
« Les tomates sont excellentes et reconnues dans tous les supermarchés de la région ! » se réjouit Yoann Brun, directeur des services techniques (DST) du SIVOM des cantons du pays de Born, pour qui la première récolte de l’Ecoserre des Grands Lacs a une saveur toute particulière. Les 5000 tonnes de tomates grappes cultivées sous 10 hectares de serre « fermée » à Pontenx-les-Forges ont mûri grâce à la chaleur produite par le centre de traitement des ordures ménagères voisin. Une première rendue possible grâce à l’installation par TIRU d’un « hydrocondenseur » qui vient, en complément de la turbine électrique, récupérer la chaleur résiduelle émise lors de l’incinération des déchets et la transformer en énergie renouvelable. Tout l’intérêt de cette réalisation réside dans le fait que cette énergie était perdue auparavant. Une innovation de TIRU au service d’un projet de territoire.
Innover pour mieux valoriser
« L’unité de traitement des déchets ménagers de Pontenx-les-Forges ne valorisait jusqu’alors que 30% de l’énergie produite sous forme d’électricité » rappelle Olivier Menu, directeur commercial chez TIRU. L’objectif du projet était de trouver un client capable de consommer, en plus de l’électricité produite par l’usine, une énergie basse température - entre 50 et 60 degrés - et ce, tout au long de l’année. Or, les Paysans de Rougeline, groupement de maraîchers qui représente environ 2000 équivalents temps plein et 70 000 tonnes de produits maraîchers sur tout le Sud de la France, recherchaient une solution pour alimenter leurs écoserres avec une énergie non fossile. TIRU s’est alors rapproché des serristes tandis que le SIVOM a joué un rôle de « catalyseur », facilitant les échanges entre experts et agriculteurs. Cette phase du projet a demandé du temps mais pour TIRU, il s’agissait d’« être sûr de bien répondre qualitativement et techniquement aux besoins des serristes ».En février 2014, six producteurs de tomates, adhérents des Paysans de Rougeline, signent un contrat de vente d’énergie sur vingt ans avec TIRU afin de disposer d’une énergie très compétitive et disponible toute l’année, car les dépenses énergétiques pèsent entre 30 et 40% dans le prix de revient de la tomate. En 2015, l’unité de valorisation énergétique des déchets ménagers de Pontenx-les-Forges, exploitée par TIRU, fournit 40 000 MWh de chaleur à l’Ecoserre des Grands Lacs. Dans l’écoserre, il fait 22 degrés du 1er janvier au 31 décembre. « L’autre innovation de cette réalisation est de pouvoir stocker la chaleur (eau chaude) et ainsi de pallier la consommation discontinue et parfois très élevée des serristes, alors que l’usine fournit de la chaleur en continu », souligne Olivier Menu. Résultat : l’unité a multiplié par trois sa performance énergétique avec « zéro combustible en plus ». Ce qui lui vaut notamment d’être classée formule « R1 » (unité à haute valorisation énergétique). « Nous sommes parvenus à maîtriser nos coûts, ce qui est l’une des principales préoccupations des élus, et à économiser 150 000 euros de TGAP (Taxe générale sur les activités polluantes). Le SIVOM génère 26 000 tonnes de déchets et l’unité en valorise 42 000. La différence ce sont les déchets apportés par les clients du SIVOM, qui profitent eux aussi du passage en unité R1 et de la baisse de la TGAP. Au final, notre unité est plus compétitive », se félicite le représentant du SIVOM.
Un projet de territoire
Conçu pour 20 ans, ce projet ne contribue pas seulement à augmenter la performance énergétique des installations et les gains de productivité des maraîchers. Il a également permis d’améliorer le bilan carbone du territoire (moins de pollution liée au transport de produits maraîchers importés) et de créer 120 équivalents temps plein. Des emplois directs non délocalisables. « Cela modifie l’image de l’installation sur le territoire », souligne le directeur commercial de TIRU. « C’est important pour nous et pour les élus qui sont passés d’une usine d’incinération à une unité de valorisation énergétique. Cette énergie est liée à la chaleur perdue et non pas à des énergies fossiles. Par ailleurs le prix que l’on peut proposer aux producteurs est valable aujourd’hui et pour 20 ans. Qui est capable de garantir cela aujourd’hui ? »
Outre cette garantie, TIRU accompagne ses clients notamment en anticipant la baisse continue des déchets incinérés, conséquence naturelle de l’amélioration de la collecte sélective, comme l’explique Yoann Brun, DST du SIVOM : « TIRU nous a donné l’assurance de ne pas avoir ce qu’on appelle un « vide de four. Pour fonctionner de manière optimale, l’unité doit valoriser 42 000 tonnes de déchets par an et fonctionner en continu. TIRU s’est engagé à trouver des clients et donc des déchets pour pallier une éventuelle baisse de tonnage mais surtout assurer la fourniture de combustibles afin d’alimenter le réseau d’eau chaude ». L’énergie est produite là où elle est consommée, à partir de déchets locaux, et alimente la production de tomates elles-mêmes destinées au marché local. Un bel exemple d’économie circulaire que TIRU propose désormais à d’autres clients et qui ne cesse de se faire connaitre.
« D’ailleurs, cette réalisation est tellement judicieuse que nous venons de remporter le Prix Coup de cœur des salariés lors du Concours EDF Pulse !» annonce Oliver Menu, particulièrement satisfait.