
Acteur majeur de la stratégie nationale bas carbone, le secteur du bâtiment doit adapter ses pratiques pour combiner performance énergétique et réduction des émissions de CO2. En promouvant la chaleur d’origine électrique ou renouvelable dans les projets de rénovation et de construction neuve, le groupe EDF contribue à cet objectif.
L’objectif assigné à ce secteur est de réduire ses émissions de 87 % entre 2012 et 2050. Une trajectoire particulièrement ambitieuse. « À l’échelle du parc résidentiel, neuf et existant, il nous faut diviser par dix les émissions moyennes de CO2 par mètre carré et par an pour arriver à 3 kilogrammes de CO2 par mètre carré et par an à l’usage. Or, les logements neufs construits sur la base de la RT 2012 ont encore une émission moyenne deux fois supérieure à l’objectif de 2050. Actuellement, dans le neuf, seuls les logements chauffés à l’électricité, à certains réseaux de chaleur ou au bois, ainsi que ceux étant associés à un bâti très performant permettent de l’atteindre! » explique Nathalie Mougeot, chef de département développement commercial et prescriptions chez EDF Collectivités. Déjà conséquent, l’effort demandé aux acteurs du bâtiment pourrait le devenir encore davantage…
En effet, la stratégie nationale bas carbone est en cours de révision et les textes réglementaires sont en cours de rédaction pour prendre en compte l’objectif ambitieux de neutralité carbone, formulé dans l’accord de Paris: à l’horizon 2050, toutes les émissions de CO2 devront être compensées par le carbone absorbé par les écosystèmes (forêts…).
Remplacement des énergies fossiles
Quelles sont les solutions disponibles pour décarboner le bâtiment et répondre aux attentes des pouvoirs publics ? L’amélioration de l’efficacité énergétique est l’une d’entre elles. De nombreuses collectivités ont ainsi initié des projets associant rénovation de l’enveloppe des bâtiments, remplacement des équipements de chauffage/climatisation et installation de systèmes de pilotage intelligent des consommations. En période de restrictions sur les dépenses publiques, ce type d’opération apporte des gains bienvenus sur la facture énergétique. « Pour autant, l’efficacité énergétique et les économies d’énergie ne peuvent constituer la seule réponse à la problématique carbone du bâtiment, souligne Laurent Grignon-Massé, à la direction développement, clients et services du pôle clients, services et action régionale d’EDF. Car, même avec les meilleurs standards actuels, le fait de recourir aux énergies fossiles conduit à des émissions très supérieures aux objectifs. »En France, le gaz naturel, le fioul et le GPL occupent une grande place dans l’alimentation des systèmes de chauffage domestique. À eux trois, ils concernent 15 à 16 millions de logements sur les 28 millions de résidences principales. Pourtant, leur substitution par des énergies peu ou pas carbonées est possible, sans perdre en confort ni en maîtrise des consommations.
« Le bois, les pompes à chaleur (PAC) ou les réseaux de chaleur renouvelable, lorsqu’ils sont disponibles, sont des solutions envisageables. En prélevant la chaleur de l’air, de l’eau ou du sol, qui est aussi une énergie renouvelable, pour la restituer à l’intérieur d’un bâtiment, une pompe à chaleur produit en moyenne 4 kWh de chaleur pour seulement 1 kWh d’électricité consommée. Une formule gagnante au plan budgétaire, mais aussi au plan carbone ! » explique Laurent Grignon-Massé.
Lorsqu’ils sont associés à des niveaux d’isolation performants, les radiateurs électriques sont également des solutions performantes économiquement et environnementalement.
Des progrès importants ont été réalisés et les appareils de dernière génération offrent une performance et un confort sans commune mesure avec leurs prédécesseurs. Programmables, ils peuvent aussi détecter la présence des habitants ou l’ouverture des fenêtres pour adapter leur fonctionnement. « Et, du fait de leur capacité à stocker de la chaleur sur quelques heures et à être pilotés à distance, ils pourront contribuer à la gestion des pics de demande », complète Chantal Degand, directrice adjointe département solutions innovantes bas carbone chez EDF.
Priorité aux ressources locales
Si les moyens existent pour en finir avec les bâtiments fortement émetteurs de carbone d’un point de vue technique, la RT 2012 constitue un facteur pénalisant. De fait, elle favorise l’usage du gaz pour la production d’eau chaude et de chauffage (voir encadré). Une situation qui devrait être corrigée par l’introduction, dans la réglementation environnementale (RE) 2020, d’un seuil d’émissions carbone propre, et ainsi inscrire le secteur du bâtiment dans une dynamique nouvelle. En attendant, les acteurs concernés ne sont pas sans leviers. « Pour une collectivité souhaitant traduire en actions concrètes les objectifs nationaux, la première chose à faire est d’établir un bilan sur la situation de son territoire en matière d’émissions carbone, de consommations énergétiques, d’énergies renouvelables et de récupération », confie Chantal Degand. Sur ces deux volets, le groupe EDF propose un accompagnement sous forme de diagnostic de performance. À titre d’exemple, Netseenergy, filiale d’EDF, réalise, à la demande d’une collectivité ou d’une entreprise, des cartographies patrimoniales afin d’identifier les bâtiments dont la rénovation fait figure de priorité.Une fois les projets à mettre en œuvre ciblés, reste à identifier la meilleure option pour alimenter les bâtiments en énergie. Le groupe EDF est ici encore en mesure d’apporter des solutions aux collectivités. « Notre approche consiste à rechercher le meilleur compromis sur la base des ressources locales et du potentiel d’autoconsommation. Prenons le cas d’un bâtiment situé à proximité d’un réseau de chaleur, permettant de valoriser la géothermie ou bien l’énergie fatale issue d’un procédé industriel: dans la mesure du possible, nous aiderons le client à bénéficier de cette solution vertueuse », précise Nathalie Mougeot.
RÉPARTITION DES ÉMISSIONS DE CO2 PAR ÉNERGIE EN FRANCE, DANS LE SECTEUR RÉSIDENTIEL
DES ATTENTES FORTES EN MATIÈRE RÉGLEMENTAIRE La réglementation thermique (RT 2012) limite la consommation d’énergie primaire des bâtiments neufs (chauffage, eau chaude, éclairage, climatisation) à un maximum de 50 kWh/m2 /an. Ce dispositif valorise davantage le gaz, car il ne prend en compte ni les énergies renouvelables consommées, ni les coûts assuméspar les occupants, ni les émissions de carbone. La prochaine réglementation (RE 2020) intégrera, quant à elle, les préoccupations environnementales en valorisant, par exemple, le recours aux énergies renouvelables. Elle devrait ainsi contribuer à réorienter la tendance vers des bâtiments bas carbone. |

Engagement sur les gains effectifs
Dans le domaine de la construction neuve, il existe le label E+ C- (voir encadré) dont la vocation est d’ouvrir la voie à la généralisation des bâtiments bas carbone. « À partir des études de notre R&D, nous développons des outils d’aide à la décision et nous démontrons qu’il est possible de construire bas carbone, avec des coûts d’installation et d’exploitation maîtrisés. Ceci, afin d’anticiper les prochaines évolutions réglementaires, mais surtout de répondre aux enjeux environnementaux ainsi qu’aux besoins des futurs occupants », indique Laurent Grignon-Massé. Le domaine d’intervention du groupe EDF s’étend également à l’exploitation de systèmes énergétiques performants (pompes à chaleur, robinets thermostatiques intelligents, etc.). Ainsi, les solutions mises en place par Optimal Solutions, filiale de Dalkia, dans le cadre de la rénovation énergétique de 100 écoles de la Ville de Paris, ont abouti à une baisse effective de 30 % des consommations énergétiques et des émissions de CO2. Ces résultats, favorisés par le déploiement d’actions de sensibilisation auprès des occupants, sont garantis contractuellement sur vingt ans.“Une fois le contexte législatif et réglementaire stabilisé, les collectivités devront définir des objectifs au niveau de leur territoire. Les enjeux ? Exprimer une vision de l’équation efficacité énergétique/valorisation des énergies renouvelables locales/baisse des émissions de CO2, à des coûts maîtrisés, pour les solutions de construction et d’exploitation.”
Chantal DegandDirectrice adjointe département solutions innovantes bas carbone à la direction développement clients et services d’EDF
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