
Entretien avec Elisabeth Toutut-Picard, adjointe au maire de Toulouse en charge du développement durable.
Fin 2014 s’ouvrira l’atelier solidaire du quartier d’Empalot à Toulouse. De quoi s’agit-il ?
L’atelier solidaire d’Empalot, c’est un concept novateur, qui forme les habitants à être les acteurs de la rénovation et d’un usage économe et durable de leur logement. Dans un espace commun ouvert - un logement social situé au cœur de cette Zone Urbaine Sensible (ZUS)1 et aménagé en « appartement éco-citoyen » - les habitants du quartier pourront bénéficier d’une information/sensibilisation sur le bon usage des appareils électriques, les éco-gestes, les économies d’énergie et d’eau et le tri sélectif des déchets, mais aussi de formations sur les petits travaux pour embellir son logement, rénover des meubles, d’échanges de savoir-faire ou de services en matière de bricolage. Dans l’esprit des épiceries sociales et solidaires, il leur sera aussi possible d’emprunter ou de louer des outils, d’accéder plus facilement aux matériaux de bricolage. Les personnes les plus vulnérables bénéficieront d’un accompagnement à domicile et d’une aide dans la réalisation de petits travaux de bricolage. Au-delà de la réappropriation des logements par les habitants, l’atelier solidaire vise à créer du lien social et à favoriser l’implication des habitants dans la vie du quartier. A travers l’expérimentation menée sur ce quartier en pleine rénovation, Toulouse Métropole et la Ville souhaitent valider le modèle pour démultiplier le concept de l’atelier solidaire à l’échelle de la communauté urbaine, et éventuellement dans d’autres villes.
Les deux idées phare du projet sont co-construction et appropriation. Pourquoi ?
A l’origine, Toulouse avait adhéré à une idée proposée par EDF Collectivités, qui était d’engager une réflexion commune autour du développement d’un « démonstrateur social ». Le projet s’est enrichi des contributions des partenaires locaux et nationaux qui s’y sont progressivement associés, dont le bailleur social Habitat Toulouse, la Caisse d’Allocations Familiales de Haute-Garonne à travers le centre social d’Empalot, l’équipe précarité énergétique d’EDF R&D, l’Espace Info Energie de Toulouse, Leroy-Merlin, sans oublier les associations de quartier. Dès la première présentation du concept à la commission environnement du quartier d’Empalot, les habitantes présentes ont immédiatement adhéré au projet, ont fait part de leur désir de s’y impliquer et ont commencé à apporter leurs idées. Dans les mois qui ont suivi, elles se sont mobilisées pour faire connaître l’atelier solidaire dans le quartier et susciter les adhésions, faciliter les visites organisées dans les logements pour bien identifier les besoins, en un mot co-construire le projet avec nous. Il est très frappant de constater que ce sont pour la plupart des femmes qui ont fait de l’atelier solidaire « leur » projet. Elles y ont consacré beaucoup de temps et d’investissement depuis un an. Pour elles, l’atelier solidaire est un engagement très concret dans l’objectif d’améliorer le quotidien et l’avenir de leurs familles. Elles disent avoir hâte de voir son ouverture.
Comment situez vous l’atelier solidaire par rapport à la politique de développement durable menée par Toulouse ?
Ce projet s’inscrit doublement dans notre Plan Climat Energie Territorial 2012-2020. La réduction des consommations d’énergie est un objectif que nous essayons de décliner sous différentes formes et à l’échelle de la collectivité. Le deuxième axe est la réduction de la précarité énergétique et sa prévention. C’est bien la raison pour laquelle nous avons décidé de mener l’expérimentation sur un territoire prioritaire pour notre collectivité territoriale, où cette problématique est sensible. A ce titre, le projet correspond aussi aux objectifs de la Politique de la Ville. Il est également important de souligner qu’une des idées force du concept est qu’il puisse gagner en autonomie financière, notamment avec la location de matériels. Globalement, le concept d’atelier solidaire est en phase avec les trois « P »2 du développement durable : la dimension environnementale, la dimension sociale et la dimension économique.
Comment voyez-vous son avenir ?
Lorsque le projet a été présenté devant l’ensemble des représentants des 37 municipalités de la communauté urbaine pour validation, nous avons eu de nombreux retours positifs et très intéressés par une réplication de la démarche. Toute la communauté urbaine est dans l’attente des résultats de l’expérimentation. Dès que nous avons commencé à travailler sur le projet, j’ai demandé que soit identifié le nombre de familles en situation de précarité énergétique ou présentant des problèmes de solvabilité pour le paiement des loyers afin de connaitre l’impact de l’expérimentation à travers des évaluations quantifiées. Dans le cadre d’une convention signée en juin 2014, EDF Collectivités va accompagner, avec les différents partenaires, l’atelier solidaire d’Empalot, notamment par une participation aux coûts de mise en place de ce premier atelier solidaire, à son animation et et au suivi de ce dispositif. L’idée de Toulouse Métropole et de la Ville serait qu’en contribuant progressivement à son équilibre économique, l’atelier solidaire d’Empalot pourrait « libérer » une partie des aides et subventions, que nous pourrions alors réinvestir dans le démarrage d’un nouvel atelier solidaire sur une autre commune.
1 Le quartier d’Empalot à Toulouse en quelques chiffres:
- population de la Zone Urbaine Sensible (ZUS) : 5 909 habitants
- superficie : 41 ha
- part des logements HLM : 86,4 %
- part de la population à bas revenu : 34,8 %
2 « People, planet, profit » sont les trois « P », les trois piliers du développement durable.
Vidéo réalisée par EDF R&D pour la présentation de l’Atelier solidaire d’Empalot aux 9ème journées nationales de l’IRDSU
