Retour à l'accueil de la centrale

David est arrivé en octobre dernier au service de maintenance de la centrale EDF de Saint-Alban Saint-Maurice, en tant que mécanicien. La mécanique, il la connait et la pratique depuis toujours. Après un parcours riche et varié en expériences, il s’est lancé un nouveau défi en intégrant les équipes de la centrale nucléaire pour encore apprendre …

David, peux-tu nous décrire dans les grandes lignes, ton parcours professionnel ?

J’ai eu plusieurs vies, qui ont toutes une dénominateur commun : la mécanique. En effet, je suis tombé tout petit dedans avec un grand-père carrossier et un père passionné de motos et de sports mécaniques, qui m’ont transmis cette envie : faire de la mécanique, avoir les mains dans le cambouis et réparer. Mais aussi me déplacer à moto, ce qui m’a toujours procuré une sensation indéfinissable et intense, avec un grand sentiment de liberté.

C’est pourquoi, naturellement à 16 ans, j’ai fait le choix de m’orienter vers des études en lien avec ma passion et décidé de faire mon apprentissage en préparant un CAP, puis en BEP en mécanique, avec l’école de Bourgoin Jallieu et le garage Citroën de Saint-Maurice l’Exil, en Isère.

Malheureusement, mes rêves se sont brisés à 20 ans. Je peux plutôt dire « brisé mon corps » car à la suite d’un très grave accident à moto que j’ai eu (une voiture n’a pas marqué le stop et est venue me percuter) le choc m’a causé de multitudes fractures et une paralysie de tout mon côté droit.
Après plus de 5 ans de soins, d’opérations, de centres de rééducation, il a fallu que je réapprenne à vivre avec un membre en moins car mon bras droit atteint d’un plexus brachial ne fonctionne plus.

Afin de reprendre une activité et aussi apprivoiser ce corps meurtri, je me suis lancé dans la rénovation de maisons pour gagner en dextérité et me remuscler, et entrer de nouveau dans l’action.
Comme je suis quelqu’un d’hyperactif, mon naturel a très vite repris le dessus, j’ai occupé divers emplois où il a fallu pour certains, m’adapter, adapter mon travail, au regard de mon handicap. Pas tous les jours faciles, mais je me suis battu pour compenser : vivre et travailler normalement.

Dans un premier temps, je me forme et m’associe avec des amis mariniers pour la création d’une société de transport fluvial puis dans une deuxième société et je deviens chef mécanicien à bord de pousseurs sur le Rhône, la Soane et le Golf de Fos sur Mer pendant sept ans.
Ensuite, je créé mon entreprise de mécanique auto pendant cinq ans. Puis je tente une nouvelle aventure en ouvrant un magasin de jeux vidéo en licence d’enseigne pendant trois ans.
Par la suite, je rentre dans une société de BTP (agence de Lyon) spécialisée dans le pipeline pour la surveillance de la ligne de Feyzin jusqu’à Ballan dans l’Ain (56 km à contrôler), puis à mon compte, toujours sur cette ligne, comme coordinateur de chantier. Je reste un an.
Et après ces différents chemins professionnels empruntés où j’ai fait de très belles rencontres, j’ai la chance en octobre dernier de poser mes « caisses à outils » à la section mécanique de la centrale.

Pourquoi ce choix et venir sur un site nucléaire ?
J’ai fait le choix de postuler à EDF pour plusieurs raisons.
J’avais besoin de stabilité après de nombreuses années à travailler en déplacement. Mais aussi me lancer un nouveau défi en mécanique, apprendre et acquérir de nouvelles compétences dans un domaine que je ne connaissais pas. En effet, le nucléaire est très spécifique et où les installations industrielles sont composées de systèmes gigantesques et méconnus, associés à des méthodes de travail très différentes.
Et une autre raison, qui est importante à mes yeux est que grâce à l’accord handicap en vigueur au sein du groupe EDF, les conditions de travail sont réellement prises en compte pour une personne en situation de handicap. Même dans un métier opérationnel, des aménagements de poste sont proposés. Lors de mes entretiens d’embauche, les managers ont été à l’écoute, ont accepté mon handicap et l’ont pris en compte dans mon travail et pour la réalisation de mes activités.
Comme mon handicap nécessite une adaptation de tous les jours, avant d’intervenir, je mène une réflexion afin de m’organiser au mieux pour réaliser mon travail avec beaucoup de professionnalisme.

Justement, quelles sont tes activités à la section intervention ?
Le service m’a fait intégrer une section spécialisé plutôt dans le dépannage d'urgence, la FIR (Force d'intervention), ce qui me permet d’être confronté à un maximum de systèmes, pouvoir établir des diagnostics, trouver des solutions de réparation rapidement...

A travers ces activités, j’ai l’opportunité de rencontrer beaucoup d’acteurs au sein des différents service du site. Ces échanges me permettent d’apprendre énormément sur le fonctionnement du site et donc d’acquérir des compétences et des savoir-faire, et pouvoir être rapidement plus autonome.
Mon intégration se passe très bien et dans mon quotidien, j’ai la chance d’être accompagné par mon tuteur et sur le terrain, en binôme avec David, technicien, qui m’apporte son savoir-faire et me fait découvrir cet univers complexe, qu’est le nucléaire.

Quelles ont été tes impressions à ton arrivée ?
L’endroit qui m’a le plus impressionné est quand je suis allé en zone nucléaire, et plus particulièrement dans le bâtiment réacteur. Comme je n’ai que très peu de connaissances en radioprotection, tout est à découvrir pour moi … et surtout tout est dimensionnant.

As-tu des loisirs, quand tu ne travailles pas ?
En dehors de mon travail, j’ai de nombreuses activités. J’aime tout ce qui est manuel, la mécanique, certes, mais aussi le petit bricolage jusqu’à la restauration de maisons… Des chantiers multiples que j’aime réaliser avec beaucoup de soins, car je suis perfectionniste.
Et j’ai une devise que je m’applique tous les jours : « aimer la vie et ne pas perdre de temps, en profiter un maximum, car à tout moment, elle peut s’arrêter. Et savoir rester enthousiaste !