Juliette aurait voulu être commissaire de police. Chef de projets innovation à la direction numérique après 15 ans de juridique, elle a publié deux comédies romantiques policières. Enquête

Sophie GUICHARD

Du haut de sa tour - PB6, dans le quartier de La Défense, Juliette Sachs, chef de projets innovation, sort cette rentrée Vacances mortelles au paradis, après On n’attire pas les hirondelles avec du vinaigre. Signe particulier ? Ce sont deux comédies romantiques policières signées par une jeune femme qui s’est un jour rêvée inspecteur de police.

Mener l’enquête comme Agatha Christie

« L’enquête, cela m’a pris vers 16-17 ans, je voulais être inspecteur de police ou juge d’instruction… » Juliette grandit entre Melun, en Seine-et-Marne, et Beg Douar, sur la Côte de Granit rose bretonne où elle passe toutes ses vacances. Elle évolue entre un père juriste à EDF et une mère informaticienne.

« A 12 ans, nous avons eu notre premier Mac, j’étais geek avant l’heure ! »,

se souvient celle qui, étudiante en fac de droit, allait acheter ses ordinateurs en pièces détachées rue Montgallet à Paris. Sa licence en poche, elle entre comme assistante de justice à la Cour d’appel, mais, plus tard, décide de tester un job en entreprise. En 2002, elle intègre Gaz de France et y assure l’appui juridique de filiales. On souhaite l’embaucher, mais le ticket d’embauche se fait attendre. Elle rejoint EDF Développement Environnement (EDEV), la holding qui, à l’époque, portait toutes les filiales d’EDF. Au bout de deux ans, elle décroche enfin un CDI et travaille sur l’introduction en bourse d’EDF Energies Nouvelles.

Trouver une solution comme Bridget Jones

Juliette est une bosseuse : lorsqu’en 2008, EDEV crée sa filiale EDF Energies nouvelles réparties, elle se lance dans l’aventure aux côtés de Sabine Le Gac, actuelle directrice juridique d’EDF. « Il fallait partir de zéro, constituer les contrats de vente, on a essuyé les plâtres… » En 2010, elle intègre la direction Commerce, toujours au juridique. Elle travaille sur des sujets innovants, le compteur Linky, les réseaux intelligents… « Au final, c’est ça qui me plaisait en entreprise, trouver une solution. J’aime imaginer des montages contractuels complexes. » Un esprit ouvert au changement aussi. En 2015, Sabine Le Gac, lui propose un poste de responsable juridique en appui de la direction Economie, tarifs et prix. C’est une promotion, avec des sujets complexes qui n’effraient pas Juliette. En 2017, elle entend parler d’un poste de chef de projets innovation à la direction numérique, au sein de l’accélérateur d’innovations Pulse Studio, pour accompagner des équipes dans la mise en place vitesse chrono - en 6 à 9 mois - de nouvelles offres commerciales. Elle fonce. Datas, objets connectés, offres vertes… « Aujourd’hui tous mes dossiers sont différents », sourit Juliette. Mais elle va se saisir d’un autre dossier, l’écriture.

Inventer un monde à la Juliette Sachs

« C’est arrivé d’un coup, à l’heure du déjeuner, je me suis mise devant mon ordi pour écrire une trame policière en deux pages : des meurtres sur des sites de rencontres. Je lis depuis que je suis toute petite. Des thrillers, mais aussi des comédies romantiques, d’où l’idée de mélanger les deux styles », explique-t-elle. Pour autant, elle ne se sent alors pas capable d’écrire deux cents pages. Le temps passe. Son fiancé veut écrire un livre, elle le coache. Ils imaginent même une trame. Mais lui abandonne. « J’avais pris plaisir au jeu, j’ai décidé de reprendre ma première trame policière et d’écrire un vrai livre ». Dans On n’attire pas les hirondelles avec du vinaigre, elle met en scène une journaliste, Camille, une quadragénaire célibataire qui cherche le scoop et enquête sur une série de féminicides. « Toutes les héroïnes de comédies romantiques ont la trentaine. Je voulais un personnage différent, avec une rupture au compteur, un caractère bien trempé et une vie professionnelle avancée », souligne Juliette, qui décroche un éditeur un mois seulement après avoir envoyé son manuscrit. « J’imaginais m’autoéditer et en vendre 40 exemplaires à ma famille, j’en suis à l’écriture du 4ème ! » Elle s’inspire du goût du jour – une responsable de communication qui se reconvertit dans la pâtisserie, une détective privée qui déjoue un piratage industriel, mais aussi des discussions autour de la machine à café : « Cela m’inspire des ambiances, des scènes, pas des personnages… » A bon entendeur. Du haut de sa tour, chaque midi, Juliette imagine des meurtres dans les Maldives, des vacances qui virent mal, des cadavres exquis… Bien sûr, toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé est purement fortuite !