Une soixantaine de personnes, incluant des chercheurs de la R&D d’EDF, du CNRS, de l’IFREMER, de l’INRAE et des représentants des différents métiers EDF, se sont retrouvés le 18 juin pour partager les premiers résultats des projets de recherche du programme Thermie Hydrobiologie 2023-2027 lors un point d’étape à mi-parcours. Un temps fort pour ce programme fondamental vis-à-vis des enjeux environnementaux liés aux rejets thermiques des Centres Nucléaires de Production d’Électricité (CNPE).

Un peu d’histoire

Ce séminaire, orchestré par Anthony Maire, ingénieur chercheur au Laboratoire National d’Hydraulique et Environnement de la R&D d’EDF, a été l’occasion de rappeler les grandes dates du programme Thermie-Hydrobiologie 2023-2027 et de faire le point sur son avancement à mi-parcours.

Ce programme de recherche s’intéresse à l’incidence de l’augmentation de la température de l’eau sur les écosystèmes aquatiques, dans un contexte de dérèglement climatique et d’échauffement additionnel par les rejets thermiques des CNPE. Il s’agit d’un programme de recherche prioritaire pour EDF dont le budget sur la période 2023-2027 s’élève à près de 5 millions d’euros. Il s’inscrit dans une longue tradition d’études initiées dès les années 1970, en réponse aux préoccupations liées aux impacts des rejets thermiques des centrales électriques sur l’environnement. Il a connu un tournant majeur après la canicule de 2003, révélant l’urgence de mieux comprendre les effets conjugués du réchauffement climatique et des rejets thermiques sur les milieux aquatiques.

Un programme pour la préservation de la biodiversité

Catherine Halbwachs, directrice projet Adapt et RSE à la DPNT a introduit cette journée en rappelant toute la place et l’importance de ce programme qui permet de mener des recherches afin d’« avoir un temps d’avance sur les solutions à développer pour préserver l’environnement car il y a urgence à agir ! L’environnement et l’eau ont pris une place majeure et il y a, pour EDF, une obligation à s’engager fortement pour trouver des solutions adaptées concernant la qualité, la quantité et la thermie de nos rejets. »

La journée s’est articulée en trois temps :

  1. écosystèmes fluviaux ;
  2. écosystèmes côtiers et estuariens ;
  3. ripisylves.

Doctorants et encadrants ont présenté huit projets et mis en lumière les premiers résultats et leurs perspectives d’ici la fin des projets. Une séquence en fin de journée était dédiée à la présentation des activités de la R&D d’EDF en lien avec les ripisylves (en savoir plus sur les ripisylves).

Ces présentations ont pu illustrer les grands objectifs du programme Thermie-Hydrobiologie 2023-2027 à savoir :

  1. caractériser quantitativement les effets de la modification de la température de l’eau sur les organismes et écosystèmes fluviaux, et de plus en plus également sur les milieux estuariens et côtiers ;
  2. évaluer la contribution respective du changement climatique sur les modifications biologiques observées par rapport à celle induite par les rejets thermiques des CNPE ;
  3. alimenter scientifiquement et de manière objective les réflexions en cas de situation climatique exceptionnelle ;
  4. travaux de restauration des berges et de la végétation aux abords des rivières pour atténuer les effets du changement climatique.

Quelle suite pour le programme ?

La suite et fin des différents projets, qui aboutiront à la co-rédaction avec les partenaires scientifiques d’une synthèse du programme Thermie Hydrobiologie 2023-2027, dont la diffusion est prévue en 2027, ainsi qu’à une journée de restitution publique des résultats en 2028.

Projets contribuants au programme Thermie-Hydrobiologie 2023-2027

Thèse de Juliette VALLIN : Impacts des changements climatiques sur la structure des réseaux trophiques des fleuves français – sous la direction d’Anthony MAIRE, Mathieu FLOURY, Martin DAUFRESNE, Arnaud SENTIS - INRAE

Thèse de Julia WATSON : Caractérisation des adaptations physiologiques des poissons en réponse à l’augmentation de la température de l’eau dans un contexte de réchauffement global des rivières - sous la direction de Loïc TEULIER et Martin DAUFRESNE – CNRS, INRAE

Thèse de Marion SIRE : Réponses fonctionnelles des communautés microbiennes benthiques de rivières aux fluctuations environnementales associées aux changements globaux – sous la direction de Stéphanie BOULÊTREAU, Chloé BONNINEAU et Joséphine LEFLAIVE – CNRS, INRAE

Post-doc d’Hanieh SEYEDHASHEMI : Évolution des associations température-débit sous changement climatique et conséquences sur les processus migratoires des poissons - sous la direction d’Anthony MAIRE, Hilaire DROUINEAU et Florentina MOATAR – équipe commune « HYNES » EDF-INRAE

Thèse de Lucas GREINER : Tendances à long-terme, couplages bentho-pélagiques et changements de régimes des écosystèmes côtiers en Manche dans un contexte de changement global – sous la direction de Mathieu CHEVALIER et Stanislas DUBOIS – Ifremer

Thèse d’Elisa SNIECINSKI : Effets de la hausse de température et d'événements extrêmes sur la physiologie et le comportement du bar Européen, Dicentrarchus labrax, de populations d'Atlantique - sous la direction de Marie-Laure BEGOUT, David MCKENZIE et Benjamin GEFFROY – Ifremer, CNRS

Thèse de Tristan Halna du Fretay : Modélisation des effets synergiques des stress multiples sur la fonctionnalité de nourricerie des estuaires. De l'individu à la population et au réseau trophique - sous la direction d’Hilaire DROUINEAU, Benjamin SADOUL et Jérémy LOBRY – INRAE, Institut Agro

Feuille de route « Ripisylves » (PDF - 6,6 Mo) : Trois actions de recherche visant à investiguer le potentiel d’atténuation des effets du changement climatique sur les rivières et la biodiversité associé aux ripisylves - Antonin Conan, Laurence TISSOT et Anthony MAIRE – EDF R&D

Publications scientifiques

Les publications scientifiques sont indispensables pour partager les résultats de recherche auprès de la communauté scientifique et des différents publics, de contribuer à l’avancement des connaissances et valider la qualité scientifique des travaux autour de la thermie hydrobiologie. La phase de valorisation scientifique du programme débute tout juste, avec la publication d’un premier article intitulé « Rapid and reversible plasticity of upper thermal limit, but no effects of multigenerational warming in medaka ». L’ensemble des résultats produits au cours de ce programme de recherche seront publiés et diffusés auprès de la communauté scientifique et des autorités compétentes.