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Non-respect de la conduite à tenir lié à un cumul de deux indisponibilités matérielles dont une détectée a posteriori

Les règles générales d’exploitation (RGE) sont un recueil de règles qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite des réacteurs associées. Elles encadrent notamment les interventions réalisées sur les équipements contribuant à la sûreté et prescrivent la conduite à tenir en cas d’indisponibilité de matériels.

 

Le 26 juillet 2022, l’unité de production n°2 fonctionne à 50% de puissance. A 17h21, la défaillance d’un composant électronique au niveau d’une des chaînes de mesure neutronique de puissance entrant dans les protections réacteur, rend celle-ci indisponible. Les équipes de la centrale lancent une intervention pour corriger la défaillance (cette intervention s’achèvera le 27 juillet à 21h25). Pendant leur investigation, le matériel est mis en position de sécurité, et plusieurs alarmes ou signaux en lien avec la régulation des circuits sont présents en salle de commande. Le 27 juillet, à 6h17, de manière fortuite et concomitante, une autre anomalie matérielle, sans aucun rapport avec l’intervention en cours, actionne un signal d’alarme déjà présent sur l’écran en salle de commande. Il est donc considéré comme normal et lié à l’intervention sur la chaîne de mesure neutronique de puissance. A 21h25, la chaîne de mesure neutronique est de nouveau disponible mais un signal sur l’écran en salle de commande est toujours présent. Une analyse est menée permettant de détecter l’anomalie présente depuis 6h17 sur une autre voie de protection réacteur, qui est considérée indisponible a posteriori depuis 6h17. Celle-ci est mise en position de sécurité, et une nouvelle intervention est lancée permettant de remplacer le module défaillant et de retrouver la disponibilité de la voie le 28 juillet à 19h.

 

Du fait de la concomitance des deux anomalies matérielles, le 27 juillet de 6h17 à 21h25, la conduite à tenir imposée par les RGE indique que les procédures de mise à l’arrêt du réacteur doivent être initiées dans un délai de 8 heures. Ce délai n’a donc pas été respecté a posteriori.

 

Cet événement n’a pas eu de conséquences réelles sur la sûreté de l’installation. Toutefois, en raison du non-respect des règles générales d’exploitation dans la gestion d’un cumul de deux anomalies matérielles, la direction de la centrale de Cruas-Meysse a déclaré, le 2 août 2022, à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), un évènement significatif sûreté au niveau 1 sur l’échelle INES qui en compte 7.