Le pilotage d’un réacteur s’inscrit dans un cadre de prescriptions, parmi lesquelles les spécifications techniques d’exploitation (STE), qui recueillent l’ensemble des règles à respecter pour la conduite des installations.
Le 14 novembre 2025, l’unité de production n°3 de la centrale nucléaire du Bugey est en cours de redémarrage après un arrêt programmé pour maintenance. Un essai périodique visant à vérifier le bon fonctionnement des alimentations électriques de secours est réalisé. Cet essai met en évidence qu’un tableau électrique alimentant des matériels dits « Noyau Dur » (ensemble de structures et équipements résistant à des événements extrêmes et assurant les fonctions fondamentales pour la sûreté des installations) n’est pas sous tension comme attendu.
Des investigations sont immédiatement engagées. Elles mettent en évidence un dysfonctionnement mécanique sur un dispositif de sécurité d’un disjoncteur, empêchant son enclenchement et donc l’alimentation du tableau. Le disjoncteur est remis en conformité et requalifié dans la nuit du 14 au 15 novembre 2025.
L’analyse a montré que l’origine du dysfonctionnement rendant le tableau indisponible remonte au 15 octobre 2025, durant l’arrêt programmé de l’unité de production n°3. Selon les Spécifications techniques d’exploitation, ce tableau était requis depuis le 28 octobre. Sur une centrale nucléaire, toute indisponibilité d’un matériel important pour le bon fonctionnement du réacteur implique une conduite à tenir assortie d’un délai de mise en œuvre à respecter. Dans cette situation, le délai de repli* du réacteur sous 24h prévu par les spécifications techniques d’exploitation n’a pas été respecté.
Durant l’événement, aucun incident n’a nécessité la sollicitation des matériels concernés. En cas de perte totale d’alimentation externe, les procédures accidentelles prévues auraient permis de réalimenter ces matériels via une source de secours dédiée, garantissant la continuité des fonctions de sûreté.
Cet événement n’a eu aucune conséquence réelle sur la sûreté des installations. Cependant, en raison de sa détection tardive et du non-respect des Spécifications techniques d’exploitation, la centrale du Bugey a déclaré le 18 novembre 2025 à l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR) un événement significatif de sûreté de niveau 1 sur l’échelle INES, qui en compte 7.
* Le repli d'un réacteur consiste à abaisser la pression et la température de son circuit primaire en application de ses règles générales d’exploitation.