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Clarisse est ingénieure maintenance chaudronnerie à la centrale nucléaire du Bugey. Depuis septembre 2024, elle apporte son expertise technique au sein d’un environnement aussi exigeant que passionnant. Elle nous raconte son parcours, ses défis et la place qu’elle occupe aujourd'hui dans un milieu souvent perçu comme très masculin.

 

Quel est ton rôle au sein de la centrale ?

Je travaille au sein du service Robinetterie Chaudronnerie dans le pôle méthode, et plus particulièrement en chaudronnerie. Le périmètre de la chaudronnerie regroupe tous les équipements qui véhiculent des fluides sauf les vannes, par exemple : les tuyauteries, les réservoirs, les échangeurs, etc.

Concrètement, j’apporte un appui technique sur la maintenance des équipements sous pression. Dès qu’une anomalie est détectée, par exemple une soudure non conforme ou une déformation sur un support de tuyauterie, mes collègues et moi analysons l’aléa puis proposons des actions. Ces actions peuvent être une justification permettant un maintien en l’état, moyennant des contrôles supplémentaires, des calculs ou bien la réparation voire le remplacement de l’équipement. Les documents sont ensuite transmis à l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR), qui peut nous demander des compléments ou des précisions. Nous devons donc être extrêmement rigoureux car nous devons garantir que les réparations ou bien le maintien en l’état respectent la réglementation des équipements sous pression. On se doit d’être irréprochables car on engage la sécurité et la sûreté de l’installation.

 

Quelles sont tes activités au quotidien ?

Cela dépend des périodes. En phase d’arrêt de tranche, les journées sont très rythmées avec des réunions de coordination, des suivis terrain, la rédaction de notes pour le traitement d’anomalies relevées et la gestion d’imprévus.

Hors arrêt, le rythme est plus souple, mais je suis occupée à traiter le retour d’expérience, à préparer les futurs arrêts, tout en gérant des imprévus liés aux tranches en fonctionnement. En résumé, les journées ne se ressemblent pas et on ne s'ennuie jamais, que ce soit au bureau ou sur le terrain !

 

Quel a été ton parcours pour arriver jusqu’ici ?

Je suis diplômée de l’ENSEM, une école d’ingénieur orientée énergie, avec une spécialisation en mécanique. Après mon stage de fin d’étude, j’ai intégré l’Unité Technique Opérationnelle (UTO) proche de Paris, au département Expertise Technique. Là-bas, je réalisais des notes de calcul afin de statuer sur l’impact de défauts détectés sur les équipements sous pression des centrales nucléaires. Je suis restée sur ce poste 5 ans puis j’ai eu l’opportunité de rejoindre la Centrale Nucléaire du Bugey.

 

Pourquoi le nucléaire ?

Je me suis naturellement orientée vers l’énergie et plus précisément l’électricité, un secteur qui évolue beaucoup et dont les besoins sont croissants. Le nucléaire m’a intéressé pour sa capacité à produire de l’énergie de façon sûre et décarbonée, ce qui est à mon sens essentiel à la transition énergétique. Je ne regrette pas mon choix, car le domaine du nucléaire est très vaste et incroyablement passionnant !

 

Qu’est-ce que tu préfères dans ton métier ?

Ce que je préfère c’est de voir l'impact concret de mon travail. Lorsqu’une solution technique que j’ai proposée est mise en œuvre sur le terrain, c’est très gratifiant, surtout lorsque cela permet le redémarrage d’une tranche. Et puis, j’aime beaucoup l’esprit d’entraide dans le collectif : dans notre service, les profils sont variés et cette complémentarité nous permet de partager nos compétences et nos points de vue pour avancer ensemble.

 

Une surprise à ton arrivée sur site ?

J'ai été impressionnée par les exigences très élevées de l’ASNR, du Service Inspection Reconnu et des Organismes Habilités qui vérifient notre travail au quotidien. Issue d'un centre d'expertise technique, j'ai été ravie de retrouver ici aussi un haut niveau de technicité et une grande rigueur. On ressent clairement que tout le monde est pleinement conscient des enjeux liés à la sûreté.

 

Et en tant que femme dans un environnement majoritairement masculin ?

Même si j’ai toujours évolué dans des milieux où les hommes étaient majoritaires, j’avais à mon arrivée à Bugey une légère appréhension à l’idée de devoir faire mes preuves dans un nouvel environnement d’autant plus en tant que jeune femme. Mais j’ai été très bien accueillie, avec bienveillance et rapidement mes doutes se sont dissipés. On m’a fait confiance, intégrée dans l’équipe et aujourd’hui je me sens pleinement à ma place.

 

Un conseil pour une femme qui voudrait se lancer dans ce métier ?

Mon conseil serait de ne pas hésiter. L’industrie du nucléaire offre une grande diversité de métiers et d'opportunités et il y a vraiment de la place pour les femmes. Il est important de croire en ses compétences et de ne pas se laisser intimider, même si l'environnement est parfois majoritairement masculin. Le nucléaire est un secteur en constante évolution, avec des défis stimulants où chaque profil peut pleinement s’épanouir.