L’échelle INES permet de situer l’importance d’un événement arrivé dans une centrale nucléaire française ou étrangère. Elle comporte 7 échelons, classés du niveau 1 (l’anomalie) au niveau 7 (accident majeur). Les écarts sont représentés au niveau 0. Ils ne sont pas classés dans l’échelle car sans conséquence du point de vue de la sûreté.
Défauts d’assurance qualité sur le processus de déclinaison des essais périodiques
Sur les centrales nucléaires, des essais périodiques sont organisés régulièrement afin de garantir en permanence le bon fonctionnement des matériels.
En octobre 2021, les équipes de la centrale de Civaux réalisent un essai périodique destiné à suivre l’évolution de mesures de vibration sur des matériels du diesel d’ultime secours de l’unité de production numéro 2. Lors de l’essai, un critère de surveillance n’est pas contrôlé car non intégré dans un logiciel de suivi utilisé pour détecter un dépassement éventuel de critère. Le logiciel est alors mis à jour. Les performances fonctionnelles et la disponibilité des matériels sont à tout moment restées assurées. Toutefois, l’analyse réalisée par les équipes a posteriori a montré des anomalies dans les phases d’intégration du référentiel, ainsi que dans les différentes phases de l’activité.
La centrale de Civaux a donc déclaré cet événement (niveau 0) à l’Autorité de sûreté nucléaire le 4 février 2022.
Défaut de mise à jour de paramètres dans une documentation d’exploitation
Le 8 février 2022, une intervention programmée dans le bâtiment combustible de l’unité de production numéro 1, à l’arrêt pour visite décennale, nécessite une modification temporaire du réglage du seuil d’alarme des chaînes de mesure d’activité radiologique du bâtiment. Les seuils sont modifiés par les équipes selon les procédures applicables. A l’issue de l’intervention, celles-ci sont de nouveau réglées avec les valeurs initiales prescrites dans la procédure. Toutefois, la procédure utilisée lors de cette intervention, qui ne prenait pas en compte les nouveaux seuils à appliquer après une modification des appareils réalisée lors de la visite décennale de l’unité, a conduit les équipes à régler le seuil de déclenchement plus bas que les valeurs attendues.
Le 15 février, lors d’un essai périodique visant à s’assurer du bon fonctionnement de ces mêmes équipements, les équipes d’exploitation détectent un écart entre le seuil de réglage des appareils et les critères attendus dans la procédure d’essai périodique mise à jour après la modification des matériels. Les seuils ayant été paramétrés plus bas que le requis, l’analyse de cet écart a montré que les chaînes de mesure auraient toujours assuré leur fonction en cas de détection d’une hausse de l’activité radiologique dans le bâtiment. Les équipes du site ont procédé aux réglages nécessaires pour remettre les seuils d’alarme en adéquation avec les seuils attendus. Cependant, cet évènement a mis en évidence un défaut d’assurance qualité dans le processus d’intégration d’une modification matériel.
La centrale de Civaux a déclaré cet événement (niveau 0) à l’Autorité de sûreté nucléaire le 24 février 2022.
Détection d’un écart concernant la tenue de joints d’étanchéité dans des conditions spécifiques
Le 1er février 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté relatif à la détection d’un écart concernant la tenue de joints d’étanchéité. Chaque unité de production nucléaire est équipée d’un dispositif appelé “U5”. Composé d’un filtre contenant du sable, ce dispositif permet d’assurer l’intégrité de l’enceinte de confinement du bâtiment réacteur en cas de montée en pression et d’atteinte d’une valeur supérieure à sa valeur de dimensionnement. En cas d’accident grave, ce dispositif permet de filtrer les rejets dans le but de préserver l’environnement.
Un écart de conformité a été mis en évidence au niveau de la tenue, en condition “d’accident grave”, des joints d’étanchéité présents sur des assemblages boulonnés de diaphragmes situés en amont du filtre à sable. Après analyse de cet écart, il apparait que le serrage appliqué, selon la boulonnerie et les types de joints présents sur les assemblages concernés était conforme. Cependant, la justification de la tenue des joints d’étanchéité des assemblages boulonnés en cas d’accident grave n’a pu être apportée dans l’étude associée. Dès détection de l’écart, les actions de traitement ont été aussitôt engagées. Le remplacement par des nouveaux joints fabriqués dans un matériau dont la tenue est démontrée en cas d’accident grave sur l’ensemble des matériels concernés sur le parc nucléaire est engagé depuis le mois de novembre 2021 pour les premiers réacteurs du parc nucléaire et sera soldé pour l’ensemble des réacteurs en fonctionnement pour le 30 juin 2022 ou avant le redémarrage des réacteurs qui disposent d’un arrêt programmé lors du premier semestre 2022.
EDF a déclaré, le 1er février 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif pour la sûreté à caractère générique, au niveau 0 en dessous de l’échelle INES qui en compte 7, pour l'ensemble des réacteurs en exploitation de son parc nucléaire ainsi que pour les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim.
Défaut d’étanchéité de joints de soupapes SEBIM du pressuriseur
Le 25 février 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté relatif à un défaut d’étanchéité de joints de soupapes SEBIM du pressuriseur.
Le pressuriseur est un réservoir cylindrique permettant de contrôler la pression du circuit primaire lors de son fonctionnement. Le circuit primaire est protégé des surpressions par 3 lignes indépendantes, reliées au pressuriseur et composées d’un tandem de deux soupapes dites SEBIM. Les soupapes sont équipées
de têtes de détection qui permettent la mesure de pression et l’ouverture des soupapes. Ces têtes peuvent être de type monobloc ou bi‐bloc. Des contrôles réalisés par les équipes d’EDF sur certains réacteurs des paliers 900 et 1300MW ont révélé que la présence de têtes de détection monobloc pouvait potentiellement induire un défaut d’étanchéité de joints situés dans les têtes de détection des soupapes SEBIM. Ces têtes de détection monobloc sont présentes sur 35 réacteurs* du parc en exploitation, tous paliers confondus. L’analyse effectuée ayant montré l’absence d’impact sûreté en conditions réalistes, il n’y a eu aucune conséquence réelle sur la sûreté des installations.
La détection de ce potentiel défaut d’étanchéité a toutefois conduit EDF à déclarer le 25 février 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté à caractère générique au niveau 0, en dessous de l’échelle INES qui en compte 7.
*Réacteurs de Belleville 1‐2, Blayais 2‐3, Bugey 2‐3‐4, Cattenom 1‐3, Chinon 1‐2‐3, Civaux 1, Cruas 1‐2‐3, Dampierre 1‐2‐3, Golfech 1‐2, Gravelines 1‐2‐3‐4‐5, Nogent 1,Paluel 1‐3, Penly 2, Saint‐Laurent 1‐2 et Tricastin 1‐2‐3
Non prise en compte d’un élément d’étude conduisant à la non-réalisation d’un essai périodique
Le 1er février 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté à caractère générique relatif à la non-prise en compte d'un élément d’étude conduisant à la non-réalisation d’un essai périodique. Dans l’étude relative à l’événement “rupture de tuyauterie vapeur”, il apparait que la survenue de ce dernier entraine des évolutions rapides au niveau du cœur du réacteur. Ces fluctuations seraient alors détectées par le système de protection du réacteur, composé de divers capteurs de pression, température et débit, qui ordonneraient l’arrêt automatique des pompes du circuit primaire. Ces pompes ont pour objectif de faire circuler l’eau au sein du circuit primaire. Lorsque ces pompes sont arrêtées, il n’y a plus de circulation d’eau dans le circuit primaire, on parle de décroissance lente du débit primaire. Lors du réexamen de sûreté des 4ème visites décennales des réacteurs de 1300 MWe, des calculs ont mis en exergue qu’un essai périodique aurait dû être réalisé pour mesurer le temps entre le signal d’arrêt des pompes du circuit primaire et le début de la décroissance lente du débit de ce circuit ainsi que du caractère majorant de la courbe théorique, afin de s’assurer du respect des critères de sûreté. Cette étude a ensuite été élargie à l’ensemble des réacteurs du parc nucléaire. Après analyse, il a été démontré que la non-réalisation de cet essai ne remet pas en cause la démonstration de sûreté. Ainsi, cet événement n’a pas eu de conséquence réelle sur la sûreté des installations.
Toutefois, la détection de cet événement a conduit EDF à déclarer, le 1er février 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire, un événement significatif pour la sûreté à caractère générique, au niveau 0 en dessous de l’échelle INES qui en compte 7, pour les réacteurs des centrales nucléaires du Bugey, de Chinon, de Cruas-Meysse, de Dampierre-en-Burly, de Gravelines, de Saint-Laurent-des-Eaux, du Tricastin, de Chooz et de Civaux.