
Pour sa 7ème édition, le Concours Bas Carbone organisé par EDF, en partenariat avec Renaissance lille3000, invitait à imaginer le futur d’un secteur entier de Lille, l’îlot Charles-de-Muyssaert. Pendant plusieurs mois, une soixantaine d’équipes ont planché sur la transformation durable de la ville dans la perspective du réchauffement climatique et des exigences de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au final, quatre projets ont été retenus et fait l’objet d’une exposition. Le Grand Prix Architecture Bas Carbone EDF, doté de 10 000 euros, a récompensé le travail du collectif rassemblant les agences Obras et 169 architecture, l’atelier d’ingénierie Elioth et l’illustratrice Diane Berg. Leur proposition, « La Fabrique de la Renaissance, métamorphose d’une ville », est un récit du monde, sous forme de bande-dessinée, qui replace l’usine et le processus de fabrication au coeur de la ville durable.
Retour sur cette belle aventure prospective avec deux membres du collectif lauréat : Frédéric Bonnet (Obras) et Raphaël Ménard (Elioth, 169 architecture).
Frédéric Bonnet : En urbanisme, on a, en effet, rarement l’occasion de faire de la prospective à 25 ou 30 ans. Il ne s’agissait pas de proposer le énième éco-quartier sur la base de ce que l’on sait faire et puis, poser une question d’énergie à l’échelle urbaine ce n’est pas si fréquent. C’est évidemment la bonne échelle pour réfléchir et cela déplaçait la réflexion sur le renouvellement urbain. D’où notre proposition radicale, qui croisait des préoccupations que Raphaël et moi avions en commun sans avoir jamais travaillé ensemble auparavant : les conditions de fabrication, la question du travail et des savoir-faire, des flux de matériaux. Ce qui a donné le ton du projet, c’est notre envie de travailler sur le processus de fabrication et sur la mixité qui était une des demandes du concours. Notre choix radical de faire revenir une usine, de l’industrie et de l’activité de fabrication au cœur de la ville respectait totalement cette exigence.
Enfin, l’autre aspect important de notre proposition, c’est que tout le monde mette la main à la pâte. Les gens pourront se retrouver dans ce quartier d’ateliers et d’usines, cet espace public requalifié pour bricoler ensemble le week-end. C’est une manière de créer un lien social très fort entre les habitants.
F. B. : Pendant le jury, il y a eu un débat amusant ! J’expliquais qu’on allait remettre une usine au cœur de la ville quand un membre du jury a réagit : « Mais une usine c’est quand même dur, ça évoque la pointeuse ! » Et là, Martine Aubry s’est agacée en répondant que non, l’usine c’est aussi notre héritage, un héritage magnifique ! C’est l’inventivité, la créativité, la fabrication ! Elle a raison, bien évidemment. Le rapport à la technique a fait débat, entre fascination et crainte, alors qu’on aimerait que ce rapport redevienne plus familier, que le travail manuel regagne ses lettres de noblesse. Le collège pourrait être, de manière expérimentale, un lieu où l’on repense notre rapport aux savoir-faire techniques. La dimension politique de notre proposition est très forte.
F. B. : L’urbaniste travaille essentiellement sur des friches industrielles et ce site en était une. Notre modèle actuel est centré sur l’idée d’une fabrication éloignée de la ville, délocalisée et les distances parcourues par les flux sont considérables alors que quand on réintègre la question de l’énergie à très grande échelle – macro économique – on imagine une des solutions qu’on a retenu : un recentrement des lieux de fabrication. Les friches industrielles peuvent donc redevenir des sites de production. Cela rejoignait bien le thème « Renaissance » choisit par la ville de Lille pour sa manifestation culturelle lille3000. La mixité qu’on a introduite propose un mélange d’entreprises et d’ateliers à disposition d’associations collaboratives, d’habitants. Avec l’idée que le travail redevient une partie de la vie quotidienne et de l’urbanité. La ville d’aujourd’hui est hédoniste, ludique, familiale et le travail est ailleurs, c’est un monde à part. Replacer la question du travail dans le quotidien, dans l’espace public, c’est lui redonner une dimension sociale et culturelle. Cela rejoint la politique de la ville de Lille et de son maire, Martine Aubry. Le terreau était donc favorable.
R. M. : Le petit défaut que peut avoir un projet à l’horizon 2050, c’est que tout le monde se dise : leur proposition fait rêver, c’est un beau conte mais en quoi cela répond à mon souci actuel ? Ce qu’on a proposé, n’est pas futuriste. On sait le faire dès demain. De plus, notre proposition est nuancée, elle ne sert ni les technophiles invétérés, ni les décroissants absolus adeptes du low-tech. Sans doute faut-il tirer parti des deux, introduire des choses qui sont de l’ordre de la frugalité et d’un respect à la matière et aux objets, arrêter d’être dans un « monde kleenex ». On parle beaucoup de matière, d’énergie mais le message essentiel c’est : concentrons nous pour que la transition énergétique survienne ! On ne peut pas encore passer à la transition numérique car la transition énergétique, ce n’est pas gagné !
En ce moment, les énergies renouvelables n’ont jamais été aussi compétitives alors que le pétrole est à moins de 30 dollars le baril. Il faut continuer à être plus que scrupuleux pour que la transition énergétique se fasse mais l’énergie n’est pas tant un problème fondamental que ça parce qu’on est dans un système ouvert du point de vue thermodynamique : on continuera, tant que le soleil vivra, à disposer de cette énergie renouvelable.
Le sujet qui ne l’est pas c’est celui de la matière. Il nous semble très important d’être très scrupuleux sur la matière que l’on reçoit et d’être vigilants sur l’obsolescence des choses. Avec Frédéric Bonnet, on a eu envie de garder beaucoup de choses présentes sur le site : les hangars étaient magnifiques, la tour EDF on l’a certes un peu démantelée mais pas rasée pour qu’elle devienne notre « Ruche-à-Trucs », un lieu de stockage des matériaux et des matières. Dans ce projet, les deux éléments principaux : la « Ruche-à-Trucs » surmontée d’une grue et le « Duc » qui fait référence à une infrastructure perpendiculaire à la Deûle, une sorte de tapis roulant aérien d’un kilomètre de long - 6000 m² pour récupérer et stocker énergie - qui sert au transport et à l’acheminement des matériaux et à récupérer l’énergie solaire, ne sont pas très compliquées à faire !
Le « Duc » répond à une problématique importante qui est celle d’augmenter l’autonomie énergétique, il est compréhensible pour l’habitant qui peut dupliquer le système dans sa propre maison pour récupérer l’énergie solaire et il sert aussi de toit pour se protéger des intempéries ou de brumisateur l’été pour rafraîchir les papys et mamies que nous seront en 2050.
F. B. : On souhaitait s’éloigner de l’imagerie compassée avec des jolis arbres verts, des jardins suspendus, des oiseaux et des passants souriants. Grâce au travail de Diane Berg, qui a illustré le projet, l’imaginaire est graphique, décalé et tranche avec les images prospectives auxquelles on est habitués.
R. M. : On voulait remettre en question la façon de présenter un projet. Cela correspond à certain ras-le-bol de l’image de synthèse photo-réaliste qui est faite avec plus ou moins de brio. Les images peuvent être splendides mais ontdeux défauts : l’image est une promesse qui est peu souvent concrétisée. Cela crée une fausse perception, ces images sont souvent trop lisses, trop parfaites, un peu inaccessibles alors qu’on répond à un concours dont le but est de réaliser, construire. On a rencontré les équipes d’EDF et on leur a dit qu’un projet pour 2050 devait pouvoir laisser place à l’imaginaire, que chacun puisse se l’approprier. On a voulu revenir en quelque sorte à un rendu analogique, à la « cassette VHS » parce que « ça craque », ça vibre un peu et ça a un côté presque plus enfantin, au sens noble du terme. Et sur ce plan, on s’est senti encore une fois très libres et Diane Berg a fait un splendide travail.

Retour sur cette belle aventure prospective avec deux membres du collectif lauréat : Frédéric Bonnet (Obras) et Raphaël Ménard (Elioth, 169 architecture).
Qu’est ce qui vous a donné envie de participer au concours architecture Bas Carbone EDF ?
Raphaël Ménard : C’est très rare d’avoir ce type de commande et on remercie encore EDF de nous avoir permis, à travers ce concours, de poser des questions à la fois politiques et théoriques. Politiques parce qu’on nous a demandé de réfléchir à un horizon qui n’est pas celui de l’immédiat et que la question posée n’était pas architecturale mais urbaine. On a senti qu’on avait le droit d’avoir un discours moins technophile, moins « bobo éco-quartier ». Les organisateurs nous ont donné carte blanche et même encouragé à être « poil à gratter » !Frédéric Bonnet : En urbanisme, on a, en effet, rarement l’occasion de faire de la prospective à 25 ou 30 ans. Il ne s’agissait pas de proposer le énième éco-quartier sur la base de ce que l’on sait faire et puis, poser une question d’énergie à l’échelle urbaine ce n’est pas si fréquent. C’est évidemment la bonne échelle pour réfléchir et cela déplaçait la réflexion sur le renouvellement urbain. D’où notre proposition radicale, qui croisait des préoccupations que Raphaël et moi avions en commun sans avoir jamais travaillé ensemble auparavant : les conditions de fabrication, la question du travail et des savoir-faire, des flux de matériaux. Ce qui a donné le ton du projet, c’est notre envie de travailler sur le processus de fabrication et sur la mixité qui était une des demandes du concours. Notre choix radical de faire revenir une usine, de l’industrie et de l’activité de fabrication au cœur de la ville respectait totalement cette exigence.
Une usine au cœur d’une ville bas-carbone, il fallait oser !
R. M. : Quand on a, Frédéric et moi, visité le site en juin dernier, on s’est tout de suite dit qu’on allait faire une usine. Pas par goût du contre-pied mais parce qu’on ne voulait pas d’un programme qui consiste à faire un peu de commerces, un peu de logement, un peu de bureaux et réduire l’éco-quartier à la mixité programmatique. Recréer une usine faisait véritablement sens. Mais pas une usine de fabrication de voitures ou d’ordinateurs ! L’idée, c’est que cette usine soit au service de la transformation du quartier alentour, qu’elle participe à la réhabilitation énergétique, au reconditionnement des bâtiments résidentiels en tenant compte du vieillissement de la population à l’horizon 2050. L’usine est au service d’une mise à jour de la ville. Dans ce petit écosystème vous avez des transformateurs de fenêtres, des fabricants de panneaux solaires, des installateurs-réparateurs de ce qu’on a appelé les « eco-rickshaw ». C’est un nouveau moyen de se déplacer en ville : plus léger, plus simple et plus sobre, une sorte de « 2 CV écolo du futur ».Enfin, l’autre aspect important de notre proposition, c’est que tout le monde mette la main à la pâte. Les gens pourront se retrouver dans ce quartier d’ateliers et d’usines, cet espace public requalifié pour bricoler ensemble le week-end. C’est une manière de créer un lien social très fort entre les habitants.

A partir d’un quartier lillois en friche, vous avez littéralement imaginé le monde de demain ?
R. M. : Je me suis amusé à fabriquer un récit, presqu’à écrire un story-board pour raconter ce qu’il est advenu de notre monde en 2050 et comment ce petit bout de quartier avait évolué, en évoquant un certain nombre de transformations profondes tant du point de vue politique qu’économique. Sur ce dernier point, notre proposition était complétement décalée puisqu’on a proposé de faire revenir des fabriques au centre des villes. Pendant la 1ere révolution industrielle de nombreuses usines étaient installées en ville ce qui avait un certain nombre de vertus : des circuits de matières, moins de logistique et de transports et une vraie utilité du point de vue de la composition des centres urbains et de la mixité sociale. A mon sens, que des ouvriers travaillent et vivent au centre-ville est aussi un moyen d’enrayer la « gentrification » ou la « boboïsation » des centres des métropoles et puis travailler la matière peut assurément être porteur de lien social et culturel. La situation géographique du site et la proximité de deux éléments importants rendait possible notre usine du 3ème millénaire : la Deûle qui est un canal très important du réseau hydrographique de la métropole lilloise et le Port de Lille qui est une plate-forme logistique. Nul besoin de faire venir des camions pour apporter les matériaux nécessaires au processus industriel et pour sortir les flux d’usines. Le site est par ailleurs mitoyen de l’ICAM (Institut Catholique d’Arts et Métiers, une école d’ingénieurs) et d’un grand collège, ce qui créé un rapport au savoir et permet un lien direct entre l’école et les ateliers d’apprentissage, la R&D. Tout est réuni pour fabriquer un écosystème cohérent autour de ce site qui se trouve être pour partie d’anciens hangars qui servaient à la maintenance de tramways.F. B. : L’urbaniste travaille essentiellement sur des friches industrielles et ce site en était une. Notre modèle actuel est centré sur l’idée d’une fabrication éloignée de la ville, délocalisée et les distances parcourues par les flux sont considérables alors que quand on réintègre la question de l’énergie à très grande échelle – macro économique – on imagine une des solutions qu’on a retenu : un recentrement des lieux de fabrication. Les friches industrielles peuvent donc redevenir des sites de production. Cela rejoignait bien le thème « Renaissance » choisit par la ville de Lille pour sa manifestation culturelle lille3000. La mixité qu’on a introduite propose un mélange d’entreprises et d’ateliers à disposition d’associations collaboratives, d’habitants. Avec l’idée que le travail redevient une partie de la vie quotidienne et de l’urbanité. La ville d’aujourd’hui est hédoniste, ludique, familiale et le travail est ailleurs, c’est un monde à part. Replacer la question du travail dans le quotidien, dans l’espace public, c’est lui redonner une dimension sociale et culturelle. Cela rejoint la politique de la ville de Lille et de son maire, Martine Aubry. Le terreau était donc favorable.
Tout ce que vous proposez est réalisable dans un avenir proche ?
F. B. : C’est un projet concret, qui pourrait se mettre en place tel quel, ou en tous les cas à partir des hypothèses énoncées. Il y a un contexte politique, une mémoire industrielle, une université, un port, etc. C’est un projet certes « culotté » mais pas utopique.R. M. : Le petit défaut que peut avoir un projet à l’horizon 2050, c’est que tout le monde se dise : leur proposition fait rêver, c’est un beau conte mais en quoi cela répond à mon souci actuel ? Ce qu’on a proposé, n’est pas futuriste. On sait le faire dès demain. De plus, notre proposition est nuancée, elle ne sert ni les technophiles invétérés, ni les décroissants absolus adeptes du low-tech. Sans doute faut-il tirer parti des deux, introduire des choses qui sont de l’ordre de la frugalité et d’un respect à la matière et aux objets, arrêter d’être dans un « monde kleenex ». On parle beaucoup de matière, d’énergie mais le message essentiel c’est : concentrons nous pour que la transition énergétique survienne ! On ne peut pas encore passer à la transition numérique car la transition énergétique, ce n’est pas gagné !
En ce moment, les énergies renouvelables n’ont jamais été aussi compétitives alors que le pétrole est à moins de 30 dollars le baril. Il faut continuer à être plus que scrupuleux pour que la transition énergétique se fasse mais l’énergie n’est pas tant un problème fondamental que ça parce qu’on est dans un système ouvert du point de vue thermodynamique : on continuera, tant que le soleil vivra, à disposer de cette énergie renouvelable.
Le sujet qui ne l’est pas c’est celui de la matière. Il nous semble très important d’être très scrupuleux sur la matière que l’on reçoit et d’être vigilants sur l’obsolescence des choses. Avec Frédéric Bonnet, on a eu envie de garder beaucoup de choses présentes sur le site : les hangars étaient magnifiques, la tour EDF on l’a certes un peu démantelée mais pas rasée pour qu’elle devienne notre « Ruche-à-Trucs », un lieu de stockage des matériaux et des matières. Dans ce projet, les deux éléments principaux : la « Ruche-à-Trucs » surmontée d’une grue et le « Duc » qui fait référence à une infrastructure perpendiculaire à la Deûle, une sorte de tapis roulant aérien d’un kilomètre de long - 6000 m² pour récupérer et stocker énergie - qui sert au transport et à l’acheminement des matériaux et à récupérer l’énergie solaire, ne sont pas très compliquées à faire !
Le « Duc » répond à une problématique importante qui est celle d’augmenter l’autonomie énergétique, il est compréhensible pour l’habitant qui peut dupliquer le système dans sa propre maison pour récupérer l’énergie solaire et il sert aussi de toit pour se protéger des intempéries ou de brumisateur l’été pour rafraîchir les papys et mamies que nous seront en 2050.
Vous proposez une vision nouvelle de la société : « ville résiliente », pédagogie et implication des habitants, « dédensification urbaine ». Pour inventer la ville de demain, il faut réinventer la société ?
R. M. : Je tiens beaucoup à cette question de « densité d’usage » et il est selon moi plus qu’urgent d’avoir une prise de conscience là-dessus. Via notre manifeste « La Renaissance des Fabriques », on a raconté que le luxe, le bonheur individuel n’est pas corrélé à la quantité d’espace dont on dispose ! On préfère avoir moins de mètres carrés mais des mètres carrés plus qualitatifs. Cela permet de laisser plus de place à des espaces d’architecture entre l’individuel et le collectif. Par exemple, un studio qui devient une chambre d’amis mutualisée ou un atelier de bricolage commun où on partage les outils, une laverie collective. Mais le premier sujet auquel s’attaquer, c’est notre rapport à l'automobile. Une voiture occupe 10 mètres-carrés là où l’emprise au sol de l’habitat est souvent moindre dans les grandes villes. La quantité de chaleur relâchée par une voiture qui fait 10 000 km par an équivaut à la quantité de chaleur nécessaire pour chauffer une maison de 100 m² mal isolée ! Le nombre de kWh par personne devrait être l’indicateur retenu.Vous avez présenté votre projet sous la forme d’une BD. Pourquoi ce choix ?
F. B. : On souhaitait s’éloigner de l’imagerie compassée avec des jolis arbres verts, des jardins suspendus, des oiseaux et des passants souriants. Grâce au travail de Diane Berg, qui a illustré le projet, l’imaginaire est graphique, décalé et tranche avec les images prospectives auxquelles on est habitués.
R. M. : On voulait remettre en question la façon de présenter un projet. Cela correspond à certain ras-le-bol de l’image de synthèse photo-réaliste qui est faite avec plus ou moins de brio. Les images peuvent être splendides mais ontdeux défauts : l’image est une promesse qui est peu souvent concrétisée. Cela crée une fausse perception, ces images sont souvent trop lisses, trop parfaites, un peu inaccessibles alors qu’on répond à un concours dont le but est de réaliser, construire. On a rencontré les équipes d’EDF et on leur a dit qu’un projet pour 2050 devait pouvoir laisser place à l’imaginaire, que chacun puisse se l’approprier. On a voulu revenir en quelque sorte à un rendu analogique, à la « cassette VHS » parce que « ça craque », ça vibre un peu et ça a un côté presque plus enfantin, au sens noble du terme. Et sur ce plan, on s’est senti encore une fois très libres et Diane Berg a fait un splendide travail.

Et après ? A quoi va servir votre projet ?
R. M. : Ce concours est à la base un concours d’idées donc il n’y a pas de promesse qu’il se passe quelque chose derrière. Néanmoins, on a compris que la Ville et Martine Aubry, la Maire de Lille, étaient très sensibles à notre proposition, à la façon de raconter et à son contenu politique. Le « Duc » a fait beaucoup parler de lui. Nous en avons rappelé la simplicité : on ne propose pas le super-TEPOS qui coûte un bras ! Le « Duc » tout comme la « Ruche-à-Trucs » sont accessibles et peuvent rendre un certain nombre de services. On n’est pas que des théoriciens, on adore être maîtres d’œuvre, se frotter au concret et très partants pour faire partie d’un futur projet ! Un certain nombre de thématiques peuvent d’ailleurs être déclinées ailleurs qu’à Lille.F. B : On a réalisé un livre La Fabrique de la Renaissance et de nombreuses personnes ont vu le résultat du concours. A l’issue de notre présentation devant le jury, on m’a demandé des livres pour les faire circuler dans l’agglomération lilloise. J’en ai aussi donné une dizaine à Nantes qui se sont échangés dans les directions d’urbanisme et d’aménagement du territoire. Ceux qui l’ont lu ont émis le souhait de rebondir dessus pour réfléchir à de nouveaux sujets et j’ai beaucoup de retours de personnes intéressées !
Être lauréat du concours Bas Carbone EDF qu’est ce que cela vous a apporté ?
F. B. : La rencontre avec Raphaël Ménard et son équipe de 169 architecture et Elioth a été très féconde, appelle d’ailleurs d’autres collaborations. Même si Obras associe toujours, depuis près de vingt ans, l’élaboration des projets à un effort de « recherche et développement » de nouveaux outils et concepts, l’occasion d’une approche prospective sur plusieurs décennies était belle. Pour le reste, les réflexions construites à cette occasion nourrissent les projets en cours de l’agence : nous travaillons actuellement sur un nouveau quartier nantais et Nantes Métropole m’a demandé de réintégrer quelques-unes de nos hypothèses dans la programmation, la manière de faire un quartier.R. M. : 169 architecture est une structure jeune qui souhaitait modestement être une agence qui intervienne sur des projets où les questions d’énergies renouvelables et de recyclage des matériaux sont prégnantes. Le fait d’avoir été retenu à concourir était déjà génial, d’avoir été désigné lauréat l’est encore plus. On est très contents du résultat pour une première participation ! Contents que le partenariat avec l’agence Obras ait très bien fonctionné et cela va donner à 169 architecture une visibilité pour pouvoir traiter ce type de sujets. Intégrer les énergies renouvelables en ville est une problématique encore peu saisie par les agences d’architecture de façon générale.