Les événements significatifs déclarés à l'ASN en février 2022
En février 2022, la Direction de la centrale nucléaire de Golfech a déclaré 4 évènements significatifs à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Ces évènements n’ont pas eu de conséquence sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel ni l’environnement.
Sûreté
- Evénement déclaré le 2 février (niveau 0)
Le 15 janvier 2022, l’unité de production n°2 est à pleine puissance. Un essai programmé de manœuvrabilité des grappes de contrôle* est réalisé. Il est satisfaisant.
Le 28 janvier 2022, l’équipe de conduite s’interroge sur la position des grappes vue en salle de commande, car celle-ci est légèrement différente de celle observée après le redémarrage du réacteur suite au dernier arrêt. Il est constaté que les grappes ont été insérées d’un pas** par rapport à la position attendue lors de l’essai de manœuvrabilité le 15 janvier 2022. Elles sont aussitôt repositionnées.
Cet événement n’a pas eu de conséquence sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel ni l’environnement, la position des grappes est toujours restée conforme aux spécifications techniques d’exploitation. De plus, en cas de sollicitation, le mécanisme de protection du réacteur aurait fonctionné comme prévu. Cet événement a toutefois fait l’objet d’une déclaration le 2 février 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire, au niveau 0 sur l’échelle INES qui en compte 7.
*Les grappes de contrôle sont implantées dans le réacteur et permettent principalement de contrôler différents paramètres physiques de la réaction nucléaire.
** La course complète des grappes entre leur totale insertion dans le cœur du réacteur et leur extraction totale du cœur du réacteur correspond à 260 pas.
- Evénement déclaré le 4 février (niveau 0)
Le 2 février 2022, l’unité de production n°2 est à pleine puissance. Lors d’un test sur le système de ventilation de la salle de commandes, un défaut de coordination entre les intervenants a rendu la filtration d’iode indisponible. Dès l’apparition de l’alarme, la configuration du circuit a été corrigée et a permis de retrouver la disponibilité du système. La fonction de filtration d’iode est restée indisponible pendant 16 minutes.
Cet évènement n’a pas eu de conséquence sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel ni l’environnement, la fonction de filtration d’iode est sollicitée uniquement en cas de dégagement de produits radioactifs dans l’environnement. Il a toutefois fait l’objet d’une déclaration le 4 février 2022, à l’Autorité de sûreté nucléaire, au niveau 0 de l’échelle INES qui en compte 7.
Environnement
- Evénement déclaré le 11 février
Depuis le début de l’année 2022, trois pertes de fluides frigorigènes au niveau des groupes froids de la centrale ont été constatées.
Le cumul annuel des pertes de fluides frigorigènes mesurées a atteint 127,4 Kg et donc dépassé le seuil réglementaire de 100 Kg.
L’émission de fluides frigorigènes dans l’atmosphère n’a pas eu de conséquence sur la sécurité du personnel ni sur les installations. Des analyses sont en cours pour déterminer les causes profondes de ces évènements et les mesures correctives à adopter.
Cet événement a toutefois fait l’objet d’une déclaration le 11 février 2022, à l’Autorité de sûreté nucléaire, en tant qu’un événement significatif environnement.
Radioprotection
- Evénement déclaré le 28 février (niveau 0)
Le 23 février, un filtre issu du circuit de contrôle de la chimie du circuit primaire de l’unité de production n°2 est positionné dans une coque béton à la suite de son remplacement. Un balisage dit « zone orange » est mis en place à proximité de la coque béton en raison des conditions radiologiques (débit équivalent de dose > 2 mSv/h). Le 24 février, un transfert de la coque béton de zone contrôlée jusqu’au bâtiment de traitement des effluents est réalisé sans le balisage « zone orange », ce qui est contraire à la réglementation.
Cet événement n’a eu aucune conséquence sur la santé du personnel. Il a toutefois fait l’objet d’une déclaration le 28 février à l’Autorité de sûreté nucléaire en tant qu’événement significatif radioprotection (ESR), au niveau 0 de l’échelle INES qui en compte 7.
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Evénement Générique
Défaut d’étanchéité de joints de soupapes SEBIM du pressuriseur.
Le 25 février 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté relatif à un défaut d’étanchéité de joints de soupapes SEBIM du pressuriseur.
Le pressuriseur est un réservoir cylindrique permettant de contrôler la pression du circuit primaire lors de son fonctionnement. Le circuit primaire est protégé des surpressions par 3 lignes indépendantes, reliées au pressuriseur et composées d’un tandem de deux soupapes dites SEBIM. Les soupapes sont équipées de têtes de détection qui permettent la mesure de pression et l’ouverture des soupapes. Ces têtes peuvent être de type monobloc ou bi-bloc.
Des contrôles réalisés par les équipes d’EDF sur certains réacteurs des paliers 900 et 1300MW ont révélé que la présence de têtes de détection monobloc pouvait potentiellement induire un défaut d’étanchéité de joints situés dans les têtes de détection des soupapes SEBIM. Ces têtes de détection monobloc sont présentes sur 35 réacteurs* du parc en exploitation, tous paliers confondus.
L’analyse effectuée ayant montré l’absence d’impact sûreté en conditions réalistes, il n’y a eu aucune conséquence réelle sur la sûreté des installations.
La détection de ce potentiel défaut d’étanchéité a toutefois conduit EDF à déclarer le 25 février 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté à caractère générique au niveau 0, en dessous de l’échelle INES qui en compte 7.
*Réacteurs de Belleville 1-2, Blayais 2-3, Bugey 2-3-4, Cattenom 1-3, Chinon 1-2-3, Civaux 1, Cruas 1-2-3, Dampierre 1-2-3, Golfech 1-2, Gravelines 1-2-3-4-5, Nogent 1, Paluel 1-3, Penly 2, Saint-Laurent 1-2 et Tricastin 1-2-3
Détection d’un écart concernant la tenue de joints d’étanchéité dans des conditions spécifiques
Le 1er février 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté relatif à la détection d’un écart concernant la tenue de joints d’étanchéité.
Chaque unité de production nucléaire est équipée d’un dispositif appelé “U5”. Composé d’un filtre contenant du sable, ce dispositif permet d’assurer l’intégrité de l’enceinte de confinement du bâtiment réacteur en cas de montée en pression et d’atteinte d’une valeur supérieure à sa valeur de dimensionnement. En cas d’accident grave, ce dispositif permet de filtrer les rejets dans le but de préserver l’environnement.
Un écart de conformité a été mis en évidence au niveau de la tenue, en condition “d’accident grave”, des joints d’étanchéité présents sur des assemblages boulonnés de diaphragmes situés en amont du filtre à sable. Après analyse de cet écart, il apparait que le serrage appliqué, selon la boulonnerie et les types de joints présents sur les assemblages concernés était conforme. Cependant, la justification de la tenue des joints d’étanchéité des assemblages boulonnés en cas d’accident grave n’a pu être apportée dans l’étude associée.
Dès détection de l’écart, les actions de traitement ont été aussitôt engagées. Le remplacement par des nouveaux joints fabriqués dans un matériau dont la tenue est démontrée en cas d’accident grave sur l’ensemble des matériels concernés sur le parc nucléaire est engagé depuis le mois de novembre 2021 pour les premiers réacteurs du parc nucléaire et sera soldé pour l’ensemble des réacteurs en fonctionnement pour le 30 juin 2022 ou avant le redémarrage des réacteurs qui disposent d’un arrêt programmé lors du premier semestre 2022.
EDF a déclaré, le 1er février 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif pour la sûreté à caractère générique, au niveau 0 en dessous de l’échelle INES qui en compte 7, pour l'ensemble des réacteurs en exploitation de son parc nucléaire ainsi que pour les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Détection de la non-prise en compte des conditions de réalisation d’un essai périodique
Le 21 février 2022, EDF a informé l’Autorité de sûreté nucléaire de la survenue d’un événement significatif pour la sûreté relatif à la détection de la non prise en compte des conditions de réalisation d’un essai périodique.
Afin de s’assurer du bon fonctionnement du réacteur nucléaire, de nombreux paramètres sont contrôlés et suivis en permanence notamment via des chaînes neutroniques. Ces dernières permettent de contrôler, grâce à de nombreux capteurs, le flux neutronique à l’intérieur de la cuve du réacteur. Lorsque le réacteur est en fonctionnement, un contrôle, appelé “essai périodique”, est réalisé à la maille hebdomadaire sur ces chaines neutroniques pour s’assurer de leur bon fonctionnement. Lorsque le réacteur est arrêté, ces contrôles périodiques sont toujours réalisés via d’autres capteurs spécifiques.
Les règles générales d’exploitation stipulent que, lorsque le réacteur est arrêté, l'essai périodique de ces matériels est également réalisé de manière hebdomadaire, avec une tolérance de réalisation de cet essai de 42h après l’arrêt de la réaction en chaine. A la suite d’un défaut d’analyse des conditions de réalisation de cet essai, certaines centrales nucléaires n’ont pas réalisé le premier contrôle dans le délai requis.
Cet événement n’a pas eu de conséquence réelle sur la sûreté des installations, l’analyse montrant que ces matériels sont toujours restés disponibles.
Toutefois, la détection de ces écarts a conduit EDF à informer le 21 février 2022 l’Autorité de sûreté nucléaire de la survenue d’un événement significatif pour la sûreté à caractère générique, au niveau 0 en dessous de l’échelle INES qui en compte 7, pour les réacteurs nucléaires des centrales du Bugey, du Tricastin, de Gravelines, de Dampierre-en-Burly, du Blayais, de Saint-Laurent-des-Eaux, de Cruas-Meysse, de Paluel, de Saint-Alban, de Flamanville, de Cattenom, de Belleville-sur-Loire, de Nogent-sur-Seine, de Penly et de Golfech.
S’agissant de la centrale nucléaire de Golfech, cet événement a été déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire le 18 octobre 2021.