La direction de la centrale nucléaire de Belleville-sur-Loire a déclaré en juillet 2022 deux événements significatifs sûreté de niveau 0 et un événement significatif environnement.
Deux évènements significatifs sûreté génériques de niveau 0 (commun à plusieurs réacteurs du parc EDF français), et concernant Belleville, ont été déclarés par la direction d’EDF.
• Démarrage de l’alimentation de secours des générateurs de vapeur
Différents dispositifs sont mis en place durant la saison chaude pour permettre aux centrales nucléaires d’être plus résilientes face à un phénomène de type canicule. L’ensemble des mesures s’inscrit dans le plan « Grand Chaud ».
Le 5 juillet 2022, pendant un essai du dispositif « Grand Chaud », mené sur un diesel de secours de l’unité de production n°1, alors en fonctionnement, la charge du moteur diesel est progressivement augmentée jusqu’à 100% de puissance. Lors d’une demande de baisse de charge, l’alimentation électrique se coupe et se relance , suite à l’activation d’une protection automatique.
Lors du retour en tension, une pompe d’alimentation de secours qui injecte de l’eau dans les générateurs de vapeur démarre.
En raison de la mise en service non souhaitée de l’alimentation de secours des générateurs de vapeur, ayant refroidi la température moyenne du circuit primaire d’environ 0,2°C et augmenté la puissance thermique d’environ 0,5 % de la puissance nominale du réacteur, la direction de la centrale de Belleville-sur-Loire a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire le 7 juillet 2022 un événement significatif pour la sûreté, au niveau 0 (en dessous de l’échelle INES, qui en compte 7).
• Essais périodiques non réalisés dans le délai requis
Le 27 juillet 2022, EDF a déclaré à l’Autorité de sûreté nucléaire un événement significatif pour la sûreté relatif à la non prise en compte des conditions de réalisation d’un essai périodique, au niveau 0 (en dessous de l’échelle INES, qui en compte 7).
Afin de s’assurer du bon fonctionnement du réacteur nucléaire, de nombreux paramètres sont contrôlés et suivis en permanence notamment via des chaînes neutroniques. Ces dernières permettent de contrôler, grâce à de nombreux capteurs, le flux neutronique à l’intérieur de la cuve du réacteur. Lorsque le réacteur est en fonctionnement, un contrôle, appelé “essai périodique”, est réalisé à la maille hebdomadaire sur ces chaines neutroniques pour s’assurer de leur bon fonctionnement. Lorsque le réacteur est arrêté, ces contrôles périodiques sont toujours réalisés via d’autres capteurs spécifiques.
L’essai doit par ailleurs être réalisé dans un délai de 42h après l’arrêt ou le démarrage de la réaction en chaine dans le cadre des arrêts de tranche pour certaines chaines de mesure. A la suite d’un défaut d’analyse des conditions de réalisation de cet essai, la centrale de Belleville-sur-Loire n’a pas réalisé les contrôles dans le délai requis, ces derniers restaient programmés à leur date habituelle. Néanmoins, les essais périodiques ont tous été satisfaisants, ce qui a permis de conclure à la disponibilité du matériel.
Cet événement n’a pas eu de conséquence réelle sur la sûreté des installations, l’analyse montrant que ces matériels sont toujours restés disponibles.
• Réglage erroné de l’application informatique permettant le paramétrage des systèmes de protections des réacteurs du palier 1300MW
Constituée de détecteurs de mesure de flux neutronique, l’instrumentation interne du cœur permet de mesurer la puissance nucléaire. Ces détecteurs, permettent de réaliser une carte de flux qui cartographie la répartition de la puissance dans le cœur du réacteur. Les données sont retranscrites dans des applications informatiques permettant de calibrer les systèmes de protection du réacteur.
Des anomalies ont été détectées entre la retranscription des valeurs de puissance et les puissances réelles sur quatre cartes de flux entre le 26 avril 2014 et le 8 décembre 2021 sur des réacteurs de 1300MW. Elles ont conduit à sous-estimer la puissance moyenne au maximum de 0,012%. Des mesures palliatives ont été mises en place dès la détection de ces anomalies jusqu’à la mise en place d’un correctif dans les applications informatiques.
Les protections des réacteurs étant toujours restées disponibles et les puissances initiales étant maintenues dans la démonstration de sûreté des réacteurs, ces anomalies n’ont entraîné aucune conséquence réelle ou potentielle sur la sûreté des installations. Elles conduisent toutefois à la déclaration le 27 juillet 2022 à l’Autorité de sûreté nucléaire d’un événement significatif de sûreté à caractère générique de niveau 0 (sous l’échelle Inès qui en compte 7) pour les réacteurs du palier 1300MW*.
*Réacteurs de Belleville, Cattenom, Flamanville, Golfech, Nogent, Paluel, Penly et Saint-Alban
• Anomalie d’étude pouvant conduire à des perturbations lors de la mise en service d’une motopompe
Certains scénarios accidentels pouvant survenir durant les phases d’arrêt d’un réacteur, prévoient la mise en service d’une motopompe spécifique pour garantir l’appoint en eau du circuit primaire.
Durant les phases d’arrêt d’un réacteur, cette motopompe est directement connectée au circuit de secours d’aspersion de l’enceinte du réacteur EAS. Cette connexion s’effectue sans action de remplissage ou d’éventage des tuyauteries, ce qui pourrait conduire à des perturbations en cas de mise en service de cette motopompe.
Ne s’étant jamais produite, cette situation n’a eu aucune conséquence réelle sur la sûreté des installations. Elle est toutefois redevable d’un événement significatif pour la sûreté à caractère générique au niveau 0 (en dessous de l’échelle INES qui en compte 7) pour les réacteurs de 1300MW et du palier N4* et a fait l’objet d’une déclaration auprès de l’Autorité de sûreté nucléaire le 22 juillet 2022.
*Réacteurs de Belleville, Cattenom, Chooz, Civaux, Flamanville, Golfech, Nogent, Paluel, Penly et Saint-Alban
• Dépassement d'un seuil réglementaire sur une valeur calculée de concentration en légionnelles
Cet événement a fait l'objet d'une communication le 08 juillet 2022.