
Plus grand chantier hydroélectrique en France et deuxième en Europe, le projet Romanche-Gavet est mené dans le respect de son environnement naturel et humain. L’amélioration de la sûreté, la dynamisation de l’économie locale et la préservation de la biodiversité sont au cœur des priorités.
Super’Hydro: c’est le nom du programme d’investissement lancé par EDF en 2007 pour moderniser ses aménagements hydroélectriques et, ainsi, optimiser leurs performances, leur disponibilité et leur sûreté. C’est dans ce cadre que s’inscrit le projet Romanche-Gavet (Isère).
« Dans les années 90, nous envisagions de rénover les six centrales et les cinq barrages implantés sur la vallée, qui commençaient à accuser le poids des années, explique Céline Barbiero, pilote du projet Romanche-Gavet chez EDF. Nous avons finalement choisi une option plus ambitieuse en vue de faire progresser la production d’énergie renouvelable de l’ordre de 35 %. »
Essentiellement souterraine – ce qui permet de mener les travaux de construction tout en continuant à exploiter les équipements existants –, la future centrale sera équipée de deux groupes de production et développera une puissance maximale de 92 MW. Grâce à une production annuelle estimée à 560 GWh elle pourra répondre à la demande d’électricité de 230000 foyers – soit la moitié de l’agglomération grenobloise.
Plus puissant que les six anciennes centrales, l’aménagement apportera également un supplément de sécurité aux usagers (touristes, pêcheurs) de la Romanche. En cas d’augmentation du débit entre le barrage et la centrale, la mise en place de dissipateurs d’énergie et la possibilité d’ouvrir les vannes par palier donneront le temps nécessaire pour informer les personnes potentiellement concernées par la montée des eaux.

Une étape symbolique a été franchie en décembre 2017 avec la fin du percement de la galerie d’amenée, aussi longue que le tunnel du Mont-Blanc. Elle raccordera le barrage de Livet à la future centrale hydroélectrique. ©Christophe Huret
La biodiversité, objet de toutes les attentions Le démantèlement des cinq barrages construits sur la Romanche, avec la passe à poissons réalisée sur le nouveau barrage de Livet, offre l’occasion de rétablir la continuité piscicole sur plus de 20 km. Ces travaux permettront aux truites d’aller frayer en amont dans une zone propice et de pouvoir dévaler en toute sécurité. L’action engagée en faveur de la biodiversité prend aussi la forme d’une démarche de réhabilitation portant sur une surface de 57 hectares. Cette opération concerne deux sites (autour du pont de Gavet et sur l’île Falcon, à l’aval du chantier) et vise à compenser les 26 hectares impactés de manière temporaire par la construction du nouvel aménagement. Objectif: restaurer les espaces naturels de manière à rétablir et à entretenir une biodiversité riche sur une durée de quinze ans. |
Une prouesse technique
Initié en 2010, le chantier associe trois « théâtres » d’opérations, couvrant au total une dizaine de kilomètres. Le barrage de Livet, la galerie d’amenée souterraine qui relie le barrage à la centrale de Gavet, et la centrale elle-même ont été construits simultanément. « Avec la diversité des ouvrages à réaliser, nous avons dû recourir à plusieurs procédés de creusement. Une vraie prouesse technique, d’autant que la roche que nous avons rencontrée, extrêmement dure, entraîne l’usure prématurée des matériels », souligne Céline Barbiero. Pour creuser la caverne de la centrale, dont le volume équivaut à celui de la nef de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, les intervenants ont procédé à la pose de mines. Deux tunneliers ont été spécialement conçus afin de percer la galerie d’amenée de 10 km. Le puits de chute et la cheminée d’équilibre, organe essentiel pour réguler le débit d’acheminement de l’eau jusqu’à la centrale, feront appel à la technique du raise boring. Celle-ci a pour particularité de creuser du bas vers le haut avec une tête de forage de plusieurs mètres de diamètre. Lors des pics d’activité, 300 personnes étaient à l’œuvre sur le chantier. Beaucoup d’entre elles travaillaient pour le compte d’entreprises basées en Isère et, plus largement, en région Auvergne-Rhône-Alpes. EDF a demandé aux groupements d’entreprises en charge des principaux marchés de privilégier le savoir-faire local, mais aussi de réserver 5 % du temps de travail à des personnes en insertion sociale. En 2016, les retombées économiques pour le territoire représentaient 222000 heures de travail et 41 millions d’euros investis.

©Christophe Huret
Patrimoine et tourisme
Les bénéfices apportés par le projet Romanche-Gavet se conjuguent également au futur. Grâce au démantèlement des anciens aménagements hydroélectriques, la commune de Livet-et-Gavet disposera de terrains libérés pour initier de nouvelles activités. À l’échelle de la vallée de la Romanche, EDF et les acteurs publics concernés ont lancé un vaste projet de dynamisation, reposant sur la mise en valeur du patrimoine historique et sur le développement des loisirs et du tourisme. Parmi les actions déjà réalisées figurent la restauration de la centrale hydraulique des Vernes (classée aux Monuments historiques) ainsi que la revégétalisation des berges du barrage de Livet à partir d’espèces locales. Sur le chantier de construction, les travaux se poursuivent avec, en ligne de mire, l’objectif de produire les premiers mégawatts courant 2020 !
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