
L’éolien offshore en France pourrait-il offrir une seconde vie aux plateformes pétrolières en mer ? Développer cette hypothèse permettrait de mieux contribuer au mix énergétique visé par la loi de transition énergétique, au moment où la filière éolienne marine cherche justement à se renforcer et à devenir plus compétitive.
C’est officiel, le 4 avril dernier, la ministre de l’Environnement a annoncé le lancement du troisième appel d’offres éolien offshore en France, au large de Dunkerque (voir encadré). Une bonne nouvelle en demi-teinte… Le choix de n’équiper qu’un seul site atténue les espoirs d’un secteur qui milite en faveur d’une production de volumes importants sur plusieurs zones, un moyen d’accroître sa compétitivité en créant des économies d’échelle. Parallèlement, le secteur de l’éolien marin s’élargit grâce aux premières éoliennes flottantes qui vont être pré-commercialisées d’ici 2020, notamment en France. Dans un tel contexte, la transformation des plateformes pétrolières inutilisées – fixes ou flottantes – pourrait-elle venir à la rescousse d’une production éolienne offshore plus ambitieuse ?
C’est un fait acquis : avec seulement 14 % d’ENR dans sa production finale d’énergie à fin 2015, la France a pris du retard par rapport aux objectifs de la transition énergétique (23 % d’ENR en 2020 et 32 % en 2030). Elle arrive loin derrière les autres pays européens. Avec une poussée sensible de 10,7 % pour la seule année 2015, l’éolien terrestre tire son épingle du jeu. Néanmoins, l’écart avec les objectifs peine à être rattrapé. L’éolien offshore pourrait bien donner un coup de pouce d’ici quatre ans pour passer à la vitesse supérieure.
« Le rythme de déploiement des ENR devrait connaître une accélération avec la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sur les filières émergentes, à condition que les industriels aient une meilleure visibilité sur leurs investissements », considérait Jean-Louis Bal, président du Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) lors de son colloque annuel en février dernier. Une visibilité qui pourrait être favorisée par la mise en place d’un prix du carbone européen pour orienter les investissements vers les ENR. Pour que l’embellie se confirme, les acteurs attendent que les pouvoirs publics tiennent leurs promesses, en soutenant les projets en cours et en en favorisant de nouveaux.
« Le rythme de déploiement des ENR devrait connaître une accélération avec la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sur les filières émergentes, à condition que les industriels aient une meilleure visibilité sur leurs investissements », considérait Jean-Louis Bal, président du Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) lors de son colloque annuel en février dernier. Une visibilité qui pourrait être favorisée par la mise en place d’un prix du carbone européen pour orienter les investissements vers les ENR. Pour que l’embellie se confirme, les acteurs attendent que les pouvoirs publics tiennent leurs promesses, en soutenant les projets en cours et en en favorisant de nouveaux.
Dans les pays du Nord et au Royaume-Uni, la production éolienne offshore a déjà pris 10 ans d’avance dans des territoires marins où les fonds plats et la constance du vent permettent un rendement optimum. En France, le top départ de l’éolien offshore a été donné par étapes. Plusieurs appels d’offres se sont succédé depuis 2012. Début avril, le dernier en date est donc annoncé à Dunkerque, point d’entrée pour partir à la conquête des marchés de la mer du Nord. Selon Yann-Hervé De Roeck, directeur de France Énergies Marines, « sur les trois parcs éoliens offshore prévus, 3 GW de puissance installée seront opérationnels en 2021 et les premières installations seront en service d’ici deux ans ». Une contribution majeure quand on sait que ces champs éoliens fourniront une puissance équivalente à celle de trois réacteurs nucléaires.
Dès les premiers appels d’offres, l’objectif était clair : créer une filière nationale de l’éolien offshore au sein de consortiums qui associent des industriels français. En choisissant des constructeurs comme Alstom ou Areva pour fabriquer les turbines de ces parcs éoliens, le gouvernement cherche à favoriser la création d’emplois dans des zones portuaires en perte de vitesse, tout en ouvrant la voie à l’exportation d’éoliennes offshore dans des pays à fort potentiel. Une occasion pour les constructeurs de compenser le retard pris sur leurs concurrents avec des technologies plus performantes. Au large des côtes, la filière industrielle française se distingue aussi : c’est le fabricant de câbles Nexans qui connectera le premier parc flottant au monde de 30 MW. Ce projet Hywind situé à 30 km au large de la côte écossaise permettra de relier cinq éoliennes pour transporter l’énergie dans un pays qui compte atteindre son objectif de 100 % d’ENR d’ici 2020.
La structuration de la filière, signe de maturité industrielle, permettra-t-elle de déboucher sur d’autres projets et, notamment, sur la transformation des plateformes pétrolières ? « Sur un plan technique, l’hypothèse est envisageable parce que ces plateformes maritimes sont exposées au vent et permettent de profiter de structures existantes », explique Yann-Hervé De Roeck. À condition que des aménagements soient faits car, contrairement à l’éolien, l’objectif initial d’une plateforme pétrolière consiste à avoir le moins de prise possible au vent. « Planter un mât de plus d’une centaine de mètres et installer une nacelle avec des pales, le tout pesant 350 tonnes, soumet les structures à des efforts plus importants que celles des plateformes pétrolières destinées à s’effacer au vent », poursuit Yann-Hervé De Roeck.
La question du raccordement électrique au réseau reste également un sujet complexe. « Relier ces champs très éloignés entraînerait des coûts considérables car le câble électrique peut se chiffrer à un million d’euros par kilomètre sur des distances moyennes. Or, les plateformes pétrolières sont souvent bien plus au large que les actuels parcs éoliens offshore. »
La question du raccordement électrique au réseau reste également un sujet complexe. « Relier ces champs très éloignés entraînerait des coûts considérables car le câble électrique peut se chiffrer à un million d’euros par kilomètre sur des distances moyennes. Or, les plateformes pétrolières sont souvent bien plus au large que les actuels parcs éoliens offshore. »
Compte tenu des enjeux techniques, ne serait-il pas plus pertinent de transformer les plateformes pétrolières flottantes en champs d’éoliennes flottantes ? L’idée mérite d’être creusée au vu des atouts de l’éolien flottant par rapport à l’éolien offshore fixe : capacité à s’installer sur des mers profondes et des côtes lointaines, exposition à des vents de meilleure qualité. Plus globalement, cette technologie en phase d’accélération pourrait être prometteuse car, en simplifiant les contraintes techniques et en affichant un meilleur rendement, elle permet aussi de réduire les coûts.
« À l’avenir, tout dépendra des incitations gouvernementales et européennes, précise Yann-Hervé De Roeck. Par exemple, le Royaume-Uni, tenu à des objectifs importants pour décarboner la production de son électricité, développe l’éolien. » D’autant que cette énergie a peu d’externalités, autrement dit, a peu de dépendance à une variation de coûts, notamment de matière première. « D’un point de vue économique, c’est rassurant », insiste Yann-Hervé De Roeck. La force technique de l’éolien offshore réside aussi dans la quantité d’énergie récupérable largement supérieure en mer que sur terre, du fait d’un vent plus fort et plus constant. Aussi, dimensionnées pour démarrer même avec des vents faibles, les éoliennes offshore peuvent être efficaces 40 % du temps contre 23 % pour l’éolien terrestre.
Pour l’heure, la filière vise avant tout à atteindre des coûts de production autour de 100 €/MWh. « Avec 100 £/MWh pour ses derniers champs britanniques, le Royaume-Uni n’en est plus très loin », constate Yann-Hervé De Roeck. En France, face au retard à rattraper, l’ambition des industriels se concentre sur la production de volumes plus importants pour faire baisser les coûts. La profession compte sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour envoyer des signaux encore plus ambitieux. Mais le SER salue déjà l’annonce de la ministre de l’Environnement concernant le nouveau cadre réglementaire qui devrait permettre de « dérisquer » davantage les projets et de stimuler la concurrence pour conduire à la baisse des prix.
Pour l’heure, la filière vise avant tout à atteindre des coûts de production autour de 100 €/MWh. « Avec 100 £/MWh pour ses derniers champs britanniques, le Royaume-Uni n’en est plus très loin », constate Yann-Hervé De Roeck. En France, face au retard à rattraper, l’ambition des industriels se concentre sur la production de volumes plus importants pour faire baisser les coûts. La profession compte sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour envoyer des signaux encore plus ambitieux. Mais le SER salue déjà l’annonce de la ministre de l’Environnement concernant le nouveau cadre réglementaire qui devrait permettre de « dérisquer » davantage les projets et de stimuler la concurrence pour conduire à la baisse des prix.
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