L'ambition solaire en partage

Aux côtés des autres sources d’énergie bas carbone, le solaire photovoltaïque a un rôle clé à jouer dans la transition énergétique en France. Voilà pourquoi le groupe EDF a annoncé, fin 2017, le lancement d’un vaste plan de développement. Dans ce cadre, et compte tenu notamment de leurs objectifs de réduction des émissions de CO2, les collectivités locales s’imposent comme des partenaires de premier rang.

Le taux d’énergies renouvelables dans la consommation totale d’énergie en France d’ici à 2030 devra s’élever à 32 % (contre 18,4 % en 2017), selon la loi de transition énergétique pour la croissance verte. Atteindre ce seuil suppose de pouvoir s’appuyer sur un mix énergétique équilibré où le solaire photovoltaïque, solution inépuisable, fiable et performante, aura toute sa place. Et cela, d’autant plus que le contexte actuel lui est favorable.

« La baisse du coût des équipements, le progrès technique et l’urgence climatique font monter la cote du photovoltaïque, qui fait l’objet d’un appui fort de la part des pouvoirs publics », explique Nicolas Couderc, directeur France et énergies réparties chez EDF Energies Nouvelles (EDF EN), filiale d’EDF. Le dispositif de soutien public, qui repose notamment sur les appels d’offres lancés par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), encourage la mise en service de nouvelles installations par la garantie d’un tarif d’achat de l’électricité photovoltaïque injectée sur le réseau. Fin 2017, les volumes octroyés par le biais de ces appels d’offres ont été revus à la hausse (de 1,5 à 2,5 gigawatts-crête par an), avec pour effet de donner davantage de visibilité à la filière.

 Autant de raisons qui ont conduit le groupe EDF à lancer le Plan Solaire, avec pour objectif de se hisser au premier rang des acteurs opérant dans ce secteur. Entre 2020 et 2035, le Groupe souhaite développer des installations photovoltaïques en France pour un total de 30 GWc, soit quatre fois les capacités de production d’énergie solaire installées dans le pays aujourd’hui…

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Centrale photovoltaïque de la Fossette, située à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône (13) ©Vincent Negrerie

Un gros effort de prospection

L’accélération de la prospection foncière s’impose comme une clé de succès pour le Plan Solaire du groupe EDF. Sur les 30 GWc annoncés, plus de la moitié devra être réalisée au sol, ce qui représente environ 20000 hectares de terrains à identifier. Le reste sera réalisé en toiture, ce qui impose, là encore, d’identifier les sites favorables à de telles installations.

Sous l’impulsion d’EDF Energies Nouvelles, pilote de l’ambition du groupe EDF, l’activité de détection de sites susceptibles d’accueillir des fermes solaires monte actuellement en puissance. La première cible visée n’est autre que le patrimoine foncier du Groupe : des terrains disponibles ont, par exemple, été repérés dans le périmètre de centrales électriques thermiques, nucléaires et hydrauliques. De plus, en dehors de ce périmètre foncier, EDF EN prospecte en priorité du côté des friches industrielles, anciennes carrières ou centres d’enfouissement de déchets, délaissés autoroutiers ou ferroviaires et s’intéresse également aux zones inondables. Mais cela ne suffira pas; un effort particulier de prospection foncière doit être réalisé pour identifier les sites qui pourraient accueillir des centrales photovoltaïques (lire page 16).

Et, à cet égard, ce sont les collectivités territoriales qui disposent de la meilleure connaissance possible du potentiel de leurs territoires. Par ailleurs, « qu’elles soient ou non propriétaires du terrain identifié pour construire une centrale, l’engagement des collectivités concernées est déterminant pour la viabilité d’un projet », souligne Jean-Jacques Koubi, chef de projet au sein de la direction Collectivités d’EDF.

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Une nouvelle centrale photovoltaïque vient d’être inaugurée au Fouilloux en Charente-Maritime (17) ©The Pulses

Concilier écologie et économies

Quels avantages y a-t-il, pour une collectivité locale, à se tourner vers le solaire ? C’est d’abord la garantie d’une nouvelle ressource financière, propre à contribuer au développement local. « La construction et l’exploitation des centrales sont financées par EDF Energies Nouvelles, précise Nicolas Couderc.

En mettant à disposition leurs surfaces au sol, les villes et les communautés de communes s’assurent, pendant vingt ans au moins, un revenu régulier issu de leur location. » Même dans les cas où les terrains appartiennent à des particuliers ou des industriels, les retombées fiscales bénéficient directement aux collectivités. En effet, la production d’électricité donne lieu à la perception de revenus locaux, comme l’imposition forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER).

Favoriser la mise en service de centrales solaires, c’est aussi, pour les territoires, une manière de concrétiser leurs engagements en matière de transition énergétique, d’améliorer leur image et de « booster » leur attractivité. « Il faut y voir un levier permettant de revaloriser des terrains inutilisés et réputés difficiles à reconvertir ou à réindustrialiser, complète Catherine Bourg, directrice adjointe du Développement région Nord chez EDF EN. Il y a donc, en quelque sorte, un double effet “développement durable“. » En outre, le fait que les sites retenus soient rarement qualifiés pour d’autres usages joue en faveur de l’acceptation des projets par les populations.

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illustration panneaux photovoltaïques ©Getty Images / ArtJazz

Au plus près des collectivités Premier producteur d’énergies renouvelables en France, le groupe EDF dispose d’une expertise reconnue, notamment dans le développement, la construction et l’exploitation-maintenance de grandes centrales solaires. « Ce savoir-faire technique s’enrichit des solutions que nous sommes capables de déployer pour suivre et optimiser la production photovoltaïque, à l’image du stockage d’énergie ou des dispositifs d’autoconsommation », ajoute Nicolas Couderc. Autre atout: la maîtrise de la totalité des étapes des projets. De l’étude de faisabilité jusqu’au démantèlement des installations et à la remise en état complète des sites, EDF EN accompagne ses partenaires sur le long terme. Dans ce processus, une attention particulière est portée aux aspects environnementaux. Gérées en concertation avec les acteurs locaux, l’intégration paysagère et la préservation de la faune et de la flore sont des priorités. « Les informations compilées lors de la réalisation des études d’impact nous aident à identifier les enjeux et à définir les mesures appropriées, s’agissant notamment de la protection des espèces sensibles », indique Catherine Bourg. L’intervention d’EDF EN prend également la forme de démarches de proximité auprès des porteurs de projet: présentation et pédagogie des projets auprès des instances délibérantes (conseil municipal, conseil communautaire), mais également auprès des riverains et des acteurs locaux du territoire, sollicitation des compétences locales lors de la phase de réalisation-d’exploitation, etc. Ce dernier point, qui contribue à favoriser le développement de l’activité et de l’emploi, illustre la volonté d’EDF EN de dynamiser l’économie à proximité des sites. Faire appel à EDF Energies Nouvelles, c’est enfin s’appuyer sur un partenaire capable et désireux de supporter l’exploitation d’installations industrielles pendant des dizaines d’années, dans le cadre de véritables projets de territoire et en lien étroit avec les collectivités concernées. Le watt-crête est la puissance électrique maximale pouvant être fournie par une installation photovoltaïque dans des conditions standards pour 1000 watts d’intensité lumineuse par mètre carré à une température ambiante de 25 °C

DANS LE CADRE DES APPELS D’OFFRES SOLAIRES DE LA CRE, TROIS CRITÈRES PRÉSIDENT À LA DÉSIGNATION DES PROJETS LAURÉATS :
  • le coût d’achat de l’électricité (70 % de la note) ;
  • l’impact carbone global (21 %) ;
  • la pertinence environnementale, qui correspond aux projets menés sur des sites dégradés (9 %).

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Sur la base des résultats des derniers appels d’offres, le coût de la production photovoltaïque au sol s’établit actuellement entre 55 et 65e / MWh.
Selon l’ADEME, la construction de 1 MWc de capacités de production d’énergie solaire crée entre cinq et dix emplois directs.

 

UN RETARD À RATTRAPER SUR LES LEADERS EUROPÉENS

Après un décollage rapide du solaire en France à la fin des années 2000, le moratoire décidé par le Gouvernement fin 2010 a porté un coup d’arrêt au dynamisme de la filière. L’objectif poursuivi était alors de combattre une bulle spéculative, alimentée notamment par les subventions de l’État et se traduisant par une multiplication des produits financiers basés sur la filière solaire. Conséquence : le pays est aujourd’hui largement distancé par ses voisins européens. La production photovoltaïque représente seulement 1,8 % de la production nationale d’électricité, contre 6 % en Allemagne et 3,5 % au Royaume-Uni. Pour autant, le potentiel de la France est réel puisqu’elle dispose de la cinquième ressource en Europe en termes d’ensoleillement. L’objectif de développement du solaire photovoltaïque dans l’Hexagone a été fixé, dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie, entre 18,2 et 20,2 GWc de puissance installée à l’horizon 2023.

Trois centrales solaires en phase avec les enjeux territoriaux

Focus sur trois projets de centrales solaires dispersés sur le territoire national. Caractéristiques, particularités, rendement… Découvrez comment profiter d’une énergie locale et renouvelable.

Toul-Rosières : réhabiliter une friche militaire de 367 hectares

Pour construire la centrale solaire de Toul-Rosières en Meurthe-et-Moselle (54) – l’une des plus grandes d’Europe – sur les lieux d’une ancienne base aérienne de l’OTAN, EDF EN a mené une lourde opération de réhabilitation : désamiantage et démolition des anciens bâtiments militaires, dépollution des sols et démantèlement de cuves à hydrocarbures. Les zones naturelles sensibles ont été respectées, grâce à des mesures telles que la construction de gîtes pour reloger les chauves-souris qui s’étaient installées dans les bâtiments désaffectés ou la surélévation de rangées de panneaux photovoltaïques pour le maintien d’une activité pastorale. En accueillant un Conservatoire des armées ainsi qu’une Maison de l’énergie solaire, la centrale a enfin contribué à l’essor d’une nouvelle activité touristique.

  • 55000
    habitants

    Un productible équivalent à la consommation électrique annuelle de 55000 habitants

La Fossette : un projet adapté à un site industriel complexe

Mise en service en 2017, la centrale photovoltaïque de la Fossette est située à Fos-sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône (13) sur un site industriel sensible exploité par ArcelorMittal. Elle permet de fournir en électricité l’équivalent de la consommation de 7 400 personnes. Le point clé de l’intervention d’EDF EN a consisté à identifier et intégrer les défis et les contraintes liés à la sécurité industrielle. D’où un travail en collaboration étroite avec des bureaux d’études spécialisés, les services de l’État et ArcelorMittal. Résultat : un projet cohérent et compatible avec les impératifs du client, offrant à la fois une diversification des activités accueillies et une optimisation de la surface foncière.

  • 12 MWc

    de capacité installée

Le Fouilloux : énergie verte et valorisation du patrimoine local

Une nouvelle centrale photovoltaïque vient d’être inaugurée au Fouilloux en Charente-Maritime (17). Sa construction a été initiée par la communauté de communes de la Haute Saintonge, qui souhaitait donner une seconde vie à une ancienne carrière d’extraction d’argile (kaolin). Candidat à un appel d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) portant sur la réalisation d’installations de production d’électricité innovantes, le projet a été désigné lauréat grâce à l’expertise technique d’EDF EN.

 « Nous avons développé, en lien avec EDF Store & Forecast, filiale d’EDF, un algorithme permettant de lisser la production de la centrale, et donc de faciliter son injection sur le réseau », explique Adrien Chazelas, ingénieur projet chez EDF EN.

La filiale apporte aussi sa pierre à la valorisation Le Fouilloux : énergie verte et valorisation du patrimoine local du patrimoine local. En plus de sa participation à la création d’une Maison du kaolin, l’entreprise a installé des panneaux d’information – sur l’énergie photovoltaïque, l’histoire du projet, la biodiversité locale – à proximité de la centrale. Autre réalisation : l’ouverture d’un sentier le long de la clôture pour permettre aux visiteurs de mieux voir l’onduleur (un équipement essentiel qui sert de passerelle entre le système photovoltaïque et le réseau électrique)

  • 100 000

    Près de 100 000 panneaux photovoltaïques

“Une étape sur le chemin de l’indépendance énergétique“

Depuis plus de dix ans, la collectivité que je préside s’efforce de développer les énergies nouvelles en alternative à leurs équivalents d’origine fossile. Dans le cadre de cette démarche, EDF EN filiale d’EDF s’impose comme un partenaire évident. Nous entretenons une relation de confiance sur la base de cette conviction que je crois partagée : le xxie siècle sera électrique et solaire.

Dans le cadre de la centrale du Fouilloux, la gestion de projet a fait preuve d’une détermination et d’un professionnalisme sans faille en dépit des fluctuations de la politique nationale s’agissant du solaire. Nous disposerons bientôt des équipements comptant pour environ 20 % de la consommation électrique du territoire. Autant dire qu’il s’agit d’une étape majeure sur la route de l’indépendance énergétique totale, qui est notre objectif à terme.

Claude Belot, président de la communauté de communes de la Haute Saintonge

Terrains : comment les choisir, les qualifier et leur donner une seconde vie

Taille, situation, environnement, contraintes… Avant d’élire un site pour la construction d’une installation solaire, toutes ses caractéristiques sont passées au crible des critères de sélection d’EDF Energies Nouvelles, filiale d’EDF. Une étape importante pour bien lancer le processus de développement des projets.

Pour déterminer l’éligibilité d’un site à l’implantation d’une centrale photovoltaïque, la surface est un critère essentiel. Dont l’instruction se révèle… complexe. Tout d’abord parce que le potentiel de la future installation en dépend. Si, dans le sud de la France, l’importance de l’ensoleillement permet de construire des projets à partir de 5 hectares, le ticket d’entrée dans les régions moins ensoleillées se situe plutôt entre 10 et 30 hectares. « À l’heure actuelle, nous avons décidé d’adapter nos critères de recherche de sites à l’ensoleillement : c’est un principe qui nous semble de bon sens et qui permet néanmoins d’exploiter le potentiel solaire partout en France », explique Catherine Bourg, directrice adjointe du développement région Nord chez EDF Energies Nouvelles. De très grands sites simples dans la moitié nord de la France peuvent parfois être aussi compétitifs que de petits sites complexes dans le sud.

Prévenir tout conflit d’usage

Anciens centres de stockage de déchets, mines ou carrières, friches industrielles, zones polluées… EDF Energies Nouvelles cible de manière préférentielle les sites industriels délaissés. « De façon générale, notre préoccupation est de prévenir toute situation de conflit d’usage, souligne Jean-Jacques Koubi, chef de projet à la direction Collectivités d’EDF. Voilà pourquoi les terres agricoles sont exclues ou encore les sites qui pourraient être intégrés à la création d’une zone d’activité économique. Toutefois, nous étudions la possibilité de mixer les activités d’un foncier comme l’élevage ou l’agriculture avec le photovoltaïque. » Pour sélectionner les sites les plus pertinents, les équipes de développement veillent à la topographie (le dénivelé doit être limité), à l’orientation (mieux vaut une pente exposée au sud), au plan (les surfaces d’un seul tenant sont privilégiées), ainsi qu’à l’environnement immédiat (avec le souci d’éviter les ombrages, les zones protégées ou classées, les enjeux environnementaux, les activités à risque technologique, etc.). Sont également surveillées de près les distances de raccordement au réseau électrique.

En matière de développement photovoltaïque, EDF Energies Nouvelles planche sur des scénarios d’implantation sortant des modèles traditionnels. C’est le cas, par exemple, avec le solaire en zone inondable, qui fait l’objet de plusieurs expérimentations, visant à tester et hiérarchiser les différentes options en matière de surélévation et de renforcement des modules. Un savoir-faire à développer pour exploiter un potentiel que l’on sait déjà significatif…

Les collectivités étroitement associées

Une fois un site propice identifié, la qualification sert à établir un diagnostic approfondi. De quoi garantir que toutes les conditions préalables à la construction d’une ferme photovoltaïque performante sont bien réunies. Puis le projet suit son cours. À la signature de la promesse de bail ou de vente succèdent les études de terrain, qui portent notamment sur la préservation de l’environnement et l’intégration paysagère. L’un des enjeux associés est de concevoir une installation respectueuse des attentes des riverains et des élus, et ayant un impact faible sur la biodiversité et le paysage. Durant cette phase d’études, EDF Energies Nouvelles est très présente localement et construit son projet en concertation avec les parties prenantes du territoire.

« Vient ensuite le moment de l’instruction, où l’on monte un dossier de permis de construire pour le transmettre à la préfecture, qui se positionne généralement dans un délai de six mois à un an. Au cours de cette phase, une enquête publique est menée. L’appui de la collectivité est alors essentiel pour que le projet aboutisse », précise Catherine Bourg. La participation aux appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) est subordonnée à la délivrance du permis de construire. Mais, pour les projets lauréats et les territoires concernés, la route vers la construction et la mise en service s’ouvre alors en grand !

LA MARCHE À SUIVRE POUR MENER À BIEN SON PROJET

Pour une collectivité souhaitant convertir un terrain en unité de production photovoltaïque, la première chose à faire est d’entrer en contact avec le directeur territorial d’EDF Collectivités. Informé du cahier des charges qui préside à la sélection des sites, il procédera à un premier audit avant de passer le relais à EDF EN.

Entre la genèse du projet et le début de la construction de la centrale, la succession des étapes administratives implique un délai compris entre deux et trois ans. La phase de chantier dure, quant à elle, entre six et neuf mois. C’est à la filiale EDF EN Services qu’incombent l’opération et la maintenance des installations.