
Benoît, pouvez-vous nous raconter votre parcours ?
J’ai une formation universitaire en biologie marine avec une spécialité en halieutique. L’halieutique ? C’est la science de l'exploitation des ressources vivantes aquatiques. En 2008, j’ai commencé mon parcours professionnel sur l’animation d’un projet porté par une association, l’AGLIA (Association du Grand Littoral Atlantique) visant l’amélioration des techniques de pêche dans le but d’une exploitation plus durable des ressources.
De la pêche durable à l’énergie renouvelable, il n’y avait qu’un pas.
Je l’ai franchi en 2012 en rejoignant l’équipe projet du consortium piloté par EDF Renouvelables, en tant que responsable pêche et usages pour le projet éolien en mer de Saint-Nazaire. Grâce à l’expérience acquise sur ce projet, j’ai pu développer une expertise spécifique et je suis maintenant en charge de la concertation avec les pêcheurs professionnels et usagers de la mer pour l’ensemble des projets d’énergies marines renouvelables français portés par la filiale EDF Renouvelables.
En quoi consiste le métier de Chef de projets pêche et usages ?
Mon travail consiste à faciliter l’intégration de nos projets éoliens en mer avec les usages de la mer, et notamment la pêche professionnelle. J’anime les échanges avec les pêcheurs professionnels pour trouver des moyens d’adapter le projet afin de maintenir l’activité de pêche au sein du parc éolien en mer. Par exemple, les éoliennes sont alignées et espacées d’environ 1 km pour laisser des couloirs pour la pêche. Je m’occupe également des études sur la ressource halieutique, à savoir les évaluations des effets de nos projets sur les poissons, coquillages et crustacés.
J’ai la particularité d’être « transverse », à savoir impliqué sur différents projets en support des chefs de projets.
Mon quotidien est partagé entre des réunions sur le terrain, de la rédaction au bureau et parfois, des sorties en mer. Nos projets sont répartis entre Fécamp et Saint-Nazaire et nous avons également un projet éolien flottant en Méditerranée, je passe donc bien plus de temps sur la route qu’en mer.
Pouvez-vous nous présenter vos projets ?
Sur nos projets développés depuis 2012, le travail du moment est orienté sur la préparation de la phase de construction qui approche. Cette phase sera la plus sensible car même si nous avons travaillé sur l’organisation des travaux, certaines zones devront être fermées à la pêche. Nous serons très attentifs au suivi de notre chantier et des mesures que nous mettons en œuvre pour éviter, réduire et compenser les effets de nos projets sur l’activité de pêche et les ressources halieutiques.
Qu’est-ce qui fait que vous avez choisi ce métier ?
Mon métier me plait énormément car il place l’activité humaine au cœur de l’environnement. Nous essayons au quotidien de partager au mieux l’espace maritime tout en nous assurant que nos projets sont compatibles avec la conservation des écosystèmes marins. Les études sur l’environnement marin que nous réalisons sont sans commune mesure, nous contribuons pleinement à l’amélioration des connaissances en mer avec l’objectif de fournir à l’homme une énergie d’avenir issue d’une ressource naturelle inépuisable.
Y a-t’ il un projet qui vous a marqué ?
Parmi l’ensemble des projets développés par le groupe, celui qui m’a le plus marqué est celui au large de Saint-Nazaire. Je participe au développement de ce projet depuis 2012. Nous avons progressivement construit une relation de confiance avec les professionnels de la pêche marquée par le respect de nos engagements et la franchise de nos échanges. Une fois la confiance engagée, les avancées sur ce projet ont été considérables.
J’ai embarqué avec un patron pêcheur du Croisic qui travaille une bonne partie de l’année sur le site retenu pour la construction du futur parc éolien. Son père et son grand père ont comme lui relevé des millions de casiers à crustacés sur le banc de Guérande, par tous les temps. Ils ont passé bien plus de temps sur ce site que nous derrière nos ordinateurs. Lorsque ce patron pêcheur intervient lors d’une réunion technique pour discuter de l’aménagement du parc éolien, les ingénieurs l’écoutent, l’interrogent et prennent des notes. C’est en partie cela la fierté d’un projet concerté. Nous ne sommes évidemment pas toujours d’accord, parfois nous nous trompons, parfois ce sont les pêcheurs qui se trompent mais, nous partageons nos connaissances et nos convictions
Pouvez-vous nous révéler votre prochain challenge ?
Notre prochain challenge est de remporter l’appel d’offres de Dunkerque sur lequel nous travaillons et de proposer un projet liant cohabitation des usages et production d’énergie renouvelable. C’est également de poursuivre la coordination avec les usagers de la mer pendant le chantier de construction à venir des projets de Saint-Nazaire, Fécamp et de Courseulles-sur-Mer.
Où vous voyez-vous dans 10 ans ?
Dans 10 ans ? Aucune idée ! Mais, pour l’instant, je me vois poursuivre le développement des différents projets du Groupe afin que nous continuions d’être une référence en matière de concertation avec les usagers de la mer.
Comment voyez-vous l’avenir pour votre secteur ?
Comme l’énergie que nous développons : durable :o)