Sur la retenue de Lazer, dans les Hautes-Alpes, la R&D d’EDF transforme une centrale photovoltaïque flottante en véritable terrain d’expérimentation scientifique. Objectif : mieux comprendre l’impact de ce type d’installation sur l’environnement, en particulier sur l’évaporation de l’eau, un enjeu crucial dans un contexte de changement climatique.
Réduire l’évaporation des plans d’eau : un enjeu encore peu quantifié
La couverture d’un plan d’eau par une centrale solaire flottante permet de limiter l’évaporation, préservant ainsi la ressource en eau notamment pour l’irrigation agricole, la fourniture d’eau potable ou la production hydroélectrique. Cependant trop peu d’études ont été menées jusqu’à présent pour pouvoir quantifier de façon précise et scientifique cette réduction d’évaporation.

La retenue de Lazer dans les Hautes-Alpes
Un dispositif inédit en France
Depuis plusieurs mois, les équipes de la R&D d’EDF, en partenariat avec Athos Environnement, déploient un dispositif de monitoring de haute précision sur deux radeaux instrumentés. L’un est positionné au cœur de la centrale solaire flottante, l’autre sur une zone d’eau libre, sans panneaux. Cette configuration permet de comparer les niveaux d’évaporation entre les deux zones et d’évaluer l’effet « couvercle » des panneaux solaires sur la retenue d’eau.

Emplacements des deux radeaux instrumentés
Une instrumentation scientifique de pointe
Les radeaux sont équipés de capteurs météorologiques (température, humidité, rayonnement solaire, vent), de sondes de température dans l’eau, et surtout de capteurs d’évaporation innovants, capables de mesurer la vitesse ascendante de l’air et son taux d’humidité. Ces données sont essentielles pour valider les modèles numériques.

La relève des données du radeau instrumenté

Un technicien s'approchant d'un radeau instrumenté
Quand les mesures valident les modèles : la méthode R&D d’EDF
Dans le cadre d’une thèse menée à la R&D d’EDF, un modèle numérique innovant a été développé sous « Code_Saturne » (CFD) pour simuler le microclimat autour de la centrale solaire flottante de Lazer. Ce modèle prend en compte la forme du site et le type de flotteurs utilisés.
Les premières données sont en cours d’analyse. Elles permettront à la fois de comparer l’évaporation avec et sans panneaux, et de vérifier la fiabilité du modèle numérique. Ce travail de recherche a déjà été reconnu par la communauté scientifique, avec des présentations prévues dans deux grands congrès internationaux cette année : le congrès annuel de la Société Française de la Thermique (SFT) et à la conférence de l’American Meteorological Society (AMS).
Une première en France
Ce type de mesure est quasi inédit à l’échelle mondiale : seuls deux autres sites (au Brésil et en Sicile) ont mené des estimations similaires, mais sans atteindre ce niveau de précision. En France, la R&D d’EDF est la seule à conduire ce type de recherche appliquée sur le photovoltaïque flottant.
Des résultats prometteurs
Les premières données confirment une réduction mesurable de l’évaporation sous les panneaux. Ces résultats, encore en cours d’analyse, pourraient à terme alimenter les réflexions sur la gestion de l’eau dans les retenues hydroélectriques, tout en optimisant la performance des centrales solaires (les panneaux étant plus efficaces lorsqu’ils sont refroidis par l’eau).
Cette approche, testée sur une installation de grande taille en conditions réelles, offre des résultats fiables et concrets. Elle pourra ainsi aider les porteurs de projets et exploitants du groupe EDF à mieux anticiper les effets du photovoltaïque flottant sur la ressource en eau, en particulier dans les retenues hydrauliques.

Une collaboration exemplaire
Ce projet mobilise plusieurs entités : la R&D d’EDF, EDF Renouvelables, le Centre d’Ingénierie Hydraulique (CIH), ainsi que le partenaire technique Athos Environnement, qui a conçu et installé les radeaux instrumentés. Une belle collaboration qui illustre la capacité d’EDF à innover collectivement, en croisant les expertises scientifiques, industrielles et environnementales.