Evénements significatifs - octobre 2021
L’échelle INES permet de situer l’importance d’un événement arrivé dans une centrale nucléaire française ou étrangère. Elle comporte 7 échelons, classés du niveau 1 (l’anomalie) au niveau 7 (accident majeur). Les écarts sont représentés au niveau 0. Ils ne sont pas classés dans l’échelle car sans conséquence du point de vue de la sûreté.
Application partielle de programmes de maintenance sans impact sur la disponibilité du matériel
Le 5 octobre 2021, la centrale nucléaire de Civaux a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un événement (niveau 0 = écart) concernant le non-respect d’une prescription technique prévue par le programme de maintenance préventive. Ce programme prévoit des points de vérification sur des dispositifs de blocage de mouvements indésirables de certaines tuyauteries. La vérification de l’aptitude à pistonner* librement de ces dispositifs n’a pas été réalisée systématiquement lors des derniers arrêts pour maintenance, en raison d’une procédure de contrôle incomplète.
Ce non-respect d’une exigence du programme de maintenance préventive a été détecté le 5 octobre 2021 à l’occasion de contrôles réalisés dans le cadre de l’arrêt pour maintenance de l’unité de production n°1, ce qui a fait l’objet de la déclaration d’un événement de niveau 0 à l’ASN.
*Pitonnage : le piston du dispositif doit pouvoir se déplacer lentement
Dépassement du seuil de 100 kg de perte cumulée de fluide frigorigène depuis le 1er janvier 2021
Le calcul annuel du cumul de perte de fluide frigorigène sur les installations a donné un résultat de 194,2 kg depuis le 1er janvier 2021. Ce dépassement du seuil de 100 kg, issu du cumul des pertes de plusieurs groupes froids de la centrale, a fait l’objet le 7 octobre 2021 d’une déclaration à l’Autorité de sûreté nucléaire d’un événement significatif environnement.
Démarrage automatique involontaire d’une alimentation électrique de secours sur l’unité de production n°1
Le 22 octobre 2021, la centrale nucléaire de Civaux a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement (niveau 0 = écart) concernant la mise en service involontaire du diesel* sur l’unité de production n°1, alors en arrêt pour maintenance programmé.
Ce démarrage intempestif a été arrêté manuellement moins d’une heure plus tard (après contrôle) par un technicien d’exploitation et n’a pas eu d’impact sur la sûreté de l’installation. Néanmoins, le démarrage involontaire d’un système de sauvegarde est redevable de la déclaration d’un événement significatif sûreté.
*Le fonctionnement d’une centrale nucléaire nécessite de disposer d’alimentations électriques différentes et indépendantes. Une seule est suffisante pour garantir la sûreté des installations. Les groupes électrogènes à moteurs diesels viendraient prendre le relai des moyens d’alimentation principaux, si ceux-ci étaient indisponibles.
Déclinaison inadaptée du mode opératoire d’une gamme d’essai périodique
Sur les centrales nucléaires, des essais périodiques sont organisés régulièrement afin de vérifier le bon fonctionnement des différents matériels.
Le 25 octobre 2021, la centrale nucléaire de Civaux a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement (niveau 0 = écart) concernant la déclinaison inadaptée du mode opératoire relatif à une gamme d’essai périodique sur le diesel d’ultime secours*. En effet, la gamme d’essai décrivant les actes techniques à réaliser pour vérifier le bon fonctionnement du matériel était inexacte par rapport à la règle d’essai prévue par les procédures d’exploitation. Dès détection de cet écart, le mode opératoire a été revu. L’essai sur le matériel a ainsi pu être réalisé avec un mode opératoire conforme à la règle d’essai. Le résultat était conforme à l’attendu.
*Les diesels d’ultime secours (un par unité de production) sont conçus pour apporter une alimentation électrique aux matériels et systèmes de sûreté de la centrale en cas de perte totale des alimentations électriques extérieures. Ils viennent en complément de matériels et systèmes de secours déjà existants et redondants.
Non prise en compte d’un dossier d’amendement dans une étude de risque
Le 28 octobre 2021, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté relatif à la non prise en compte d’un dossier d’amendement dans une étude de risque concernant les réacteurs nucléaires en exploitation*. Des études de scénarios incidentels et accidentels sont réalisées afin de garantir le maintien des fonctions de sûreté, dans ces situations, en appliquant la conduite à tenir. Dans les études concernant l’accident postulé de rupture de tube de générateur de vapeur, une évolution documentaire n’a pas été prise en compte. Il s’agit d’un dossier d’amendement aux règles générales d’exploitation**, lié à la simplification de la conduite accidentelle.
Une première analyse révèle un potentiel impact du dossier d’amendement sur les conséquences de ce type d’accident. A l’issue de cette première analyse, une étude approfondie confirme que les conséquences envisagées restent conformes aux critères de sûreté à respecter. La mise à jour complète de l’étude sera réalisée d’ici la fin de l’année 2023.
En raison des conséquences potentielles de cette anomalie d’étude, EDF a déclaré le 28 octobre 2021, à l’Autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif pour la sûreté à caractère générique au niveau 0 en dessous de l’échelle INES qui en compte 7, pour l’ensemble de ses réacteurs nucléaires en exploitation.
*Bugey, Tricastin, Gravelines, Dampierre-en-Burly, Blayais, Chinon, Cruas-Meysse, Saint-Laurent-des-Eaux, Paluel, Saint-Alban, Flamanville, Belleville-sur-Loire, Cattenom, Golfech, Nogent-sur-Seine, Penly, Chooz, Civaux.
**Les règles générales d’exploitation (RGE) sont un recueil de règles approuvées par l’ASN qui définissent le domaine autorisé de fonctionnement de l’installation et les prescriptions de conduite des réacteurs associées.