
« Savoir pour prévoir, afin de pouvoir ». La maxime d’Auguste Comte illustre bien la visée de la « prospective énergétique, » une démarche qui s’inscrit dans la durée et intéresse de plus en plus les collectivités locales à l’heure de la transition énergétique. Grâce à un partenariat avec EDF, la Communauté d’Agglomération du Boulonnais (CAB) et l'agence Boulogne développement ont élaboré une étude prospective à l’horizon 2030. Un outil original pour améliorer le bilan environnemental et élaborer une stratégie énergétique à long terme.
Quelle sera notre situation énergétique dans quinze ans ? Quels choix privilégier pour réduire notre facture et notre empreinte énergétique ? Pour répondre aux questions des élus de la CAB et de la Ville de Boulogne-sur-Mer, la direction des projets territoriaux d’EDF a réalisé une « photographie énergétique » de ce territoire de 205 km2 et 22 communes.
Tracer des « futurs possibles »
« Nous avons d’abord dressé un bilan de la situation du territoire en veillant à être le plus exhaustif possible. Ce qui nous a permis d’identifier les grands leviers d’action pour réduire la facture énergétique et développer la production locale à partir d’ENR sur le territoire », explique Matthieu Savina, expert Territoires durables d’EDF. A partir de cette expertise, le prospectiviste a élaboré plusieurs scénarios énergétiques pour tracer les perspectives de différents « futurs possibles ». « Quelle stratégie pertinente et cohérente adopter au regard des ambitions du territoire et que peut-on imaginer à l’horizon 2030 ? » L’étude propose un « scénario de transition énergétique » qui correspond à la vision souhaitée par le territoire. « Il s’agit de bien définir les moyens financiers et les actions à mettre en œuvre pour atteindre cette finalité d’ici 2030 », précise Matthieu Savina. Lydie Leleu, directrice générale adjointe de la Ville de Boulogne-sur-Mer, revient sur la genèse de l’étude : « Chacun des partenaires de l’étude avait une partie du diagnostic mais pas de vision d’ensemble. Un très gros travail de recensement sur l’utilisation de l’ensemble des énergies a été réalisé par les équipes d’EDF. Ce qui nous a donné une vision beaucoup plus claire de la situation. Autre point très intéressant, cela nous a permis de nous projeter dans l’avenir, d’envisager les besoins selon les différents utilisateurs, les différents secteurs et enfin de dégager des pistes de travail quant à l’utilisation de ces énergies ».
Accompagner les ambitions des territoires
La Ville de Boulogne-sur-Mer a choisi de donner la priorité à la rénovation de son parc résidentiel. Elle a mis en place un groupe de travail avec EDF pour « mieux informer les particuliers sur les dispositifs et les aides disponibles ». Directeur du développement territorial pour EDF, Rémy Vergriete avait préconisé ce premier axe de travail : « Nous avons recensé un nombre important de « passoires énergétiques », des logements construits avant 1974 qui ne répondent pas aux exigences réglementaires en terme de performance thermique et plus de 3000 chaudières au fioul ». Matthieu Savina ajoute que « dans le scénario de transition énergétique, nous avons quantifié, pour chaque action préconisée, les emplois qui pourraient être générés. La rénovation était en tête ! » Si les collectivités n’ont pas les moyens économiques d’investir tous les terrains, elles ont, rappelle l’expert Territoires durables, « un rôle d’incitateur auprès des ménages et des entreprises. »