DOSSIER SPÉCIAL SÛRETÉ

Vous habitez près de la centrale nucléaire de Gravelines. Qu’elle fasse partie de votre paysage quotidien depuis des années ou que vous soyez nouvellement installés, des interrogations sur l’énergie nucléaire, la sécurité ou l’impact de son fonctionnement sur l’environnement et la population sont naturelles.  
Dans ce dossier, nous vous proposons d’explorer les questions que l’on peut se poser autour de la sûreté des installations nucléaires de la centrale. Nous y répondons ici avec Roxane, habitante de Oye-Plage et Hubert Catalette - Directeur du programme Grand carénage d'EDF.

Les grands principes de la sûreté nucléaire

La sûreté nucléaire est l'ensemble des dispositions techniques, humaines et organisationnelles mises en œuvre à toutes les étapes de la vie d'une centrale nucléaire pour protéger, en toutes circonstances, la population et l'environnement contre une éventuelle dispersion de produits radioactifs.

C’est une préoccupation de tous les instants pour EDF, de la conception à la construction des installations nucléaires, en passant par le fonctionnement puis l'arrêt et le démantèlement des infrastructures, ainsi que le transport des substances radioactives. En France, c’est l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR) qui contrôle le respect de ces règles.

Pour la centrale nucléaire de Gravelines, la sûreté constitue une priorité. Composée de 6 unités de production de 900 MWe chacune, elle est la plus grande centrale de France avec une puissance de 5400 MW. Elle est garantie par l’amélioration continue des pratiques, grâce au professionnalisme des salariés, à la formation, à la préparation aux situations d’urgence et aux inspections de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et Radioprotection (ASNR).
 

Ce qu'en dit Roxane, riveraine

Ressentez vous une forme d’appréhension à vivre près de la centrale nucléaire de Gravelines ? 
Non ! La centrale nucléaire de Gravelines fait partie du paysage. Je vis à Oye plage depuis 19 ans et je n'ai jamais eu d'inquiétude vis-à-vis de sa présence. Au final, je me sens en sécurité, d’autant que la centrale a bonne réputation en matière de sûreté. on voit bien que c’est une installation qui évolue avec son temps, avec des améliorations constantes pour garantir la sécurité des riverains et des salariés."

Avez-vous confiance en EDF dans la gestion de son site nucléaire ? 
”J’ai confiance, on voit que les équipes sont formées, qu’il y a des mesures des protocoles stricts. 
On a vraiment le sentiment que tout est encadré, surveillé et constamment amélioré. Cette rigueur me donne confiance au quotidien. Et puis, EDF communique beaucoup sur ses actions, ce qui renforce ce sentiment de sérieux et de responsabilité.”

L’entretien et le contrôle des unités de production du parc nucléaire

Chaque année, plusieurs réacteurs sont arrêtés parmi les 57 que compte le parc nucléaire français afin de procéder à des activités d’entretien et de contrôles. Ces rendez-vous classiques dans la vie d’une centrale sont planifiés longtemps en amont en concertation avec le Groupe EDF qui doit s’assurer de la fourniture d’électricité en tout temps à ses clients.

Si un réacteur fonctionne en continu, il est nécessaire de l’arrêter, tous les 12 mois à Gravelines, pour recharger une partie de son combustible. Il existe trois types d’arrêts programmés au cours desquels des opérations de maintenance sont rigoureusement organisées et planifiées :
- L’arrêt pour simple rechargement (ASR) du combustible, d’une durée d’environ 35 jours.
- La visite partielle (VP) En plus de permettre le rechargement en combustible, elle permet d’effectuer des opérations de contrôle et maintenance. Suivant le nombre d’opérations programmées, la visite partielle peut avoir une durée allant de 60 à 90 jours.
- La visite décennale (VD) se déroule tous les 10 ans. Elle inclut des contrôles approfondis et réglementaires des principaux composants que sont la cuve du réacteur, le circuit primaire et l’enceinte du bâtiment réacteur. Cette visite peut atteindre 180 jours suivant le nombre d’activités prévues. À l’issue de cette visite, l’ASNR décide si le réacteur peut prolonger son fonctionnement pour une durée de 10 ans.
 

Quels protections ?

3 barrières de sûreté entre le combustible et l’environnement

Le principe de défense en profondeur a également conduit à mettre en place des barrières physiques successives pour limiter la dispersion des produits radioactifs dans l'environnement. Quand le réacteur est en fonctionnement, trois barrières étanches confinent les produits radioactifs contenus dans le cœur du réacteur :
- la paroi des tubes (« crayons ») qui contiennent les pastilles d’uranium enrichi dans chaque assemblage combustible
- l'enveloppe en acier qui constitue le circuit primaire de la centrale (les fluides qui y circulent sont radioactifs)
- l'enceinte de confinement en béton qui abrite le circuit primaire.
 

Un programme industriel dense

La centrale nucléaire de Gravelines, au même titre que les autres sites nucléaires français, se donne les moyens pour adapter son niveau de sûreté à l’évolution des meilleurs standards. Le programme industriel du site est la déclinaison locale du grand carénage engagé depuis 2014 par EDF pour l’ensemble du parc nucléaire. Il regroupe une trentaine de projets dont les plus structurants sont liés directement aux modifications de matériels à réaliser dans le cadre de la 4ème visite décennale (VD4), aux chantiers Post-Fukushima et au remplacement de gros composants, à l’image des générateurs de vapeur.

Des travaux d’ampleur, menés lors des 4ème Visites Décennales et toujours en cours, ont permis d’obtenir l’autorisation de fonctionnement au-delà de 40 ans. En parallèle, après chaque cycle de maintenance, l’ASNR donne l’autorisation de redémarrage des unités de production. 
Le 4e réexamen périodique des réacteurs n°1 et n°3 a été réalisé en 2024 avec pour objectif de garantir la protection du public et de l’environnement. 

Du 24 novembre au 23 décembre 2025, la centrale nucléaire de Gravelines sollicite l’avis des citoyens sur le 4e réexamen périodique des réacteurs n°2 et n°4. Cette enquête publique est réalisée pour chaque réacteur du parc après sa 35ème année de fonctionnement, et elle est une nouvelle opportunité de dialoguer autour de la sûreté des installations nucléaires du site qui tendent à se rapprocher des performances de sûreté des réacteurs de troisième génération, type EPR.
Le 4e réexamen périodique des réacteurs n°5 et 6 vont également réaliser leur VD4 seront soumises ultérieurement à des enquêtes publiques.

Les 5e visites décennales porteront sur la poursuite d’exploitation des réacteurs de 50 à 60 ans, le vieillissement des installations et leur adaptation au changement climatique.
 

  • Il représente pour le site de Gravelines
    4
    milliards d’euros

    d’investissement entre 2014 et 2028

Ce qu'en dit l'expert

Comment maitriser le vieillissement des installations pour garantir une poursuite d’exploitation en toute sûreté ?

"La maîtrise du vieillissement des installations du Parc nucléaire se fonde sur l’articulation de plusieurs stratégies : 
- Une maintenance courante appropriée pour préserver les matériels, mise en œuvre depuis le début d’exploitation et qui se poursuit avec des adaptations tenant compte de l’expérience et des connaissances acquises sur les équipements au fil des années 

- Une maintenance exceptionnelle pour remplacer ou rénover les gros composants, réalisée très majoritairement dans le cadre du programme Grand Carénage, afin de permettre la poursuite d’exploitation des tranches de Gravelines ; ces opérations ont démarré depuis de nombreuses années et elles se poursuivent de façon maîtrisée. Exemples non exhaustifs : remplacement de générateurs de vapeur, de tambours filtrants, de rotors et stators des groupes turbo-alternateurs, de transformateurs.

- En complément, chaque réacteur nucléaire ainsi que ses circuits et systèmes associés subit un « check up » complet tous les 10 ans, avec notamment un contrôle de la cuve, une épreuve hydraulique du circuit primaire (qui assure le transfert d’énergie du réacteur vers le groupe turbo-alternateur), et une épreuve de l’enceinte. C’est également pour cette « visite décennale » que la qualification des matériels pour 10 ans de plus doit être démontrée, ou que ces matériels sont remplacés si cette démonstration ne peut pas être apportée. L’autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection délivre à cette occasion une autorisation réglementaire pour fonctionner 10 années supplémentaires."

Hubert Catalette - Directeur du programme Grand carénage d'EDF

Comment ?

Une installation qui a plus de 40 ans mais qui n’a jamais été aussi sûre.

Depuis 2014, la centrale de Gravelines réhausse son niveau de sûreté en réalisant des modifications importantes qui permettent de se prémunir d’agressions provenant d’évènements climatiques extrêmes encore jamais constatés. Parmi les mesures mises en œuvre :

- La construction de 6 Diesels d’Ultime Secours (DUS) : depuis 2020, chaque réacteur est désormais équipé d’un générateur de secours capable de fournir de l’électricité en cas de défaillance totale du réseau. Ils s’ajoutent aux 6 sources électriques existantes et apportent un niveau de sûreté supplémentaire.
- La création d’un appoint en eau ultime pour refroidir les installations du bâtiment réacteur et de la piscine d’entreposage combustible pendant plusieurs jours, en complément des installations déjà existantes : 4 puits profonds et un réservoir de 5 000 m³ ont été construits pour garantir un refroidissement autonome des réacteurs.
- La construction d’une protection périphérique anti-inondation : depuis 2022, la « digue » permet d’encercler le site pour le rendre imperméable à tout risque d’inondation.
- Le centre de crise local : un nouveau bâtiment de gestion de crise est en cours de conception pour résister à des conditions extrêmes. Il sera capable de résister à des évènements climatiques extrêmes. Il sera dimensionné pour gérer un accident grave.
 

Information et transparence d’EDF envers la population

Une organisation spécifique de prévention et de gestion des risques est mise en place sur le site. Les équipes sont préparés et entrainés pour alerter, maîtriser une situation de crise et en limiter les conséquences, mais également porter secours, informer le personnel et communiquer avec les pouvoirs publics et les médias.

  • 500

    équipiers d’astreinte sur le site

  • 82

    équipiers d’astreinte chaque semaine

  • 210 844
    h

    de formation dispensées en moyenne par an

  • En 2024,
    19

    exercices réalisés pour tester les dispositifs d’alerte et apporter des améliorations

Alerte nucléaire, je sais quoi faire !

Même si les installations sont sûres, robustes et exploitées avec une rigueur très élevée, un plan de prévention est mis en place sous la responsabilité du Préfet pour protéger la population face au risque de rejet radioactif dans l'environnement.
- Un exercice grandeur nature réalisé tous les 5 ans pour se préparer et bien réagir 
Le 27 novembre 2025, un exercice national a été réalisé avec les équipes de la centrale nucléaire de Gravelines, la préfecture, l’ASNR et les services de l’état et la population. Le but ? Entraîner les riverains, les infrastructures recevant du public, écoles à réagir et adopter le bon comportement en cas d’alerte nucléaire. 
- Une campagne de renouvellement de comprimés d’iodes 

La prise d’iode stable est un moyen de protéger efficacement la thyroïde contre les effets des rejets d’iode radioactif qui pourraient se produire en cas d’accident nucléaire. 
Le risque d’accident ne doit pas être négligé même s’il est très peu probable. 
 

En savoir plus