, c'est celle des mathématiques financières, où dans ce domaine nous sommes en concurrence avec les banques pour recruter des bons profils. Le laboratoire FiME a permis à la R&D d'EDF de recruter un très grand nombre d'étudiants. Un chiffre : environ 20 % des doctorants ou post-doctorants qui sont passés par le laboratoire ont été recrutés par la R&D d'EDF. Et ça aussi, c'est une très grande fierté et une très belle réussite pour ce partenariat.
Nos galères
O. F. : L'approche mathématique quantitative pour certaines applications est différente des approches classiquement utilisées. C'était une prise de risque, mais on y croyait et on a réussi à montrer la vraie valeur ajoutée de ces approches.
R. A. : Je crois que la grosse difficulté dans ce partenariat, c'est de parvenir à traduire, à travers des modèles mathématiques, les préoccupations des opérationnels et de nos partenaires, et de les convaincre que ces mêmes modèles et les réponses qu'ils apportent correspondent à ces préoccupations. Mais je crois que le vrai défi, c'est de parvenir à enclencher ce cercle vertueux dans lequel on adresse des problèmes à travers de la modélisation mathématique et qui nous permettent de cerner progressivement les questions et les réponses.
Nos solutions
R. A. : L'Université Paris-Dauphine dispose des compétences clés pour ce partenariat, pour comprendre les marchés de l'énergie, pour modéliser le comportement des acteurs dans ce marché. C'est une faculté de sciences de gestion qui fait de l'économie, de la finance, des mathématiques appliquées, en particulier de l'optimisation et du contrôle stochastique, discipline des mathématiques appliquées qui lui ont valu une distinction remarquable qui est une médaille Fields.
O. F. : Une des grandes réussites de ce laboratoire, c'est son aspect pluridisciplinaire. Il compte aujourd'hui des économistes, des mathématiciens, des statisticiens, des théoriciens des jeux et tout le monde arrive à se parler et à se comprendre. Aujourd'hui, on cherche à y intégrer des climatologues, des sociologues, des politologues pour répondre aux problématiques actuelles.
Nos ++ partenaires
O. F. : Concernant l'apport de chacun, en général, les chercheurs académiques viennent avec leur expertise et leur veille scientifique, même si chez EDF, on a notre propre expertise et notre veille scientifique. On arrive avec nos problématiques métiers et nos données. La collaboration se fait aussi sur la partie formation qui est un objectif de ce partenariat. Les chercheurs académiques viennent chez EDF pour former les ingénieurs EDF et les ingénieurs EDF participent à la formation des étudiants en intervenant dans les masters et en co-encadrant des doctorants et des post-doctorants.
R. A. : Je suis heureux de travailler avec des ingénieurs chercheurs qui m'amènent des problèmes nouveaux, des problèmes difficiles et des problèmes avec d'importants enjeux sociétaux et économiques. Par ailleurs, cette structure, par sa pérennité, par l'engagement de long terme qu'elle représente, c'est une garantie pour les chercheurs académiques de pouvoir s'investir rééllement sur des problèmes difficiles.
Notre avenir
R. A. : Il y a beaucoup d'aspects dans l'avenir de ce partenariat, de ce laboratoire FiME, mais il y en a un qui me tient particulièrement à cœur, c'est l'intégration de jeunes ingénieurs chercheurs et de jeunes enseignants-chercheurs côté académique. Tous ces jeunes sont porteurs d'un regard nouveau sur les questions de transition écologique et de transition énergétique. Mais ils sont aussi porteurs d'une appétence et d'un goût pour la modélisation mathématique. Il est important pour nous de parvenir à inclure toute cette jeune génération parce que cette jeune génération, c'est le laboratoire de demain.
O. F. : Concernant les thèmes du laboratoire, la chaire Finance et Développement Durable, on est donc naturellement dans les thèmes actuels. Mais le partenariat a su s'adapter, faire évoluer ces domaines d'activité. J'en citerai un en particulier qui est la finance verte, qui est une problèmatique actuelle. C'est un axe d'activité qui s'est naturellement intégré dans les thèmes du laboratoire.