Depuis 2008, un Officier Sapeur-Pompier Professionnel est présent à temps plein sur chacun des sites nucléaires, en appui-conseil aux équipes EDF. Mathieu Sottizon, jeune isérois de 40 ans, a rejoint la centrale de Saint-Alban Saint-Maurice début 2025. Mis à disposition par le SDIS 38, il succède au commandant Thierry Chenal, qui a fait valoir ses droits à la retraite. Devenir pompier, c’est un rêve de gosse dont Matthieu a fait une réalité dès ses 18 ans, en intégrant le corps des sapeurs-pompiers professionnels de Paris. De concours en formations, de la banlieue parisienne au groupe de recherche et d’intervention en milieu périlleux, Matthieu a enchaîné les expériences et gravi les échelons. Il est ravi d’intégrer les équipes de la centrale et de leur apporter son expertise de la maîtrise du risque incendie, enjeu majeur du site industriel.
Matthieu, peux-tu nous décrire les grandes lignes de ton parcours professionnel ?
A 18 ans, alors que je préparais un BTS, j’ai arrêté mes études car elles ne correspondaient pas du tout à mes aspirations. J’ai passé les tests afin d’intégrer l’école militaire des sapeurs-pompiers de Paris. J’ai toujours voulu être pompier en fait. Ma maman et d’autres membres de la famille l’étaient avant moi. Après 4 mois de formation, j’ai pu choisir mon affectation dans une compagnie Incendie de Seine Saint-Denis où je suis resté 6 ans. J’ai pu évoluer rapidement et prendre des responsabilités, jusqu’à encadrer chaque jour 19 soldats du feu.
Mais ce qui m’attirait depuis toujours, c’était le secours en montagne. Je suis donc redescendu en Isère, ma région natale. J’ai eu la chance de pouvoir choisir mon affectation et intégrer le GRIMP (Groupe de recherche et d’intervention en milieu périlleux) au sein de la caserne support à Seyssinet Pariset près de Grenoble. Durant 10 années en tant qu’équipier, chef d’équipe puis chef d’agrès, j’ai participé à des interventions classiques comme le secours à personne, le secours routier et l’incendie mais aussi mener des opérations qui nécessitent des compétences et du matériel spécifique du fait des conditions d’intervention en hauteur, en profondeur ou dans des zones difficiles d’accès (grues, ravins, canyons …) C’était une expérience passionnante.
Un tremplin qui te conduira jusqu’en caserne …
En effet, en 2016, j’ai été affecté à la caserne de Moirans, tout en gardant la spécialité d’intervention en milieu périlleux, ce qui était très rare à l’époque. En 2019, j’ai rejoint la caserne de la Côte Saint-André. Au fil de ces années, j’ai progressivement évolué en grade. Mon parcours a été scindé à plusieurs reprises par des mises à disposition au profit du groupement formation. J’ai eu le plaisir d’encadrer en tant que formateur référent des formations d’intégration de Sapeurs Pompiers Professionnels durant 4 mois.
En 2020, j’ai passé le concours national d’officier. Promu lieutenant 1ère classe, j’ai été recruté comme officier d’encadrement à la caserne de Vienne. Hasard des rencontres, c’est Thierry Chenal, mon prédécesseur à la centrale, qui m’a recruté ! Je suis ensuite parti pour Aix en Provence pour 53 semaines de formation officier à l ’ENSOSP (Ecole Nationale Supérieure des Officiers de Sapeurs Pompiers).
Je suis resté à la caserne de Vienne jusqu’en janvier 2025 où j’ai rejoint la centrale de Saint-Alban. Je suis mis à disposition du SDIS pendant 3 ans, à temps plein. Je conserve néanmoins mes astreintes sur les secteurs du pays roussillonnais et de Bièvre Chambaran, ce qui représente environ 6 jours par mois.
Qu’est-ce qui t’a conduit à postuler à la centrale ?
J’avais très envie de découvrir un milieu industriel dans lequel l’incendie présente un risque majeur, comme une centrale nucléaire. Cette mission est une formidable opportunité pour moi de travailler avec des gens liés à la prévention et la prévision incendie, mais qui ont un autre cheminement intellectuel, une autre culture que celle des pompiers.
Je vais pouvoir m’enrichir d’autres expériences et façons de travailler et c’est ce qui m’attirait dans ce poste.
J’ai eu l’occasion de visiter le site lors d’un arrêt de tranche il y a quelques années, à l’invitation de Jennifer Keruzore qui était OSPP avant Thierry Chenal. Tous mes prédécesseurs m’ont dressé une image très positive de leur passage à Saint-Alban, ce qui m’a évidemment conforté dans ma décision de rejoindre le site.
Quelles sont tes missions principales ?
Les missions de l’OSPP sont régies par une convention qui lie la centrale au SDIS 38.
J’accompagne les membres de la cellule « Maîtrise du risque incendie » dans leurs réflexions pour la mise en place de mesures de prévention et de prévision, en apportant un regard neuf sur le risque incendie.
Je contribue à la formation des équipes d’intervention et des directeurs des secours, notamment au travers des exercices et des entraînements.
Pour mener à bien ces missions, je vais sur le terrain tous les jours, pour rencontrer les équipes, notamment les équipes de quart de la conduite, mais aussi les partenaires industriels sur les chantiers à fort enjeu incendie.
J’assure un lien permanent entre le SDIS 38 et la centrale en étant le point d’entrée des pompiers, une mission de liaison très importante. Je travaille d’ailleurs sur la préparation de la réunion de bilan annuel entre la centrale et le SDIS, qui a lieu le 14 mars.
Quelles sont tes premières impressions après 2 mois sur le site ?
J’ai été marqué par l’excellent accueil que j’ai reçu dès mon arrivée. J’ai tout de suite eu la chance de rencontrer des agents ouverts et disponibles pour m’aider, ce qui est très facilitant quand on arrive dans un environnement nouveau. Le milieu industriel, la taille et la physionomie du site, les exigences sécuritaires … tout est tellement différent du monde de la caserne.
J’apprends tous les jours et j’essaie de me familiariser avec le jargon du nucléaire, ce qui n’est pas simple. Mon principal challenge aujourd’hui, c’est de comprendre le fonctionnement de la centrale. Je sais que je peux m’appuyer sur mes collègues du pôle MRI pour répondre à mes questions et je pourrai peut-être intégrer un cursus de formation prochainement.
Et dans la vie, as-tu des passions ?
Je suis passionné de sport, essentiellement de grimper de corde. Outre le plaisir de la pratique en loisir, via des challenges individuels ou en équipe, cette discipline m’a été très utile dans mes missions de secours. Je pratique également le VTT.
Je suis papa de 3 jeunes enfants, ce qui occupe bien mon temps libre également !
Merci Matthieu et bonne continuation dans tes fonctions !
