Quand pourrons-nous utiliser l'informatique quantique pour nos besoins industriels  ? EDF Lab Paris-Saclay a accueilli la conférence TQCI (Teratec Quantum Computing Initiative) , dédiée aux attentes de l’informatique quantique pour les trois à cinq prochaines années et aux défis à relever pour y répondre . Organisée sur deux jours en collaboration avec EDF , Teratec et Naval Group , elle a été l’opportunité d’échanger avec des experts académiques , des industriels et des fabricants de matériels quantiques et d’aborder les défis techniques actuels ainsi que les progrès récents en matière d'ordinateurs et d'algorithmes quantiques mais aussi dans le domaine des capteurs quantiques .

Durant ces deux jours, de nombreux intervenants reconnus dans le domaine sont intervenus :

  • Des académiques : CNRS, Ecole Polytechnique, ENSTA, Université Paris-Saclay, ENS de Lyon, Université Catholique de Louvain, Université de Strasbourg, LIP6, LIMOS, LOMA, QCMX Lab
  • Des organismes de recherche : BRGM, Inria, ONERA, Sussex center for Quantum Technologies, EPRI
  • Des industriels : EDF, Thales, Naval Group, Exail, Eviden, Google Quantum AI, Q-Cat
  • Des fabricants de matériels quantiques : Pasqal, Quandela, Alice&Bob, IQM, Quobly, Welinq, QuEra, Kwan-Tek, C12, Quantinuum, Universal Quantum

Etienne Décossin - Responsable du programme Technologies de l'Information de la R&D d’EDF a introduit le séminaire :
« Depuis cinq ans, la R&D d’EDF explore les opportunités de l’informatique quantique pour déterminer comment cette technologie pourrait apporter des avancées fondamentales au secteur de l’énergie. Nous avons identifié de nombreux domaines pour lesquels l’informatique quantique apporterait des solutions : la sécurité, la simulation des matériaux, ou encore l’optimisation des systèmes électriques. Je suis heureux de voir qu’aujourd’hui, nous avons un écosystème solide avec des fabricants de machines quantiques, des développeurs d’algorithmes quantiques, des experts académiques avec lesquels nous nouons de nombreux partenariats. La R&D est ainsi montée en compétence sur les algorithmes quantiques et a d'abord réalisé des tests sur des simulateurs de machines quantiques. Nous sommes maintenant fiers de mener des tests sur des machines réelles avec des cas d’usage industriels concrets. Nous vivons un moment crucial pour déterminer si nous pouvons appliquer cette technologie pour nos besoins industriels. Qu’est-ce qui nous sépare des 1000 qubits logiques aujourd’hui ? Sommes-nous prêts en tant qu’utilisateurs finaux à recevoir de telles machines dans un avenir proche ? Quelles sont les limitations que nous attendons en termes de matériel, d’intégration logicielle, ou encore d’algorithme ? Cette conférence vise à montrer des points de vue sur ces limites et à trouver ensemble des moyens de les aborder. »

Les grandes thématiques du séminaire

Les obstacles à une utilisation en industrie

Joseph Mikael, chef de projet Informatique et Technologies Quantiques à la R&D d'EDF, a restitué ses échanges avec divers industriels (Naval Group, Crédit Agricole, La Poste, SNCF, Renault, Thales, CEA), qui devaient répondre à la question : "Si vous disposiez de 1 000 qubits logiques demain, quels seraient les obstacles à une utilisation opérationnelle ?". Les réponses allaient de problématiques de ressources humaines aux défis liés à l'intégration logicielle.

Le passage à l'échelle du calcul quantique

Des académiques ont présenté les verrous techniques qui freinaient le passage à l'échelle des machines quantiques. Les start-ups ont ensuite répondu à ces défis en présentant leurs dernières feuilles de route.

Les algorithmes quantiques

Pourquoi est-ce fondamental de travailler sur les algorithmes quantiques ? Car nos algorithmes classiques ne sont pas directement transposables sur les ordinateurs quantiques. Il faut concevoir de nouveaux algorithmes, ce qui constitue un domaine de recherche très actif aujourd’hui : applications industrielles des algorithmes quantiques, correction des erreurs, machine learning quantique. 
Plusieurs chercheurs de la R&D d'EDF ont pris la parole :

  • Introduction d’Antoine Michel - ingénieur chercheur qui travaille sur les apports du quantique pour la simulation des matériaux à l’échelle atomique
  • Ulysse Rémond - doctorant sur l'utilisation de méthodes basées sur les éléments finis en informatique quantique pour la mécanique de la rupture et la thermodynamique
  • Naomi Chmielewski - doctorante sur le Quantum Reservoir Computing, une méthode prometteuse mariant le machine learning et l’informatique quantique trouvant des applications dans la prévision de séries temporelles
  • Jesua Epequin – data scientist au centre R&D Chine sur le potentiel de l'informatique quantique pour faire progresser les tâches d'apprentissage automatique

Les capteurs quantiques

Application émergente de la technologie quantique, les capteurs quantiques offrent une sensibilité et une précision unique, et pourraient révolutionner la détection dans de nombreux domaines. Bernard Sartre (EDF - DISC), référent technique END (Essais Non Destructifs) s’est notamment exprimé sur les opportunités offertes par les capteurs quantiques pour les essais non destructifs.