On ne naît pas geek… on le devient. Stéphane, 44 ans, est tombé dans l’intelligence artificielle tout petit. Aujourd’hui, il chapeaute l’équipe des « data scientits » de « SoDATA », le service qui collecte et analyse les données d’EDF. Portrait d’un homme agile.

Sophie Guichard

Le rendez-vous est donné près d’un arbre sculpté doré, emblématique du site EDF de Cap Ampère, à Saint-Denis, où Stéphane, 44 ans, est aujourd’hui chef d’équipe à la direction optimisation amont aval trading, la DOAAT. Là, il innove pour faire parler les données regroupées depuis la création d’EDF, en 1946. Autant dire un gisement, une mine d’or, vu la taille du Groupe.

Pépites numériques

« J’ai commencé à faire mes premières macros à 14 ans, quand un ordinateur est entré à la maison. C’était les années 80, une époque où Internet n’existait pas encore, je suis tout de suite tombé dedans. »

 

Potion magique… Avec un père chercheur et une mère institutrice, la curiosité s’aiguise. Un stage d’été chez EDF lui donne envie de rêver numérique, « à la R&D, les chercheurs me demandaient de regarder du côté du web – ce « nouveau  truc ». Moi j’étais fasciné par la numérisation 3D des plans de centrales nucléaires. Il y a avait un côté magique dans tout ça. » Stéphane s’emballe à ce souvenir. Puis, il mesure tout le chemin parcouru : « j’ai passé un DEA d’informatique sur l’intelligence artificielle, mais à l’époque, personne ne croyait à l’essor qu’allait prendre le sujet. Faire un calcul prenait des semaines. Tout s’est vite accéléré, les temps de calcul sont passés de quelques semaines à quelques secondes. »

Transformations

Volume, vitesse, variété. Les « 3 V » du Big Data, qui lui permettent aujourd’hui d’innover et d’imaginer plusieurs scenarios pour prendre les meilleures décisions. A quel moment exact, telle ou telle tranche nucléaire sera disponible ? Son équipe a imaginé une fonction mathématique utilisant de longs historiques pour affiner, spécificités de chaque réacteur à l’appui, l’instant T de leur retour sur le réseau. Des réacteurs dont il parle de façon imagée : « Les données, cela fournit les empreintes digitales des réacteurs. Ils ont beau avoir été construits sur le même modèle, chacun est différent. Mais pour moi, la donnée, c’est avant tout un moyen, pour donner du sens et accompagner le changement….»

En 2008, il s’occupe de la fusion des expertises SI de Gaz de France avec SUEZ.
En 2012, il prend le grand virage de l’innovation chez GrDF, met au point un projet basé sur les solutions de Google entreprise, crée un dataLab, lance l’opendata. L’Observatoire Statistique d’EDF s’intéresse à lui.
On vient le chercher. Il accepte, cela tombe bien, le Groupe souhaite accélérer sa transformation. « J’ai d’abord trouvé que les process étaient très lourds », lâche cet hyperactif qui, casque vissé aux oreilles, comble son appétit pour les sciences humaines à coup de poadcast sur « l’art et les nouvelles technologies ».

Car pour Stéphane, « l’humain, c’est la clé ». L’humain et l’éthique. « Je ne suis pas à EDF par hasard. Je suis ici pour l’intérêt général et l’intelligence collective », insiste ce fidèle des débats « Parlons énergies ». Il y parle data, mais pas que. Car tout interpelle ce fanatique de voyages, qui a besoin d’espace et de vide pour faire le plein au moment où tout s’accélère.

Le plus difficile, serait-ce de trouver l’équilibre dans le changement ? Une équation agile que Stéphane met en pratique. Chaque seconde.