
Concilier les intérêts économiques et les enjeux environnementaux, voici l'ambition de Philippe Cordon, maire de la commune de Chamrousse. L’objectif Chamrousse 2030 : créer une « smart station » en activité toute l’année !
Face au réchauffement climatique, quel modèle économique allez-vous appliquer pour optimiser le dé
veloppement touristique de Chamrousse ?
Philippe Cordon : Avec Chamrousse 2030, notre modèle économique doit de plus en plus s’appuyer sur une économie de montagne et non plus seulement de sports d’hiver. Pour cela, nous prévoyons de capter de l’activité pendant les quatre saisons. Grâce à nos infrastructures, on va pouvoir développer d’un quart ou d’un tiers notre activité neige, qui reste l’activité majeure. Mais on espère que dans les dix années à venir, la « smart station » devienne un « spot de city break » pour permettre aux habitants de la vallée de profiter de nos installations pendant toute l’année. Nous prévoyons aussi de créer des zones de séminaires pour les jours de la semaine. De quoi recréer une forte attractivité. Nous visons une réduction de 50 % de notre éclairage public. Notre contrat avec EDF, grâce à l’Option énergie renouvelable, nous permet de disposer d’une énergie 100 % verte. Nous avons obtenu le Flocon vert et notre but est bien de devenir « la smart station du 21e siècle ».Christian Missirian : La dimension environnementale a toujours été présente chez EDF Commerce et notamment dans le secteur de la montagne. Elle s’accompagne, au-delà de la fourniture d’énergie verte, par une grande diversité de conseils pour une meilleure maîtrise des consommations ou encore par des évolutions avec des technologies plus performantes. La « smart station » Chamrousse regroupera sur un seul site tout un ensemble d’innovations dont certaines sont déjà en œuvre dans d’autres stations de ski. Avec son titre de « démonstrateur industriel de la ville durable », Chamrousse 2030 a un formidable potentiel de développement mais aussi une très belle opportunité de repenser le modèle économique de la station. Sa force, c’est son positionnement, à 30 mn d’un bassin de vie de 500 000 habitants. Elle peut ainsi revendiquer d’être un lieu d’accueil pour les quatre saisons et non seulement en hiver. La palette de nouvelles offres d’activités et de services seront des facteurs d’attractivité. Mais aussi le cadre environnemental que souhaite revendiquer la station avec un engagement exemplaire sur la question énergétique et le numérique sera un levier pour réussir cette transition. Chamrousse a toutes les cartes pour être à la pointe de l’innovation ! EDF est fière d’être partie prenante de cette aventure et d’apporter toute son expérience.
Comment comptez-vous faciliter l’accès à votre future « smart station » ?
Philippe Cordon : Le but est d’atteindre le zéro voiture dans la « smart station » à terme. Dans ce sens, on soutient évidemment le projet de liaison Grenoble-Chamrousse par câble et tous les projets de transport en mode doux comme les navettes électriques.Christian Missirian : Promouvoir la mobilité douce pour tous les publics est essentiel et s’inscrit pleinement dans l’esprit quatre saisons du projet. Nous avons des références sur le transport collectif électrique, peut-être demain l’hydrogène ouvrira d’autres perspectives.
Le chauffage constitue une dépense importante pour les propriétaires et souvent une source de pollution. Quels sont vos projets pour concilier économies d’énergie et protection de l’environnement ?
Philippe Cordon : A Chamrousse, 90 % des logements sont chauffés au fuel. Nous souhaitons installer un chauffage urbain. On va créer un « smart grid » dans sa globalité pour utiliser au mieux les différentes sources aux meilleures périodes. Pour le projet Charmousse 2030, on discute par exemple avec les industriels de l’informatique de la vallée pour voir s’il est possible de récupérer la chaleur qui est produite par leurs data centers. Le fait d’avoir été élu « démonstrateur industriel de la ville durable » nous permet de réfléchir sérieusement sur plusieurs sources. Dans notre « smart station », on prévoit de l’autoconsommation mais aussi une chaudière biomasse avec du combustible agricole ou avec du bois. Nous avons commencé à discuter avec les copropriétaires et il faut trouver une solution propre, durable et économique.
Christian Missirian : Pour Chamrousse, nous voulons nous servir de notre expérience acquise dans une autre station avec une importante opération de rénovation de l’habitat hôtelier. Le point fort est l’engagement pris sur la performance énergétique après les travaux, c’est un critère de décision. En effet, nous pensons qu’il est essentiel d’associer le niveau d’efficacité recherché aux choix retenus pour la rénovation et de s’engager sur le résultat final. En termes de performance, une fois les bâtiments rénovés, la consommation d’électricité peut globalement baisser de 15 à 20 %.
Les remontées mécaniques et la neige de culture sont très énergivores. Comment faire pour diminuer leur impact environnemental ?
Philippe Cordon : On a déjà réduit de 50 % les besoins d’électricité par rapport à la production de neige. Concernant les remontées mécaniques, de gros efforts ont déjà été réalisés. L’éclairage en LED a été installé au bord des pistes.
Christian Missirian : EDF assure la fourniture d’électricité de la plupart des stations de ski. La moitié de nos clients ont choisi une électricité que nous garantissons 100 % d’origine renouvelable, et cette demande tend à augmenter. Nos conseils et services en efficacité énergétique, les formations du personnel aux économies d’énergie sont particulièrement appréciées, ils viennent avantageusement compléter notre offre de fourniture. En s’inscrivant dans la durée, nos actions permettent une diminution significative des consommations d’électricité. Nous travaillons également sur le développement de production locale d’énergies renouvelables, par exemple avec le solaire ou l’exploitation hydraulique des bassins de rétention d’eau pour la neige de culture. Par sa souplesse, son faible impact environnemental et la grande diversité d’usages, l’électricité est l’énergie d’avenir des stations smart et durables !
Interview Franck Lecoutre - directeur de l’Office de Tourisme de ChamrousseLe directeur de l’Office de Tourisme de Chamrousse nous explique comment la station olympique à proximité de Grenoble va optimiser ses ressources touristiques en s’appuyant sur les innovations technologiques et écologiques. Dans le projet Chamrousse 2030, comment conciliez-vous les exigences de votre clientèle et la protection environnementale ?Depuis trois ans, nous avons entrepris une politique environnementale avec la municipalité. Nous voulons nous servir des nouvelles normes pour bâtir la « smart station » de demain. Notre clientèle nous demande une station plus propre qu’avant et c’est ce que nous avons intégré dans notre plan Chamrousse 2020-2030.Votre clientèle est-elle devenue plus exigeante en matière de développement durable ?Oui c’est pour cela qu’on a déjà mis en place des mesures de protection environnementales et nous avons ainsi obtenu le label « flocon vert » l’an dernier. Il récompense nos actions notamment sur la maîtrise de l’énergie et la mise en valeur du site touristique. Cette distinction est importante car elle montre que nous sommes sur la bonne voie. Les stations sont de grosses consommatrices d’énergie. Compte tenu d’une grande partie de l’habitat dont la construction remonte au début desannées 70, nous voulons aujourd’hui reconstruire la station en utilisant les nouvelles normes architecturales, les nouveaux niveaux de confort de la population tout en respectant le cahier des charges portant sur la protection de l’environnement et la consommation d’énergie. Comptez-vous faire appel aux ressources énergétiques locales ?Oui, quand cela est possible et en utilisant au maximum les nouvelles technologies. Pour notre « smart station », nous allons mettre en place un nouveau plan lumière afin de remplacer l’éclairage public de la station. Et grâce à ces nouvelles technologies, et les LEDs par exemple, nous ferons des économies d’énergie importantes tout en valorisant davantage le site touristique. Comme pour mettre en valeur ces moments d’après ski. Il faut que notre environnement corresponde le plus possible à l’imaginaire du client, c’est-à-dire un endroit propre, sain, et donc une connotation environnementale très forte.Cette volonté de mieux protéger l’environnement concerne-t-elle la mobilité des touristes ?En effet, avec Chamrousse 2030, nous ne voulons plus que la station soit un véritable parking au bas des remontées mécaniques. Là, toutes les voitures seront garées en souterrain. En plus, nous travaillons sur les transports collectifs notamment avec l’agglomération de Grenoble. Nous discutons aussi avec les sites du type Blablacar que nous voulons promouvoir auprès de notre clientèle. Enfin, nous voulons obtenir le transport par câble entre Grenoble et Chamrousse. Ce mode se justifie largement car il faut savoir qu’en période de gros week-end, ce sont entre 40 et 50 tonnes de carburant qui sont consommées par les voitures pour monter à la station. Grenoble serait ainsi la seule ville de France à être reliée à une station par câble. Cela donnerait une image innovante pour l’agglomération.Envisagez-vous d’ouvrir votre station toute l’année à terme ?C’est l’objectif du projet Chamrousse 2030. La période hivernale reste la pierre de lance de notre activité économique. C’est notre socle car c’est là où on réalise l’essentiel de notre chiffre d’affaires. Mais travailler juste 4 ou 5 mois par an, ce n’est plus suffisant. Il faudrait faire tourner nos sites de montagne au moins dix mois par an, voire à l’année. Grâce à sa position géographique, Chamrousse qui est à moins de trente minutes de Grenoble, peut proposer des activités à l’année à notre clientèle, non seulement en produit ski mais aussi en produit estival ou aussi en intersaison avec le tourisme d’affaires. Il faut absolument se diversifier à la fois pour une clientèle de proximité mais aussi notre clientèle de séjours. |
Pour aller plus loin :