Vie industrielle : synthèse des événements déclarés à l'Autorité de sûreté nucléaire en novembre et décembre 2022
En novembre et décembre 2022, la centrale de Dampierre-en-Burly a déclaré, 1 événement significatif de sûreté de niveau 1, 13 événements significatifs de sûreté de niveau 0 et 3 événements significatifs radioprotection de niveau 0 à l’autorité de sûreté nucléaire.
Unité de production N°1 - Niveau 0
Déclaré le 2/12/2022 : Lors d’une intervention sur le système de filtration de l’eau puisée dans la Loire, l’intervenant en charge de l’opération a coupé le mauvais commutateur. Il a immédiatement prévenu les opérateurs en charge de la conduite de l’unité de production n°1 et remis en service le bon équipement.
En parallèle, une alarme d’indisponibilité du système de filtration est apparue quelques secondes en salle de commande (le temps de remise en service du bon équipement) car le système de filtration est requis, lorsque le réacteur est en service, par les spécifications techniques d’exploitations.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 2 décembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Unité de production N°2 - Niveau 0
Déclaré le 16/11/2022 : lors de la visite décennale de l’unité de production n°2 de nombreux essais périodiques sont réalisés sur les matériels. L’un d’eux vise à mesurer les débits et pressions sur une pompe du circuit d’injection de sécurité. Début novembre, l’essai de ce matériel est déclaré conforme.
Le 8 novembre, l’expertise nationale demande à la centrale de contrôler les résultats de l’essai avec une nouvelle méthode de calcul des incertitudes (données qui permettent d’affiner les résultats de l’essai). Lors de la vérification, il apparaît que cette nouvelle méthode de calcul ne permet plus de considérer l’essai comme conforme. De plus, une relecture des résultats obtenus avec la précédente méthode de calcul des incertitudes, infirme les premiers résultats. L’essai ne devait pas être considéré comme conforme dès sa première réalisation.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 16 novembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Déclaré le 8/12/2022 : Le Tampon d’Accès Matériel technique (TAM) est un sas circulaire dans le bâtiment réacteur qui permet la manutention des composants qui transitent pour rentrer ou sortir du bâtiment réacteur. Lorsque le réacteur est en fonctionnement, le TAM est fermé et participe au confinement du bâtiment réacteur.
Le 1er décembre, l’unité de production n°2 est à l’arrêt et le TAM est ouvert. À 21h30, un intervenant détecte que le joint du TAM a été détérioré lors d’une manutention. La conduite à tenir dans cette situation impose une réparation au plus tôt et sous 24h au plus tard. Celle-ci va être achevée le 2 décembre à 19h30, ce qui est conforme à la conduite à tenir. Toutefois, une analyse de l’intervention montre que bien que des interventions aient eu lieu pendant la nuit (pose d’échafaudages), un temps-mort d’environ 10h à été observé. L’intervention aurait dû être soldée en 12h au lieu de 22h.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 8 décembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Déclaré le 30/12/2022 : Le 28 décembre 2022 un essai périodique sur un élément du système d’instrumentation du réacteur a pour effet prévu de rendre indisponible une alarme de température pour une durée de 10 minutes. Dans cette configuration, les spécifications techniques d’exploitation imposent que le pilotage des grappes de contrôle du réacteur soit réglé en automatique. Lors de l’essai, l’intervenant n’identifie pas cette condition immédiatement. Le 29 décembre, le même essai doit être réalisé sur un second élément du système d’instrumentation du réacteur par le même intervenant. Il détecte alors l’écart aux spécifications techniques d’exploitation, en informe son management et reporte l’essai prévu à une date où les barres de contrôle pourront être positionnées en automatique.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 30 décembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Unité de production N°3 - Niveau 0
Déclaré le 10/11/2022 : Le 3 novembre 2022 à 13h44, un défaut d’étanchéité sur une pompe de traitement et refroidissement d'eau des piscines combustible est détecté. Les spécifications techniques d’exploitation (STE) imposent une réparation sous 8 heures si son fonctionnement ne peut être garanti. À 20h, le service de maintenance confirme l’indisponibilité de la pompe et entame la réparation. Celle-ci va durer 15h, ce qui n’est pas conforme aux STE.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 10 novembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Déclaré le 10/11/2022 et indicé le 7/12/2022 : En novembre, une analyse a posteriori du Programme de Base de Maintenance Préventive (PBMP) réalisé par la centrale, a montré qu’une des visites techniques d’un groupe électrogène n’avait pas été faite dans le délai prévu. Celles-ci doivent être réalisées tous les 5 cycles (5 arrêts pour maintenance), avec une tolérance à plus ou moins un. Indice 1 du 7/12/2022 : Cette constatation a entraîné la même vérification sur un autre groupe électrogène pour les visites 20 cycles avec, à nouveau, un dépassement du délai prévu.
Bien que l’étude des activités de maintenance réalisées sur ces groupes électrogènes, montre que ceux-ci sont toujours restés fonctionnels, cet écart jugé significatif pour la sûreté, a conduit la centrale à le déclarer à l’autorité de sûreté nucléaire comme écart de niveau 0 sous l’échelle INES.
Déclaré le 18/11/2022 : Le 15 novembre, un essai complet du système d’injection de sécurité est réalisé alors que le réacteur n°3 est à l’arrêt avec l’ensemble de son combustible déchargé dans la piscine de désactivation. L’essai prévu doit être réalisé « hors débit », c’est-à-dire, sans mise en fonctionnement de la pompe de circulation.
Lors de l’essai, les intervenants ont omis de déconnecter la pompe de circulation ce qui a entraîné son démarrage effectif et donc la mise en service d’un système de sauvegarde non requis.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 18 novembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Déclaré le 30/11/2022 : Le 15 novembre, l'unité de production n°3 est en phase de redémarrage après son arrêt pour maintenance programmée. Des instruments de mesure, utilisés pour un essai périodique du système de protection du réacteur, sont déposés après leur utilisation.
Lors de la dépose, un fil entre en contact avec un relais du système de protection, ce qui à pour effet d’immédiatement envoyer un ordre d’arrêt automatique au réacteur n°3.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 30 novembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Déclaré le 30/12/2022 : Le 27 décembre, l’unité de production n°3 est en fonctionnement et une fuite d’huile est détectée sur le disjoncteur d’un tableau électrique. L’analyse d’impact conclue à l’inaptitude du matériel à assurer sa fonction et impose une mise à l’arrêt de l’unité de production sous 3 jours en l’absence de réparation.
Les intervenants vont procéder à la requalification du matériel dans les délais impartis, mais la requalification fonctionnelle du disjoncteur impose de le manœuvrer. Cette opération étant interdite lorsque le réacteur est un fonctionnement, l’unité de production n°3 est mise à l’arrêt le 29 décembre à minuit.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 30 décembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Unité de production N°3 - Niveau 1
Déclaré le 29/11/2022 : Le pilotage d’un réacteur s’inscrit dans un cadre de prescriptions, parmi lesquelles les spécifications techniques d’exploitation (STE), qui recueillent l’ensemble des règles à respecter pour la conduite des installations.
Le 21 novembre 2022, l’unité de production n°3 est à l’arrêt dans le cadre de sa maintenance programmée. Une demande de travaux est émise par les équipes de pilotage de la centrale en raison d’une circulation d’eau potentielle dans un circuit normalement isolé.
Lors de l’intervention, les techniciens constatent effectivement une circulation d’eau sur le circuit secondaire. Il apparait que ces mouvements d’eau sont concomitants à la mise en service le 20 novembre d’une pompe de circulation.
Après analyse, il apparaît que plusieurs vannes en série du circuit secondaire étaient inétanches (celles-ci ont immédiatement été remises en conformité). Cette inétanchéité a entraîné une augmentation de pression dans l’un des générateurs de vapeur de l’unité de production n°3, ce qui n’est pas permis par les spécifications techniques d’exploitation.
Cet évènement n’a pas eu d’impact réel sur la sureté des installations, l’unité de production n°3 étant à l’arrêt. Toutefois, en raison du non-respect des spécifications techniques d’exploitation, la centrale nucléaire de Dampierre-en-Burly a déclaré cet événement le 29 novembre 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire comme un événement significatif de sûreté de niveau 1 (anomalie) sur l’échelle INES, qui en compte 7.
Unité de production N°4 : Aucun évènement significatif déclaré en novembre et décembre 2022
Évènement significatifs sureté impactant plusieurs unités de production - Niveau 0
Déclaré le 2/12/2022 : Le confinement dynamique des locaux participe à la maîtrise de la dissémination d’iode en cas d’incident, il permet de circonscrire tout rejet en cas de fuite sur une tuyauterie concomitante à la présence d’iode dans celle-ci. Ce confinement dynamique s’obtient via des portes de type « coupe-feu ».
Le 27 octobre, une intervention générant un risque amiante débute à proximité d’un local à un risque iode. Afin d’installer le sas amiante, les intervenants vont démonter la porte qui participe au confinement dynamique. L’écart est relevé le 14 novembre 2022, lors de l’essai périodique de confinement des locaux.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 2 décembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Déclaré le 2/12/2022 : Les modifications réalisées lors des 4ème visite décennales imposent à l’exploitant la réalisation de nouveaux essais périodique sur les unités de production. Ces nouveaux essais sont planifiés en amont des futurs arrêts pour maintenance des réacteurs. À cette occasion, les chargés d’essais ont mis en lumière qu’un essai du même type, mais au référentiel des 3ème visites décennales, n’avait pas été planifié lors des arrêts précédents sur les unités de production 3 et 4.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 2 décembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Déclaré le 9/12/2022 : lors de la préparation d’une intervention sur le réseau de détecteurs d'incendie, un intervenant remarque que deux détecteurs n’ont pas été testés depuis leur mise en service. Après analyse, il apparaît que ceux-ci n’ont pas été intégrés dans le référentiel de test après leur changement en 2021.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact réel sur la sûreté des installations, a été déclaré le 9 décembre par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire.
Évènements significatifs radioprotection toutes unités de production - Niveau 0
Déclaré le 29/11/2022 : le 12 novembre, un intervenant doit contrôler la présence d’un matériel dans un local situé en zone nucléaire de l’installation. Pour les interventions en zone nucléaire, les intervenants doivent être en possession d’un « régime de travail radiologique » qui fixe les limites de dosimétrie de leur intervention. Ces limites sont reportées dans leur dosimètre opérationnel.
Lors de l’intervention, son dosimètre opérationnel émet deux alarmes. Il ne perçoit pas la première, du fait d’un environnement bruyant et du port d’une sur-tenue, mais entend la seconde et quitte alors le local et la zone contrôlée.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact sur la santé et la sécurité de l’intervenant, a été déclaré par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire le 29 novembre 2022.
Déclaré le 5/12/2022 : Lors de leurs interventions en zone nucléaire de l’installation, les intervenants doivent être en possession d’un dosimètre opérationnel afin d’être alerté en cas d’exposition à un débit de dose anormal. Le 1er décembre à 13h40, un intervenant s’équipe dans le vestiaire avant de pénétrer une zone nucléaire. À cette occasion, il va oublier son dosimètre opérationnel dans son bac. À 14h15, un technicien en radioprotection trouve le dosimètre dans le vestiaire et tente de contacter l’intervenant via le système de sonorisation du site. À 14h55, le technicien accompagné d’un responsable de zone du service prévention des risques, rejoignent l’intervenant. Celui-ci n’a pas entendu les appels sono dans le local où il se trouvait.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact sur la santé et la sécurité de l’intervenant, a été déclaré par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire le 29 novembre 2022.
Déclaré le 1/12/2022 : Les intervenants en zone nucléaire doivent être titulaire d’une habilitation les y autorisant. Ces habilitations ont une durée de vie de trois ans, période après laquelle les intervenants doivent impérativement suivre un recyclage. Le 14 novembre 2022, l’habilitation d’un intervenant est suspendue dans l’attente de son recyclage programmé début janvier 2023. Le 23 novembre, dans le cadre d’une inspection de l’autorité de sûreté nucléaire, il est demandé à l’intervenant d’accompagner cette visite. Compte tenu de son absence d’habilitation, une dérogation est demandée au service prévention des risques. Celle-ci est accordée sur validation de l’astreinte de direction de la centrale. Le 24 novembre, un contrôle interne réalisé par le service formation détecte la dérogation. Un rappel réactif est immédiatement réalisé à l’ensemble de la ligne managérial et à l’astreinte de direction de la centrale sur l’interdiction d’entrer en zone nucléaire au-delà des trois ans de formation sans recyclage. Aucune dérogation n’étant possible.
Cet écart de niveau 0 sous l’échelle INES, sans impact sur la santé et la sécurité de l’intervenant, a été déclaré par la centrale à l’autorité de sûreté nucléaire le 29 novembre 2022.