Vous ne le saviez peut-être pas, mais en passant devant la centrale du Tricastin, un détail attire le regard : une flamme d’aluminium qui s’élève fièrement vers le ciel. C’est en effet, en ce lieu, que l’art et l’industrie se rencontrent.
Une œuvre ici ? Et pourtant…
Sur le site EDF du Tricastin, au bord du canal de Donzère-Mondragon, on ne s’attend pas forcément à croiser une œuvre d’art. Et pourtant, dès l’entrée, le regard se pose sur une flamme d’aluminium parfois mentionnée sous le nom de Pimingui, se trouvant sur une sphère symbolisant la planète Terre. Imaginée à la fin des années 1970 par Marc Joffroy, ancien salarié d’EDF, cette sculpture monumentale mêle puissance et élégance, dressée sur près de 13 mètres de haut pour 5 mètres de côté.
Présente depuis la construction du site, cette flamme a traversé les décennies. Mais la mémoire s’est peu à peu perdue avec cette sculpture : peu de personnes connaissent son histoire, ni même le nom de son créateur. Victime du temps et des intempéries, elle a failli disparaître avant d’être renforcée pour être sauvée. Aujourd’hui encore, elle reste fragile, mais elle continue de briller — littéralement et symboliquement.
Cette œuvre n’est pas un hasard. Entre les années 1950 et 1980, EDF encourageait la présence d’art sur ses sites industriels. On parlait alors d’Art nucléaire, qui mêlait science, technologie et culture pour illustrer la modernité.
Sur les aménagements hydrauliques, fresques, bas-reliefs et sculptures accompagnaient déjà les ouvrages. Sur les centrales nucléaires, quelques initiatives ont vu le jour, mais aucune ne possède la flamme unique du Tricastin.
Pourquoi ici, alors ?
Parce que le Tricastin, mis en service à la fin des années 1970, incarnait le renouveau industriel français : modernité, énergie, innovation. La flamme posée sur la Terre traduit cette ambition — produire de l’énergie tout en plaçant la planète au cœur des préoccupations.
Bien plus qu’un ornement, elle appartient au patrimoine artistique d’EDF. Discrète mais captivante, l’œuvre de Marc Joffroy relie le passé à l’avenir, l’homme à la machine et deux mondes qu’on oppose souvent : l’art et l’industrie.
Alors, en longeant le canal de Donzère-Mondragon, pensez à lever les yeux. Depuis plus de 45 ans, cette flamme ne décore pas seulement le site : elle en incarne l’énergie, la mémoire et l’humanité.